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Électro-hypersensibilité : « Que Choisir ? » dénonce le jeu trouble des associations

Publié en ligne le 21 janvier 2015 - Ondes électromagnétiques -

Il nous arrive souvent de critiquer la complaisance et l’absence d’esprit critique avec laquelle les sujets environnementaux sont traités par la grande presse. La connaissance scientifique est largement ignorée et l’alarmisme est souvent de mise. Le sérieux du dernier dossier réalisé par Que Choisir ? mérite ainsi d’autant plus d’être souligné 1.

Sous le titre « Ondes électromagnétiques, le jeu trouble des associations », l’hebdomadaire de l’association de consommateurs constate qu’« alors que les études scientifiques rassurantes s’accumulent à propos de l’innocuité des ondes de téléphonie mobile et du Wi-Fi, des associations tiennent un discours alarmiste, au risque d’amener les pouvoirs publics à adopter des mesures de protection aussi coûteuses qu’inutiles ». Le magazine informe clairement ses lecteurs des différents avis unanimes des agences sanitaires. Il souligne au passage que la science ne peut jamais prouver l’inexistence de quelque chose, que « personne ne peut exclure, en effet, qu’une étude ne bouleverse un jour l’état tout à fait rassurant des connaissances actuelles ». Et regrette que cette incertitude inhérente à une démarche scientifique rigoureuse soit exploitée pour faire dire l’inverse de ce qui est établi par les agences sanitaires. Cela est fait au détriment des personnes souffrantes qui se déclarent électrosensibles. Ainsi, le journaliste du magazine passe au crible de la connaissance scientifique les principaux arguments avancés par les associations 2.

Poursuivant son enquête, Que Choisir ? souligne les conflits d’intérêts d’un certain nombre de ceux qui se proclament défenseurs des électrosensibles. Ainsi, André Bonnin, membre fondateur de Robin des toits, est également créateur d’une structure nommée CQFD qui vend des mesures d’exposition aux champs électromagnétiques. Michèle Rivasi, députée Europe Écologie, en tant qu’élue affirme « l’existence de dangers et se bat pour la création de zones blanches » et réclame la réalisation de mesures d’exposition « indépendantes » de celles réalisées par les organismes acrédités 3. Et Michèle Rivasi est vice-présidente de l’association dénommée Criirem (Centre de recherche et d’information indépendant sur les rayonnements électromagnétiques), qui propose de telles mesures... au prix de 1 150 € par antenne-relais.

Constatant que de nombreux scientifiques refusent désormais de discuter des antennes-relais ou du Wi-Fi avec les associations, le magazine avance une explication : le manque de sérieux scientifique de leurs interlocuteurs. Ainsi est rappelé le cas de Marc Filterman, membre du conseil scientifique du Criirem et représentant de cette association auprès de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), qui défend, entre autres, les thèses suivantes : « Ebola et le HIV sont des virus créés par des services secrets pour freiner la démographie de l’Afrique ; le tsunami de 2004 en Asie a été provoqué par l’explosion d’une étoile ; le lobby franc-maçon a participé au sabordage de 50 navires chargés de déchets radioactifs en Méditerranée ; les anticyclones sont sous contrôle des Américains, qui ont provoqué des pluies diluviennes dans les pays qui s’opposaient à leur politique en Irak. » Ce qui, pour le moins, n’est pas du registre d’un « banal scientifique » comme le souligne le magazine.

Enfin, le journaliste termine en soulignant le climat de tension qui pèse dès lors que l’on cherche à informer sur le sujet : « des personnalités qui mettaient en doute la nocivité des antennes-relais ont reçu des lettres d’insultes et ont été attaquées sur Internet. Un chercheur ainsi que le président de la Fédération française des télécoms ont été menacés de mort ». Anne Perrin, présidente de l’AFIS, et André Aurengo, membre de son comité de parrainage, peuvent témoigner de ce climat. Ainsi, l’association Next-Up n’a de cesse de dénoncer le « négationnisme » de ces deux personnes 4, n’hésitant pas à qualifier le second de « Goebbels de l’industrie » 5, et demande « l’exclusion en tant que Membre titulaire de l’Académie de Médecine de André Henri Jean-Marie Philippe Antoine Aurengo ».

Sans surprise, la publication du dossier a entraîné de fortes réactions des associations. Dans une lettre à la rédaction du magazine, Robin des toits dénonce un article qui « rappelle singulièrement les propos des industriels du sans-fil » et s’interroge pour savoir si « l’UFC Que Choisir souhaite [...] vraiment participer à la séquence 4 de la typologie des scandales sanitaires : la fabrique du doute ? ». En réponse à une lettre d’une autre association (Priartem) 6, Alain Bazot, le président de l’UFC, soutient son journaliste et indique que le dossier publié « repose sur une enquête de près de trois mois, ayant donné lieu à l’examen de plusieurs dizaines de publications, à des échanges avec plus d’une vingtaine de personnes se pensant électrosensibles, à des entretiens avec des scientifiques de renommée internationale, experts reconnus par l’Agence nationale de sécurité sanitaire, de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses). Il comporte un lien qui renvoie vers un exposé minutieux, sur notre site web, des données scientifiques sur lesquels s’appuie l’auteur ». Il rappelle la continuité de l’analyse du sujet par l’association et termine en soulignant que « si nouveauté il y a, c’est dans le fait d’attirer l’attention de nos quelques 350.000 abonnés sur les risques de psychose générée par la peur des ondes. Cette psychose est réelle et devient préoccupante. L’auteur de cet article a rencontré dans le cadre de son enquête des patients qui se détournent aujourd’hui de la médecine officielle au péril de leur santé, car ils attribuent aux wifi ou aux antennes-relais la responsabilité de souffrances réelles, mais à l’étiologie inconnue. »

Bref, un dossier de Que Choisir ? qui illustre ce que se doit d’être une véritable défense des consommateurs, défense qui se base sur des faits scientifiquement établis, en ne cédant ni à la rumeur, ni à l’alarmisme, ni aux pressions.

1 « Ondes électromagnétiques : le jeu trouble des associations », Que Choisir ? numéro 532, janvier 2015.

2 « Ondes électromagnétiques : l’argumentaire des associations passé au crible ». http://www.quechoisir.org/telecom-multimedia/decryptage-ondes-electromagnetiques-l-argumentaire-des-associations-passe-au-crible

5 Enlevé du site depuis, mais on en retrouve encore la trace sur Internet, par exemple : http://www.sharenews-blog.com:8090/helma/twoday/sharenews/stories/6026/ (indisponible—27 mai 2020)

6 http://www.priartem.fr/Nouvel-article,1241.html. Dans son commentaire sur la réponse de Que Choisir ?, l’association Priartem se fait menaçante, en des termes pour le moins surprenant : “Ceci signifie que non seulement l’association de consommateurs défend des thèses en opposition avec celles que nous défendons, mais aussi qu’elle est prête à utiliser ses moyens de presse pour nous discréditer. Nous envisageons tous les moyens de répondre à cette attaque en règle émanant d’une organisation que nous avons toujours respectée.”


Thème : Ondes électromagnétiques

Mots-clés : Ondes