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Comment les scientifiques savent... ?

Publié en ligne le 2 mai 2024
Comment les scientifiques savent... ?
Collectif (textes), Claire Marc (dessins), préface de Nicolas Arnaud
Éditions du CNRS, 2023, 72 pages, 14 €

Cet ouvrage grand public, rédigé par des chercheurs en géophysique, géologie et astrophysique, présente dix questions scientifiques (Comment les scientifiques savent que les trous noirs existent, que les continents dérivent, quel âge a la Terre...) dans les domaines des sciences de la Terre et de l’Univers.

La particularité de ce livre, agréablement mis en page, est de présenter au lecteur, sur des sujets choisis, la démarche scientifique qui a permis de produire des faits établis ou de tendre vers un consensus solide.

Mais les auteurs se sont également attachés à décrire ces problématiques, dont certaines datent de l’Antiquité – l’âge du soleil par exemple –, sous l’angle de l’histoire des sciences et de l’épistémologie. Hypothèses, parfois cocasses compte tenu des connaissances actuelles, courants de pensée, querelles de savants sont retracés et illustrent souvent le long chemin qui mène à la connaissance.

On peut citer, quelques siècles avant notre ère, l’idée selon laquelle le Soleil était « une boule de métal incandescente, plus grande que le Péloponnèse », sans oublier les références religieuses à l’âge de la Terre – 6 000 ans – ou encore « l’expression de la colère divine à l’origine des séismes ».

La controverse sur les causes de la dérive des continents (une idée considérée sérieusement seulement à partir de 1915) illustre le sexisme de la communauté scientifique de l’époque : les travaux de l’océanographe et cartographe Marie Tharp, à qui l’on doit les premières cartes de la bathymétrie des océans à l’échelle du globe et qui permettaient justement de faire le lien avec la théorie de la dérive des continents, ont été qualifiés de « causerie de femme » et « d’hérésie scientifique », mais Bruce C. Heezen (1924-1977), à l’origine de ces commentaires peu flatteurs, se ralliera tout de même à cette interprétation dès 1953. Différents travaux, hypothèses (notamment celle du géophysicien Harry Hess sur le mouvement du manteau terrestre) et recherches ont par la suite donné naissance à la théorie de la tectonique des plaques : la surface de la Terre est découpée en plaques rigides, qui bougent les unes par rapport aux autres et se déforment au niveau de leurs bordures, faisant dériver les continents.

Il faut donc saluer ici la place donnée aux grandes scientifiques. Outre les travaux de Marie Tharp, ceux des astronomes Henriette Swann Leavitt et Vera Rubin ou encore de l’astrophysicienne Margaret Burbidge, dont les noms et l’apport aux grandes découvertes ont été parfois injustement – et parfois sciemment – oubliés, sont également cités.

En conclusion, cet ouvrage didactique, à l’apparence quelque peu trompeuse d’un livre destiné exclusivement à la jeunesse, offre une plongée passionnante dans les méandres du cheminement scientifique sur des thématiques liées à notre planète, à l’Univers et, au fond, à nos origines. À ce titre, jeunes et moins jeunes trouveront matière à découvertes ou à un rappel bienvenu de leurs connaissances.


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Auteur de la note

Gabriel Buche

Gabriel Buche est ingénieur au sein du GIPSA-lab (UMR (…)

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