Le GIEC urgence climat

Sylvestre Huet est un journaliste spécialisé dans les sujets scientifiques. Dans cet ouvrage, préfacé par le paléoclimatologue Jean Jouzel, l’auteur met à la portée de tous les 10 838 pages des rapports des trois groupes du Giec : le groupe 1 travaille sur les bases scientifiques du changement climatique, le groupe 2 sur la vulnérabilité et l’adaptation à ce changement, enfin le groupe 3 sur les solutions envisageables pour le limiter.

En avant-propos, S. Huet retrace l’évolution historique du concept de changement climatique et montre comment ce concept est passé du statut de thèse controversée à celui de fait établi. Cette évolution est le résultat de l’accumulation de connaissances découlant du travail collectif de plusieurs centaines de scientifiques, de toutes les nations, investis dans les six rapports successifs du Giec. Il y aborde également les origines de la constitution du Giec en 1988, dont les motivations initiales des décideurs politiques pourront surprendre. Enfin il décrit le fonctionnement rigoureux de l’évaluation des données scientifiques concernant le réchauffement climatique, qui aboutit à des conclusions nuancées où le degré de confiance dans les résultats est systématiquement accompagné de l’évaluation d’une marge d’incertitude.

Dans le corps de cet ouvrage, il nous propose d’appréhender l’essentiel du contenu des trois volets du dernier rapport du Giec. En conséquence, afin d’éviter toute distorsion et de travestir l’esprit de ce rapport, le choix a été fait de faire un recueil, sans modification stylistique, de nombreux extraits et de les accompagner de décryptages et explications pour en clarifier les propos. Ce recueil de constats inquiétants peut parfois donner une impression de redondance, mais elle est hélas le reflet d’une situation alarmante. La grande force de cette partie réside dans la pédagogie mise en œuvre, notamment par l’usage de nombreuses fiches infographiques synthétiques de grande qualité, qui permettent de rendre compréhensible pour tout un chacun un sujet hautement technique d’un point de vue scientifique.

Le chapitre de conclusion donne les raisons qui justifient l’adhésion aux synthèses du Giec, non par un autoritarisme quelconque ou un vote démocratique, mais par sa méthode de compilation des études et de leur analyse critique qui pousse une communauté d’experts à adopter une position commune.

Ainsi cet ouvrage montre comment le Giec a su faire émerger progressivement une vision rigoureuse de l’état actuel du monde qui fait consensus dans le monde scientifique. Sa mission n’est pas de décider du choix des actions concrètes à mettre en place. Celui-ci se fonde sur de nombreux autres paramètres (économiques, sociaux, politiques et géopolitiques). Il incombe aux pouvoirs publics et en fin de compte aux citoyens de prendre les décisions, et la lecture de ce livre apporte un éclairage utile dans ce processus.