Quarante ans de bioéthique en France

Le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) pour les sciences de la vie et la santé a été créé en 1983 par le président de la République, François Mitterrand. De nouvelles connaissances, des techno-logies toujours plus performantes apparaissaient et permettaient de mieux maîtriser la maladie. Face aux découvertes de la biologie et de la médecine, l’Homme devait s’interroger pour savoir s’il s’agissait de progrès ou d’instrumentalisation de l’humain. Les missions du CCNE ont été ajustées au cours du temps et leur dernière version est de 2021 : « donner des avis sur les problèmes éthiques et les questions de société soulevés par les progrès de la connaissance dans les domaines de la biologie, de la médecine et de la santé ou par les conséquences sur la santé des progrès de la connaissance dans tout autre domaine ». Si dans un premier temps les questions autour de la fin de vie et du statut de l’embryon étaient prédominantes, d’autres thèmes ont été progressivement ajoutés, allant de la génétique à la biodiversité.

Ce livre destiné au grand public est un ouvrage à consulter au gré de ses envies. Le lecteur pourra même commencer par les annexes qui présentent la liste des plus de 150 avis du CCNE, et celle de ses 279 membres depuis 40 ans. Tous les dix ans, le CCNE publie un ouvrage sur son fonctionnement. Dans celui-ci, 31 contributeurs prestigieux ont contribué ; il comprend quatorze chapitres regroupés en six parties : « Pourquoi le président de la République a-t-il créé le CCNE en 1983 ? », « Le CCNE : organisation et place dans l’écosystème éthique “Une éthique dans la Cité” », « Quels principes éthiques, hier et aujourd’hui ? », « Deux thèmes permanents de la réflexion : génétique et numérique ? », « De l’éthique au droit », « Des questions éthiques pour demain ? »

Le chapitre sur les espaces de réflexion éthique régionaux (ERER) nous fait découvrir le maillage de représentants des régions. Les quinze ERER sont réunis dans une association, la Conférence nationale des ERER, qui a des liens réguliers avec le CCNE. Ainsi, les États généraux de la bioéthique en 2018 ont permis à 21 000 participants de collaborer à l’un des 271 événements organisés en trois mois et demi sur tout le territoire.

Le huitième chapitre est original avec des témoignages et échanges de membres du CCNE apparte-nant à des courants de pensée divers. À ce titre, vingt-cinq personnes ont représenté des obédiences religieuses (catholique, protestante, juive, musulmane) parmi lesquels huit clercs (prêtre, pasteur, rabbin). L’apport des principales familles philosophiques et spirituelles a enrichi la réflexion et aussi soulevé les incertitudes, les doutes.

Le CCNE est un espace de réflexion tourné vers l’avenir en abordant les technologies du numérique (avec le Comité national pilote d’éthique du numérique), les futurs de la procréation et de l’utérus, la pandémie Covid-19, et tous les aspects de la santé humaine liés à l’environnement. La consultation du site Internet (https://www.ccne-ethique.fr/fr) complète la lecture agréable et instructive du bilan des 40 ans du CCNE.