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L’épigénétique ou la nouvelle ère de l’hérédité

Publié en ligne le 19 juillet 2019
L’épigénétique ou la nouvelle ère de l’hérédité

Andràs Pàldi

Le Pommier, 2018, 182 pages, 10 €

Ce livre s’adresse plus à un public averti. Comme le titre l’indique, l’épigénétique est abordée sous l’angle de l’hérédité, suggérant les apports novateurs de celle-ci sur celle-là. Premier constat lorsque l’on parcourt le sommaire : plus de la moitié des pages sont consacrées à la génétique. L’épigénétique se définissant par rapport à la génétique, il peut paraître effectivement raisonnable de passer du temps à présenter cette dernière, depuis ses origines jusqu’à ses développements récents (l’ouvrage est une réédition d’un livre initialement paru en 2009, avec une mise à jour sous la forme de quelques pages intitulées « Dix ans après » qui concluent la partie « Perspectives »).

Le but de l’auteur, selon lequel « l’épigénétique est née en réaction aux difficultés rencontrées par la génétique moléculaire » (p. 15), est de souligner les limites, voire les insuffisances de la génétique en termes de pouvoir explicatif dans le domaine de l’hérédité, limites que l’épigénétique permettrait de dépasser. La communauté des généticiens « orthodoxes » est décrite comme relativement conservatrice et rétive au changement, s’appuyant sur certains dogmes qui auraient freiné l’épanouissement des concepts de l’épigénétique. Cette opposition entre génétique et épigénétique peut paraître parfois artificielle, le fruit d’un parti pris personnel de l’auteur, car nombre de découvertes dans le domaine de l’épigénétique sont le fait de généticiens. « Les chercheurs d’aujourd’hui nous livrent simplement… l’état de leur savoir », peut-on lire en quatrième de couverture. Simplement ? On peut ici émettre une réserve, certains des concepts et idées développés dans l’ouvrage n’étant pas toujours aisément assimilables par un public non initié. À titre d’exemple, le principe proposé par l’auteur de « bistabilité » des états de la chromatine [La chromatine, constituée d’une association d’ADN et de protéines, est la structure habituelle des gènes sur laquelle nombre de mécanismes épigénétiques agissent pour réguler leur activité.] (p. 144) qui conduit celui-ci à conclure, d’une façon qui peut paraître contre-intuitive, que « la dynamique chromatinienne est un gage de stabilité dans le temps » (p. 148).

Plutôt qu’un ouvrage de vulgarisation, ce livre s’apparente à un manifeste théorique destiné à ébranler certaines des certitudes de la génétique à l’usage de ceux qui ont un certain bagage dans le domaine.