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L’épigénétique

Publié en ligne le 22 janvier 2024 - Vulgarisation scientifique -

L’épigénétique est « le domaine le plus passionnant de la biologie aujourd’hui  », une « science fascinante » à la base d’une « nouvelle hérédité »  ; « en moins de dix ans, la révolution épigénétique a bouleversé la biologie », c’est « une des révolutions scientifiques les plus importantes de ces cinquante dernières années… qui va changer votre vie ! ». Les superlatifs ne manquent guère pour qualifier cette discipline de la biologie qui, selon Wikipédia, « étudie la nature des mécanismes modifiant de manière réversible, transmissible (lors des divisions cellulaires) et adaptative l’expression des gènes sans en changer la séquence nucléotidique (ADN). »

Les ouvrages sur le sujet se sont multipliés l’an passé, avec des intentions et des qualités différentes. Quatre d’entre eux ont fait l’objet de notes de lecture.

Face à un domaine scientifique pour le moins ardu, deux comportements caractérisent ceux, plus ou moins spécialistes du domaine, qui veulent en rendre compte : soit prendre le temps de décrire avec objectivité et précaution l’état d’avancement d’une science en train de se faire, soit « brûler les étapes » en extrapolant de façon subjective et hâtive certaines données, les unes acquises au travers de l’étude expérimentale de divers modèles biologiques dont le caractère extrapolable à l’espèce humaine reste à prouver, les autres reposant sur l’interprétation parfois délicate de données épidémiologiques.

La première attitude est celle de L’épigénétique en images qui, au-delà du mode humoristique pour faire passer certaines idées complexes, rappelle les limites du pouvoir explicatif de l’épigénétique, même si, selon les arguments développés dans L’épigénétique ou la nouvelle ère de l’hérédité, l’épigénétique a permis de sortir du cadre devenu trop étroit de la génétique.

La seconde attitude est prégnante dans La révolution épigénétique (entretiens menés par Valérie Urman) , et surtout dans La symphonie du vivant (de Joël de Rosnay) où des données encore fragiles sont tenues pour acquises ou surinterprétées, certains faisant passer leur « ressenti » avant les « preuves », pour laisser libre cours à des extrapolations hardies, des analogies aventureuses, voire proposer de simples « recettes » de vie dont le lien supposé avec les découvertes de l’épigénétique apparaît pour le moins gratuit. Une part trop importante est ici donnée au spéculatif, à la « survente » des effets épigénétiques, qui l’emporte sur ce que le scientifique est véritablement autorisé à dire. La pente glissante du moindre effort intellectuel est préjudiciable à l’appréhension de résultats, certes souvent séduisants, d’un domaine de la biologie qui est loin d’avoir dit son dernier mot.

Voir également mon ouvrage, Quand l’épigénétique s’en mêle

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L' auteur

Christophe de la Roche Saint André

Christophe de La Roche Saint-André est docteur en biologie et chercheur au CNRS. Il est l’auteur de Quand (…)

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