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Le quotidien dans les étoiles

Publié en ligne le 17 novembre 2006 -
par Isabelle Burgun

Pourquoi devient-on astronome ? Passion d’enfant ou fruit d’une rencontre marquante ? François Wesemael a, lui, grandi à l’époque trépidante de la course à la Lune, entre 1961 et 1972 : « Une période privilégiée de l’histoire de l’humanité, celle où Lune et planètes ont cessé d’être des objets lointains et inaccessibles et sont devenues des mondes en voie d’exploration. Peut-on imaginer motivation plus forte que l’idée de participer à cette immense aventure ? », s’exclame le professeur de physique à l’université de Montréal et auteur du premier tome de la collection Profession des Presses de l’Université de Montréal, lancée l’an dernier.

Dans ce petit livret d’une soixantaine de pages, François Wesemael introduit le profane à la profession d’astronome. Après une courte « Entrée en matière » destinée à nous faire lever les yeux au ciel et à distinguer l’astronomie et l’astrophysique, il nous plonge au cœur du sujet avec « L’astronomie comme discipline scientifique ». Cette « science passive », qui fonde sa pratique sur l’observation plutôt que l’expérimentation, pourrait même être considérée comme un « luxe », n’apportant que peu de bénéfices immédiats. Elle possède toutefois un bilan impressionnant de quatre millénaires d’observations dont elle a fait bénéficier une foule d’activités humaines, de l’agriculture aux expéditions maritimes. Elle participe aussi au monde des idées, avec la remise en perspective de notre place dans l’Univers.

Dans le chapitre « L’astronomie d’hier à aujourd’hui » - sans doute le plus intéressant - l’auteur rappelle que l’œil humain est le seul instrument d’observations astronomiques durant des millénaires... jusqu’en 1609, date de la toute première lunette. L’astronomie entre alors dans une nouvelle ère. On ne peut donc que s’émerveiller de la précision des observations de planètes et d’étoiles réalisées par les astronomes, de la Babylone jusqu’à la Renaissance !

Enfin, si les multiples télescopes perfectionnés d’aujourd’hui jouent un grand rôle, l’astronomie se nourrit aussi d’autres récoltes : météorites, rayons cosmiques et jusqu’à la jeune astronomie neutrinique. « Les neutrinos sont des particules fondamentales qui sont produites lors des réactions de fusion nucléaire au centre des étoiles » explique l’auteur qui invite le lecteur à le suivre dans les récentes découvertes, telles la détection anticipée d’ondes gravitationnelles.

La fuite du temps rattrape cet homme de science comme elle le fait du commun des mortels : « le temps passé aux activités de recherche semble toujours désespérément trop court » ou encore « la denrée la plus rare dans nos départements est peut-être bien le temps : le temps de lire, de digérer et de réfléchir ; le temps d’élargir nos horizons, d’explorer de nouvelles pistes, d’approfondir de nouveaux thèmes ». Le livre se termine par quelques suggestions de lecture parmi lesquelles on retrouve avec bonheur Patience dans l’Azur (H. Reeves), Cosmos (C. Sagan) ou encore Une brève histoire du temps (S. Hawking). Et... « Pendant ce temps, la Voie lactée est en train de démembrer et d’avaler deux galaxies de taille modeste (...) un processus baptisé avec humour “cannibalisme galactique” ».

Profession "Astronome", les Presses de l’Université de Montréal, 2006, 67 pages, 9, 95$.


Mots-clés : Astronomie


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