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Infections : de l’animal à l’Homme

Publié en ligne le 11 février 2022 - Covid-19 -
Introduction du dossier

Épidémies et pandémies ont marqué l’histoire de l’humanité depuis des millénaires. Si les chasseurs-cueilleurs du paléolithique semblent avoir souffert de maladies infectieuses [1], l’apparition des épidémies daterait du néolithique (entre 9 000 ans et 3 000 ans avant notre ère), avec l’avènement de sociétés sédentaires, la domestication des animaux et l’agriculture [2]. La cause en est la densité croissante de population et une plus grande proximité entre l’Homme et de possibles réservoirs animaux. Dès lors, de nombreuses épidémies ont régulièrement ravagé les populations humaines, depuis les « pestes » qui frappèrent l’Empire romain jusqu’à la Covid-19 du XXIe siècle (voir l’article de Daniel Marc, Épidémies et pandémies : une longue histoire).

Environ 330 maladies infectieuses nouvelles seraient apparues entre 1940 et 2004 et près des deux tiers d’entre elles proviendraient de la faune 1 (sauvage dans 70 % des cas et domestique dans 30 % des cas), les autres étant une réémergence de maladies oubliées [3]. Les modalités de transmission d’un agent infectieux de l’animal à l’Homme ne sont pas toujours faciles à identifier. Le « saut de la barrière des espèces » peut se faire directement ou via un autre animal, vecteur de l’infection. Dans ce processus, il convient de s’interroger sur l’implication que peuvent avoir différents facteurs tels que la consommation ou la proximité d’animaux sauvages ou l’élevage (voir l’article de Daniel Marc, Épidémies : de l’animal à l’Homme).

Dans le cas de la Covid-19, l’origine du virus et les circonstances de son adaptation à l’Homme sont encore discutées. La thèse la plus communément admise est celle d’une infection à partir d’un virus de chauve-souris qui serait passé à l’Homme par un possible animal intermédiaire, non identifié à ce jour. Si un virus « échappé d’un laboratoire » est aussi évoqué dans la communauté scientifique, ce n’est pas à ce jour l’hypothèse privilégiée (pour un recensement des arguments invoqués, on se reportera à [4]). Il est par ailleurs possible que la preuve définitive ne soit jamais apportée, faute d’une enquête approfondie.

Identifier les circonstances et les modalités par lesquelles le virus s’est propagé chez l’Homme peut permettre d’adopter des mesures ou des réglementations visant à réduire le risque de nouvelles pandémies et limiter les conséquences sanitaires et économiques associées. La recherche de possibles réservoirs animaux est ainsi d’une importance capitale. En effet, toute stratégie d’éradication du virus, ou simplement de contrôle de sa circulation, pourrait être mise en échec si elle passait à côté de l’existence d’un tel réservoir. L’exemple de la fièvre jaune illustre cette problématique : malgré la disponibilité d’un vaccin très efficace, qui confère une protection à vie sans nécessité de rappel, et face à un virus qui n’a pas de variants jusque-là, le moindre relâchement conduit à une flambée épidémique (le nombre de cas est évalué à 200 000 par an, avec 30 000 décès [5]) du fait de la présence d’un écosystème réservoir entre le singe et le moustique [6]. La question de ces possibles réservoirs se pose avec force pour le SARS-CoV-2 : des élevages de visons ont été abattus pour prévenir de nouvelles mutations et de nouvelles contaminations humaines (voir l’article de Jeanne Brugère-Picoux, Covid-19 : le risque d’un réservoir animal du SARS-CoV-2).

L’Académie vétérinaire de France et l’Académie nationale de médecine viennent justement de rendre public un rapport conjoint où elles examinent l’ensemble des données acquises sur les infections à SARS-CoV-2 de l’animal à l’Homme et de l’Homme à l’animal. Elles identifient les espèces à surveiller de façon active et discutent de possibles vaccinations d’animaux (voir de larges extraits du rapport bi-académique, Covid-19 et monde animal, d’une origine encore mystérieuse vers un futur toujours incertain).

Références


1 | « L’épidémie, héritage de la révolution néolithique », La Nutrition, 22 avril 2020. Sur lanutrition.fr
2 | Debré P, « Épidémies : leçons d’Histoire », Med Sci, 2020.
3 | Jones K et al., “Global trends in emerging infectious diseases”, Nature, 2008.
4 | Holmes et al., “The origins of SARS-CoV-2 : a critical review”, Cell, 2021.
5 | Institut Pasteur, « Fièvre jaune : histoire d’un virus ré-émergent », dossier, 2019. Sur pasteur.fr
6 | Baudon D, « L’éradication du SARS-CoV-2 est impossible… comme pour toutes les zoonoses infectieuses », Journal international de médecine, 3 juillet 2021. Sur jim.fr

Endémie, épidémie, pandémie


Ces termes sont des notions d’épidémiologie. L’épidémiologie est la science qui étudie la relation entre des agents pathogènes (virus ou bactéries) et les populations qu’ils infectent, dans le contexte de leur environnement. Les relations entre un agent pathogène et la population qu’il infecte peuvent se définir par la durée et l’étendue géographique de l’infection :

  • une infection qui reste localisée géographiquement mais qui est présente de façon permanente est appelée endémie. On parle alors de maladie endémique, comme le paludisme dans certaines régions du monde par exemple ;
  • une infection qui reste localisée géographiquement et sur une courte période de temps est définie comme une épidémie. C’est le cas par exemple de l’épidémie de grippe saisonnière en France qui apparaît uniquement pendant la période hivernale ;
  • une infection qui part d’une zone localisée puis s’étend au monde entier est définie comme une pandémie. Il peut y avoir des pandémies limitées dans le temps, ou des pandémies qui durent très longtemps (pandémie liée au VIH depuis plus de 30 ans par exemple).

Pour une maladie donnée, le passage d’un état endémique à épidémique, ou même pandémique, est possible s’il y a une rupture d’équilibre ou une importante modification dans l’environnement. Cela arrive par exemple quand la déforestation ou d’autres perturbations environnementales ou climatiques mettent l’Homme au contact de virus ou de bactéries qui existent à l’état endémique chez certains animaux du milieu. Le passage de l’espèce animale à l’espèce humaine peut alors transformer une endémie en épidémie (VIH, grippe aviaire, salmonellose, virus Ebola, etc.).

Source : site de l’Assurance maladie, ameli.fr

Zoonose


Une zoonose est une maladie infectieuse qui est passée de l’animal à l’Homme. Les agents pathogènes zoonotiques peuvent être d’origine bactérienne, virale ou parasitaire, ou peuvent impliquer des agents non conventionnels et se propager à l’Homme par contact direct ou par les aliments, l’eau ou l’environnement.

Source : site de l’OMS.

1 On parle alors de « zoonose ».