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Vaccin et lapines transgéniques

Publié en ligne le 13 octobre 2007 - Vaccination -

Des chercheurs de l’INRA et de la société Bioprotein Technologies ont mis au point un mode de production original pour un vaccin recombinant contre un virus responsable d’une grande partie des gastroentérites chez l’enfant, le rotavirus. Ce vaccin est produit par des lapines transgéniques, qui sécrètent les protéines recombinantes dans leur lait. Ce mode de production rapide et économique pourrait permettre, avec quelques centaines de lapines transgéniques, de produire plusieurs kilos de protéines recombinantes par an, nécessaires à la vaccination d’une grande partie des enfants à risque. Le détail de ces résultats est publié dans le dernier numéro de Transgenic Research.

Le rotavirus est la principale cause des gastroentérites virales chez les jeunes enfants, et provoque 500 000 décès par an dans le monde, notamment dans les pays en développement. Un vaccin, préparé à partir du virus vivant atténué, était disponible mais a été retiré du marché il y a quelques années car il était associé à des risques d’invagination de l’intestin, dont on ignore la cause. Deux autres vaccins basés sur le même principe sont en cours d’essais cliniques mais ils peuvent présenter le même type de risque.

Les chercheurs se sont donc orientés vers une piste différente déjà validée par des laboratoires de l’INRA qui consiste à développer un vaccin recombinant. En effet, ce type de vaccin est conçu non pas à partir du virus atténué, mais en séparant les protéines induisant la réponse immunitaire (antigènes) du reste du virus et n’utilisant que ces antigènes comme vaccin. Ils ont choisi deux protéines virales de surface qui, coexprimées, forment in vitro un complexe imitant la structure de la capside du virus. Ce complexe protéique, qui est totalement dépourvu de pouvoir infectieux, s’est montré efficace sur différents modèles animaux pour immuniser contre le virus entier. Par contre, les moyens pour synthétiser ces protéines à grande échelle sont limités, coûtent très cher et ne sont pas compatibles avec un développement industriel.

Les chercheurs de Bioprotein Technologies et de l’INRA, ont développé un animal transgénique capable de synthétiser ces protéines. En modifiant le génome de lapines, ils ont pu leur faire secréter les protéines virales recombinantes dans leur lait.

Les protéines ainsi produites ont été testées sur des modèles de souris. Après vaccination, les souris sont protégées contre l’infection par le virus.

La production de protéines pharmaceutiques dans le lait permet d’obtenir rapidement, en grande quantité et à coût réduit des protéines recombinantes.

La première protéine pharmaceutique ainsi produite est l’antithrombine humaine III, dans le lait de chèvres transgéniques par Genzyme Transgenic Corporation (USA). Cette protéine a déjà fait l’objet de différentes phases d’essais cliniques et elle est soumise à la procédure conduisant à une mise sur le marché. D’autres protéines sont en cours d’essais cliniques avancés. C’est notamment le cas pour l’inhibiteur C1 humain préparé par Pharming Tecnologies BV (Hollande) à partir du lait de lapine.

Source : Institut national de la recherche agronomique (INRA)


Thème : Vaccination

Mots-clés : OGM