Les cancers de la thyroïde en Polynésie française suite aux essais nucléaires

L’impact des essais nucléaires sur la santé des populations en Polynésie française est l’objet de polémiques. Nous avons déjà publié un article à ce sujet [1] ; les cancers de la thyroïde sont l’objet d’une attention particulière car ils sont relativement nombreux et que leur fréquence est fortement augmentée par l’exposition à l’iode-131 produit par les réactions de fission nucléaire. Une nouvelle étude de type cas témoin, dans laquelle un groupe de 395 personnes diagnostiquées entre 1983 et 2016 est comparé à 555 personnes non atteintes et de caractéristiques similaires, a été publiée [2]. Les doses reçues ont été estimées sur la base de mesures déclassifiées des retombées atmosphériques et de questionnaires sur les pratiques alimentaires. Les auteurs n’identifient pas de relation entre les doses estimées de radiation à la thyroïde et l’occurrence de ce cancer. Cela est expliqué par les doses reçues qui restent faibles, en moyenne de 5 milligray (mGy) et jusqu’à 36 mGy, ce qui ne permet pas de quantifier un effet de manière fiable.

Comme dans notre article précédemment cité, les auteurs appliquent aussi un modèle reconnu d’occurrence de cancer en fonction de l’exposition à la radioactivité et concluent que 2,3 % (intervalle de confiance à 95 % entre 0,6 et 7,7 %) des cancers de ce type en Polynésie française sont dus aux retombées des essais nucléaires, soit environ 29 cas pour l’ensemble de la population locale.

Cette étude confirme que les essais nucléaires ont eu un impact sur l’apparition des cancers en Polynésie française mais que, compte tenu des doses reçues, l’augmentation est faible et difficilement identifiable statistiquement. La grande majorité des cancers de la thyroïde dans cette population ne sont pas liés aux retombées des essais nucléaires. Dans l’article [1] nous indiquions que cette conclusion est aussi vraie pour l’ensemble des cancers.