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BIAIS COGNITIF EXPRESS

Des mots, des graphiques et des couleurs

Publié en ligne le 28 novembre 2023 - Esprit critique et zététique -

L’association « À seconde vue » vous propose d’expérimenter de manière interactive et ludique la démarche critique : douter, s’informer, décrypter. Une réflexion sur les mécanismes et les biais de raisonnement inhérents à la pensée humaine.

Nous vous suggérons de faire l’expérience ludique et interactive proposée en suivant le QR code ou le lien ci-dessous, avant de lire la suite.
www.asecondevue.fr/activites/expe10/accueil

Question de choix

Lors d’une présentation orale ou écrite, le répertoire à notre disposition est varié : nous pouvons utiliser des termes très spécifiques ou portant au contraire des significations multiples, des mots neutres ou riches émotionnellement, des analogies plus ou moins pertinentes. Choisir un mot ou une expression plutôt que d’autres ne porte pas systématiquement à conséquence et peut être un choix arbitraire, sans objectif particulier. C’est le plus souvent le cas dans notre quotidien, mais dans certaines situations les mots traduisent des opinions et orientent les processus de compréhension de l’interlocuteur. Par exemple, les expressions « cotisations sociales » et « charges sociales » se réfèrent à la même chose mais peuvent véhiculer des positions politiques différentes.

Les questions sur le choix des termes se posent de manière identique pour les informations graphiques. Si les graphiques peuvent aider à comprendre un phénomène, en s’appuyant sur les mécanismes perceptifs et cognitifs pour communiquer des éléments complexes ou abstraits, ils peuvent aussi induire en erreur, surtout si leur conception repose sur des choix esthétiques plutôt que sur la précision des données.

Justesse et neutralité des graphiques

On trouve dans les médias différents types de diagramme pour présenter des données chiffrées ; certains peuvent présenter des erreurs manifestes ou des libertés dans leurs constructions. Dans le cas de la courbe de variation des cas de Covid-19 affichée par Cnews en août 2020 (voir ci-dessous), le schéma propose une échelle horizontale non linéaire, avec des écarts variables entre les points, et l’échelle verticale n’est pas non plus juste. On peut aussi s’interroger sur les cinq nombres choisis pour décrire plusieurs mois d’évolution de l’épidémie. Si le titre et l’information sont effectivement justes, le graphique relève plus de choix esthétiques que d’une présentation rigoureuse des données.

Il peut ainsi être tentant de modifier les échelles d’un graphique pour appuyer une démonstration, comme de présenter des graphiques justes mais utilisant des codes couleurs peu habituels, voire trompeurs. Dans une carte, par exemple, le bleu est utilisé pour représenter les étendues d’eau et le vert pour des étendues de verdure ; le contraire serait perturbant. De même, une variation de valeurs est souvent représentée par un dégradé de couleurs, dans un ordre allant par exemple de valeurs dangereuses (rouge) à acceptables (vert). Le choix de codes couleur (comme dans l’activité proposée), comme tout autre choix de mise en forme, résulte de partis pris plus ou moins conscients, et peut avoir un impact sur le message communiqué et sur la compréhension de ce message par l’interlocuteur.

Publié dans le n° 345 de la revue


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L' auteur

À seconde vue

L’association « À seconde vue » vous propose d’expérimenter de manière interactive et ludique la démarche critique : (…)

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