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Fleurs de Bach : une action avérée sur l’esprit critique

Publié en ligne le 26 juillet 2006 - Esprit critique et zététique -
par Richard Monvoisin - SPS n° 273, juillet-août 2006

En quelques années, les Élixirs Floraux de Bach (EFB) sont devenus des incontournables de la pharmacopée dite « complémentaire ». Entre naturopathie et homéopathie, ces macérations alcooliques de plantes sont proposées à la vente en tant que pharmacopée « alternative » et complément de bien-être dans les pharmacies, mais également dans les magasins diététiques ou distribuant des produits dits bio. Ces Élixirs, appelés parfois simplement Fleurs de Bach ou Remèdes de Bach, représentent un potentiel économique indéniable inversement corrélé à leur potentiel thérapeutique.

Le mythe fondateur

Un des lieux communs relatifs aux pseudo-médecines consiste en l’élaboration d’un mythe autour de la vie du fondateur. Les EFB ne dérogent pas à ce principe avec leur inventeur, Edward Bach, né en 1886 à Moseley, près de Birmingham en Angleterre. Bach, décrit comme un être bon, pur, d’une rare sensibilité et endossant une mission de salut public, cherche à élaborer une médecine d’un genre nouveau. Il obtient en 1912 un double diplôme au Royal College of Surgery et au Royal College of Physicians, puis le diplôme de médecin et de chirurgien de l’University College Hospital, et enfin celui de Santé Publique de Cambridge en 1914. Suite à une guérison prétendue miraculeuse, - il se rétablit d’un coma doublé d’une tumeur de la rate par sa seule opiniâtreté et ses forces spirituelles -, il commence à bâtir une interprétation spiritualo-somatique des maladies. En 1919, fasciné par l’homéopathie, il entre au London Homœopathic Hospital et se consacre à l’élaboration de ce qu’il appellera ensuite les sept nosodes de Bach, vaccins homéopathiques créés à partir d’excrétions et de secrétions infectées (fèces, urine, pus, sang, salive, liquide céphalo-rachidien, tissu d’organe nécrosé) administrés par voie buccale et destinés à purger les malades de l’un des sept groupes de germes intestinaux qu’il avait isolés 1. Progressivement, superposant les principes homéopathiques de Hahnemann 2 et ses nombreuses intuitions, Bach parvient, d’une façon narrée depuis comme illuminative 3, à l’édifice pseudomédical suivant : il reprend la subjective notion hahnemannienne de psore et croit y retrouver les pathologies bacillaires intestinales qu’il avait étudiées 4. Il se convainc alors qu’il existe une corrélation entre la personnalité de ses patients et les bactéries pathogènes qui se développent dans leurs intestins, et son adhésion à la pensée homéopathique l’amène, par analogie, à la conclusion suivante : c’est la personnalité qui fait la maladie.

Bach découpe sept couples d’états psychologiques « négatifs/positifs », (peur/courage, etc.) (tableau) dont il corrèle le pendant négatif avec une essence florale issue des végétaux de son bocage, ceci en vertu de deux raisons : primo, la sommité florale contiendrait les principes actifs de la plante et regorgerait de propriétés curatives, émanant de la Vis Medicæ, force vitale naturelle ; secundo, les pétales auraient des qualités énergétiques qui résonnent avec la sensibilité des gens, et par conséquent soigneraient, sur un plan énergétique ou éthéré, l’état psychique négatif correspondant. De façon très claire, l’objectif de Bach est de parvenir à prescrire des fleurs en se fiant uniquement au caractère de ses patients, sans avoir recours à l’identification des bactéries infectieuses.

Mû par la recherche de ces essences florales, Bach quitte Londres en 1930 pour s’installer au cœur du pays de Galles, dans le Norfolk, près de Cromer, et se consacrer à la matière médicale. Il distingue d’abord six essences florales, dont il publie les soi-disantes propriétés ainsi que la théorie qui les sous-tend dans son livre-phare « Heal Thyself - An Explanation of the Real Cause and Cure of Disease » 5 qui paraît à Londres en 1931. Puis il isole six autres simples qui, associés aux précédentes, formeront les célèbres douze guérisseurs : l’Impatiente, la Muscade, la Clématite, l’Olivier, la Vigne, l’Aigremoine, la Chicorée, la Centaurée, le Plumbago, la Gentiane, l’Hélianthème et l’Alène. Il complète sa gamme avec quatre aides contre les états persistants : Ajonc, Chêne, Bruyère et Eau de roche (cette dernière étant de l’eau de source).

Fin 1933, il crée un mélange, désormais célèbre sous le nom de Remède de Secours ou Rescue Remedy (RR) destiné aux personnes victimes d’un choc violent, quelle que soit la nature du traumatisme. En 1934, il part s’installer définitivement à Sotwell, petit village près de Wallingford à 15 km d’Oxford, dans une maison appelée Mount Vernon qui deviendra le Bach Center. Secondé principalement par Nora Gray Weeks, son assistante, qui sera récipiendaire testamentaire du lucratif centre, il isolera avant sa mort en novembre 1936 une panoplie de 38 essences florales, déclinées en élixirs et reliées chacune à un sous-état psychologique négatif (tableau) ; panoplie complète puisqu’il n’y avait plus rien à découvrir (sic) 6, à laquelle le Bach Center se consacrera entièrement, en produisant les teintures-mères des EFB selon les procédés d’origine, puis en les commercialisant selon des procédés qui dériveront lentement vers un monopole de fabrication, là où Bach espérait une « œuvre de guérison généreusement offerte à l’humanité » 7.

Fabrication des élixirs

Partant de l’idée pythagoricienne de corps aromal - le parfum exhalé par les fleurs serait la conséquence de l’évaporation de leur âme dans l’air -, Bach croit en l’idée, non fondée, que la fleur renferme la quintessence des vertus curatives de la plante. De là, il affirme que chaque goutte de rosée chauffée par le soleil contient toutes les propriétés curatives de la fleur sur laquelle elle s’est formée 8. Bach postule que la vertu de la plante pourrait être récupérée si ses sommités florales, cueillies juste avant la floraison dans un endroit sauvage, le plus pur possible et colonisé naturellement par les fleurs, sont déposées à la surface d’un récipient rempli d’eau et exposé au soleil jusqu’à décoloration des pétales. Il met progressivement au point deux méthodes d’extraction de la quintessence florale : la solarisation et l’ébullition. Pour la première, il conviendra de placer les sommités collectées dans un bol nécessairement en verre et peu épais à moitié rempli d’eau pure de source locale, puis de poser le bol au plus fort du soleil du plus fort de l’été, durant au minimum trois heures afin que le mélange reçoive suffisamment de lumière, « en évitant scrupuleusement de porter une ombre dessus » (sic) 9. Lorsque les fleurs commenceront à se décolorer, elles devront si possible être retirées avec une tige de la même fleur, et le macérât, désormais chargé des énergies des fleurs, sera filtré et recueilli dans un flacon de verre fumé puis dilué de moitié avec une eau de vie, l’alcool assurant la stabilisation de la préparation en stoppant les réactions enzymatiques et hydrolytiques (à l’origine un brandy, car produit de la vigne, elle-même EFB N 38, le Cognac est depuis couramment utilisé). Le mélange sera alors vigoureusement secoué pendant une durée précise variant de 30 sec à 2 min puis couvert avec un tissu pendant 48 h, pour parvenir à l’obtention d’une teinture-mère. La méthode par ébullition, préférée pour les brindilles ou les rameaux (noyer, mélèze, orme...) substitue au soleil une casserole émaillée remplie aux trois quarts de fleurs et d’eau minérale qu’on fera bouillir une demi-heure à 100°C, en remuant de préférence avec une tige de la plante. Puis, après avoir laissé refroidir, on procèdera exactement comme pour la solarisation. Il suffira alors de prendre un flacon de 30 cl, rempli du spiritueux choisi, et d’y verser entre deux et sept gouttes de la teinture-mère selon les auteurs : l’EFB 1re dilution est prêt. Plusieurs dilutions successives peuvent être réalisées sans altérer la prétention thérapeutique. Les solutions, alcooliques, devront de préférence être conservées dans des fûts de chêne - puisque le chêne est l’EFB N 8.

Les principes revendiqués évoquent ceux de l’homéopathie classique : succussion, ou dynamisation consistant à agiter le flacon afin que les molécules encore présentes ou le message qu’elles ont laissé dans la dilution amplifient leurs effets ; principe de similitude, selon lequel les propriétés d’une plante sont « signées » par ses caractères physiques externes ; principe de pathogénésie, qui consiste à recréer le symptôme de la maladie afin de lutter efficacement contre elle, et qui dérive du précédent ; enfin dilution : un élixir, tout comme une solution homéopathique, exerce d’autant plus d’effet que sa dilution est grande. Aux patients qui s’inquièteraient du peu de substance active dans le soluté est couramment délivré le message suivant : « Si la toxicité de la substance, même dangereuse en quantité pondérale, est totalement supprimée à la suite de son extrême dilution, on se trouve tout de même en présence d’un produit qui permet de stimuler le processus de guérison » 10.

Évaluation critique

Nous exposerons notre critique zététique en distinguant quatre plans : le plan philosophico-historique ; le plan conceptuel ; le plan épistémologique et expérimental ; enfin, les publications recevables.

Plan philosophico-historique

Le fondement philosophique de la doctrine de Bach emprunte à cinq sources fortement imbriquées, qui nécessiteraient des descriptions plus approfondies que celles que nous livrons.

Le dogme hippocratique

La conception de la santé chez Bach est inspirée de l’interprétation fluidique d’Hippocrate. Au même titre que, pour le médecin antique, seule la cuisson des quatre humeurs vitales en des proportions harmonieuses pouvaient assurer une bonne santé, chez Bach est prônée la quête de l’harmonie entre le corps et l’âme, entre états positifs et négatifs qui s’équilibreraient, formant un tout dont les proportions garantiraient l’état de santé de l’individu. Il n’est pas nécessaire de décrire le caractère pseudo-scientifique de la notion d’harmonie, notion floue qui permet le développement de gadgets revigorants, de stages régénérants et met le malade à la merci de « marchands d’harmonie », ni le caractère pseudo-diagnostique et moralisant des états psychologiques de Bach.

L’inspiration chrétienne

La responsabilité de la maladie incombe au malade, comme épreuve qui lui est imposée par le Créateur pour extraire la part mauvaise de lui-même ; la maladie n’est pas la cause mais le symptôme d’une cause plus profonde, venant du domaine spirituel ; l’interprétation des états psychologiques est manichéenne ; le Corps, enfin, est le reflet de l’Âme, véritable principe de l’Être 11. Cette posture philosophique est culpabilisante pour le malade. Bach décrit d’ailleurs ses élixirs comme des dons de Dieu 12.

Le dualisme « poreux »

Bach entretient une vision dualiste platonicienne du monde avec pour pivot le couple Corps-Âme reflet du couple Matière - Ether. Sa version, contemporaine, participe de ce que nous appelons un dualisme poreux : il faut créer des ponts entre le matériel et le spirituel afin de nourrir le rêve de refondre les deux parties en un Grand Tout. Le leitmotiv de l’entreprise thérapeutique de Bach étant d’effacer les dysharmonies, causes selon lui des maladies, il est primordial de réconcilier Corps et Âme en un tout harmonieux. Outre le risque inhérent de manipulation spécieuse de la notion d’harmonie, l’une des conséquences de ce dualisme à visée réunificatrice est une défiance, croissante en France à l’égard de la médecine et de la pharmacie scientifiques perçues comme trop mécanistes ou réductionnistes par des patients qui souhaitent une prise en charge globale de leur personne, - quoique l’acception du terme global soit fluctuante. Un autre corollaire est une vision holistique 13 : le Grand Tout harmonieux englobant tous les êtres est une constante de la pensée religieuse ; dans sa version laïcisée, il est la thématique-force de la tendance dite Nouvel Âge (New Age) 14. Rien d’étonnant donc à ce que les médecines dites alternatives, en opposition à la médecine scientifique encore appelée officielle, empruntent les mêmes chemins médiatiques qu’une partie des mouvances écologistes ou bio, avec parfois des hérauts communs.

Le naturalisme

Il s’agit de vanter le caractère intrinsèquement bon et sain en soi des choses naturelles. « La notion de nature est d’autant plus perverse que, comme toutes les notions idéologiques, elle se caractérise par un flou sémantique permettant d’innombrables analogies et glissements métaphoriques tels que, en l’occurrence, l’équivalence établie d’une part entre le “naturel”, le “normal“, le “sain”, le “moral”, le “logique”, etc., et d’autre part le “contre nature” et “l’anormal”, le “pathologique”, l’“immoral”, l’“illogique”, etc. » 15. Ainsi la naturopathie désigne une approche qui prétend soigner par la Nature, et faciliter les mécanismes curatifs de l’organisme en s’appuyant sur les vertus de la Nature 16, considérées comme curatives et saines parce que... naturelles 17. Cette tautologie entretient le mythe de l’équilibre, de l’harmonie, de la force vitale, voire du pouvoir curatif, - concepts vitalistes vagues qui ne peuvent objectivement être évalués scientifiquement, mais qui nourrissent des raisonnements finalistes et parfois créationnistes dont voici la trame : Un souffle de vie/fluide/Qi/causalité formative 18 nous imprime un élan 19/une volonté programmante 20, qui ne sont que des accommodations de l’idée lamarckienne d’une force qui tend sans cesse à compliquer l’organisation 21, ce que recouvre le terme de téléologie 22.

S’appuyant sur l’opposition dualiste naturel-artificiel, certains naturopathes prônent la décontamination des corps et expliquent que les maladies sont un moyen pour l’organisme de se purifier, notamment en stimulant les processus naturels de guérison de l’organisme, en éliminant les déchets et les toxines. L’idée n’est ni scientifique, ni récente. On retrouve le thème millénaire du pharmakos, victime expiatoire, bouc émissaire que l’on sacrifie à but de préservation, lieu commun de la pensée magique et religieuse qui fit le socle de la médecine cléricale des premiers siècles pour laquelle la maladie était une punition divine que seuls les prêtres pouvaient soigner.

Le risque principal de la naturopathie est la substitution de traitement. Il est déjà arrivé que des patients, au nom d’une conception pré-scientifique de la maladie refusent un traitement de type médicamenteux ou chimiothérapeutique ayant des chances de se montrer efficace, ce choix ayant des conséquences aussi regrettables que prévisibles. Il arrive aussi que ce soient les détaillants de produits naturopathes qui procèdent à de telles substitutions 23.

La doctrine paracelsienne

Paracelse, auquel on attribue à tort la paternité du concept deux fois millénaire « similia similibus curantur  » instaure l’idée que l’usage d’une substance peut être clairement déduit de l’observation de sa présence dans la nature ; le latex de la chélidoine étant jaune, par exemple, il soignerait la jaunisse ; la fleur d’ophioglosse, rappelant le serpent, soignerait les morsures, etc. Forme, texture et couleur d’une plante augureraient de ses propriétés, ce que Paracelse systématisera dans la « doctrine des signatures », laquelle présente sous une forme systémique l’un des modes de pensée magique appelé principe de similitude 24. L’homéopathie naîtra sur ce terreau : en effet, trois siècles plus tard, dans son « Organon  », Hahnemann reprendra la conception des maladies comme résultantes de modifications de la force vitale, le rejet du réductionnisme mécaniste et l’adoption du principe de similitude comme base de la thérapeutique homéopathique ; sa touche personnelle s’exprimera par l’invention des hautes dilutions. Précisons que la pensée magique de similitude, appelée parfois « sympathique », est un mode de raisonnement intuitif de type pré-scientifique et sans fondement empirique 25. Lorsque, par le plus grand des hasards, la mandragore ou l’écorce de saule possèdent les propriétés escomptées par Paracelse, il suffit de mettre en rapport le nombre de plantes et le nombre de pathologies désignées pour s’apercevoir que la probabilité d’adéquation est grande et que le précepte zététique « le bizarre est probable » se trouve ainsi confirmé. Il eut fallu un hasard exceptionnel pour qu’aucune des propriétés attribuées aux nombreuses plantes par la doctrine des signatures ne s’avère vérifiée 26.

Le plan conceptuel

Trois concepts sur lesquels repose la théorie de Bach sont pseudoscientifiques :

L’énergie « fluide »

C’est un concept universel, pour trois raisons : - Il est un des principes de base de la pensée magique : les forces et actions à distance sont stimulées par une énergie mystique existant à différents degrés dans toute chose, dont les plus hautes manifestations ne sont pas accessibles à l’humain commun 27. Transmissible par contact, par proximité ou par analogie symbolique, ce schème interprétatif est extrêmement répandu 28. Les exemples sont récurrents, depuis le concept biblique de gloire divine matérialisée par les auréoles des saints dans l’art médiéval jusque dans le New Age contemporain avec les auras et l’énergie psi. Dans certains systèmes de croyances, les forces et l’énergie fusionnent, par exemple dans le concept de force vitale dont il existe maintes déclinaisons, du mana polynésien au qi chinois.

Il est, comme dit précédemment, une version laïcisée d’un démiurge omniprésent.

Il est ancré dans l’histoire des sciences comme un fil rouge (Hippocrate, Galien, Berzelius, Mesmer, Galvani, Lamarck, Rocard, etc.). Les causes sont : primo, la notion de fluide a comblé toutes les lacunes propres à l’interprétation des actions à distance, qu’elles soient scientifiques ou non (de l’interprétation des propriétés de la magnétite jusqu’à celle de l’amour ou des sympathies) ; la physique causaliste d’Aristote, orientant toute l’épistémologie antique, est un terreau fertile pour interpréter une force à distance sous la forme, intuitive, d’un fluide 29. Secundo, la pensée scientifique est très encline à chercher un principe commun à toute chose. Isoler ce principe de base est la gageure des chercheurs, depuis l’école de Milet (les principes), Empédocle (les quatre éléments), Leucippe (les atomes) jusqu’à nos jours, en passant par les « Idées » de Platon, les « Monades » de Leibniz, etc. Ainsi la très large médiatisation des quatre bases nucléotidiques comme alphabet du vivant, la recherche des quarks comme composants ultimes de la matière, ou la quête des simples dans la pharmacopée médiévale participent à la popularisation de la posture réductionniste.

Outre le fait que le concept d’énergie de type fluide est non testable a priori, le risque inhérent à cette croyance est de tomber dans une posture épistémologique « énergétiste ». Tout (et rien) peut être expliqué avec l’énergie ; passe-partout rhétorique et mastic cognitif, c’est en fait un excellent appât commercial (agroalimentaire, santé, bien-être) mais aussi, malheureusement, un appât sectaire (Fraternité Blanche Universelle, Invitation à la Vie Intense, etc.) d’autant plus puissant que le concept d’énergie semble contre-culturel : on en parle comme initié, dépositaire d’un arcane, et la transmission est peu ou prou ésotérique. La déception est souvent grande quand, persuadé d’avoir saisi l’essence des choses, on s’aperçoit qu’elle est l’une des représentations les plus communes qui soient 30.

Le concept de « résonance »

La résonance désigne le fait qu’un système physique entre en oscillations suite à une impulsion régulière correspondant à la fréquence propre du système. Appliquée au magnétisme, elle désigne la transition d’énergie nécessaire pour inverser l’orientation d’un spin. La spectroscopie de Résonance Magnétique Nucléaire est basée sur ce principe. Mais la résonance pour Bach est une sorte de construction mentale sur l’humain, qui résulterait de la superposition et l’adéquation entre plusieurs corps, l’un organique, l’autre éthérique très sensible aux énergies subtiles. Rien ne permettant de mettre en évidence cette résonance, les personnes convaincues se retrouvent vite à la merci des marchands et de leurs gadgets, sans pouvoir remettre en cause la théorie puisqu’il se trouve toujours une bonne raison, généralement imputable au malade, de ne pas avoir atteint l’état de résonance en question. Le cadre théorique est quasi-irréfutable, au sens poppérien. Qui plus est, le mythe est nourri par une abondante et exotique littérature qui vante les degrés de conscientisation à franchir pour arriver à un état résonant 31. Une des conséquences constatées chez les individus les plus suggestibles est l’intégration de tout ce qui relève de l’intuition dans cette résonance : phénomènes cathartiques, intuitifs, curatifs et même fantasmatiques se retrouvent interprétés sous cet angle. Le phénomène de télépathie, par exemple, devient acceptable puisqu’il est potentiellement possible d’entrer en résonance avec les autres. Notons que les termes ondes ou vibrations suppléent parfaitement à ce concept flou (qui a nourri les dérives sectaires de Ecoovie ou de l’Université Nouvelle Itinérante du Retour de Joseph Maltais).

Le principe homéopathique de dynamisation

Nous ne discuterons pas de la signature, de la pathogénésie ni des hautes dilutions, dont les fondements ont déjà été déconstruits ailleurs 32 et classés. Le principe de dynamisation, par contre, est commun à l’homéopathie et aux EFB. Appelé aussi énergétisation ou succussion, il consiste à agiter le flacon afin que les molécules encore présentes, ou le message qu’elles auraient laissé dans la dilution amplifient leurs effets. Le granule serait un médicament informationnel. « Et ce sont ces secousses qui devaient pallier l’absence de matière active, imprimant dans le solvant une trace indélébile  » 33.

Plan épistémologique et expérimental

Les principaux critères caractérisant les pseudomédecines sont remplis par la théorie des EFB.

Mythe fondateur

Un homme seul, bon, mû par un destin, révolutionnant l’approche médicale envers et contre la médecine « officielle », est l’icône récurrente des médecines dites alternatives. Même si Bach avait choyé quelque peu cette image, il semble probable qu’elle fut posthume et forgée par les épigones et héritiers du docteur.

Immuabilité de la théorie

Bach considérait sa construction comme achevée, close. Mais un système qui exclut tout changement ou évolution ultérieure ne répond pas aux critères de scientificité éprouvés. Le processus d’accumulation des connaissances est évolutif et amène à modifier ou réfuter des théories, à abandonner des axiomes ou à changer d’hypothèses. Il n’y a guère que dans les pseudomédecines et les pseudosciences que les théories restent figées.

Traditionalisme

Hormis l’intuition, Bach ne fournit aucune explication qui justifierait pourquoi les EFB ne peuvent être préparés d’une autre manière que la sienne. Pourtant leur préparation traditionnelle est devenue le principal enjeu industriel des sociétés fabricantes. Notons qu’invoquer le poids des traditions, l’ancestralité, la continuité rituelle dans le maintien d’une théorie est un argument conservateur à l’opposé du progressisme méthodologique scientifique.

Jargon pseudoscientifique

Dans un groupe social le jargon a un rôle de liant, ce d’autant plus que le groupe social se perçoit comme minoritaire, menacé, initiatique et dépositaire d’un savoir ésotérique. Les noms des EFB, à l’instar de ceux des médicaments homéopathiques, sont souvent cités en latin par les utilisateurs et forment le corps de ce jargon. Le terme élixir rappelle populairement la pratique alchimique : irrémédiablement associé aux phénomènes magiques (élixirs de jouvence, philtres d’amour, élixirs tempérants, envoûtement, sorcellerie) et à la symbolique alchimique (le final de l’œuvre alchimique étant l’Elixir Vitae, la Pierre Philosophale), il véhicule par son nom les fantasmes de l’imagerie sociale. Le mot quintessence, la cinquième essence des opérations alchimiques, renforce encore sa charge magique.

Invraisemblances

Elles émaillent la théorie. Pas d’effet secondaire (alors que toute médication entraînant un effet pharmacologique est susceptible de présenter des effets secondaires) ; effet s’exerçant même sans substance active ; bonté substantielle de la nature (idée que certains comportements de groupes animaux et certains poisons « naturels » violents mettent à mal), etc.

Absence de preuve

Le classement des états psychologiques effectué par Bach ne repose sur aucune étude empirique. La limitation à sept états psychologiques négatifs comprenant trente-huit états d’âme différents relève d’un classement arbitraire aucunement corroboré par des observations cliniques. L’idée d’un état psychologique négatif en tant que tel relève du jugement moral et non d’études empiriques. De même pour les correspondances avec les fleurs : par similitude, Bach associa l’impatiente (Impatiens glandulifera) nommée ainsi en référence aux fruits qui s’ouvrent au moindre contact, et l’impatience comme sentiment ; il postula qu’une administration de décoctions d’impatiente aiderait les individus manquant de patience, de même que du mimulus (étymologiquement acteur, allusion à la forme de la fleur qui rappelle un masque de théâtre) soignerait les patients atteints de phobies. Les résultats, prétendus immédiats et surprenants (sic) 34 sont pourtant inaccessibles et ne semblent pouvoir être reproduits. Le RR bâtit sa réputation sur un seul cas de réanimation, avec seulement trois des cinq ingrédients définitifs ; il en est de même du prunus, avec lequel Bach prétend avoir guéri en 24 heures sa propre crise de sinusite. Les preuves expérimentales fournies sont d’une part inexistantes, d’autre part entachées d’une confusion entre une causalité prétendue et une corrélation possible 35. Enfin, le nombre de raisons invoquées qui pourraient expliquer le non-succès d’une thérapie par les EFB est tellement élevé (mélange inadapté, mauvaises fleurs, posologie non adéquate, procédé de fabrication différent de celui d’origine, scepticisme...) qu’il est difficile de mettre en cause directement le bien-fondé de la théorie.

Corpus de témoignages en guise de preuve

Si les preuves expérimentales de l’effet des élixirs floraux de Bach sont absentes, les témoignages des effets sont quant à eux pléthoriques. Le manque de données, d’études, de documentation, de tests en double-aveugle tente d’être pallié par la masse de témoignages d’individus déclarant en toute franchise que « ça marche ». Le recours aux témoignages est un biais fallacieux appelé faisceau de preuves consistant à vouloir croire que la réunion de plusieurs arguments, dont chacun pris à part est suspect ou faible, constitue une preuve solide. Les médias sont d’excellents relais de ce type de biais 36. « Sans évidence corroborative en provenance d’autres sources, ou preuve physique d’aucune sorte, dix anecdotes ne valent pas mieux qu’une, et cent anecdotes ne sont guère mieux que dix » 37. D’ailleurs, dans le cas des témoignages, par convention toujours favorables, il en est certainement de négatifs qui devraient être pris en compte dans le cadre d’une étude statistique.

Formation rapide et auto-prescription

Bach préconisera une approche autoprescriptive. « Soyez votre propre guérisseur, la médecine actuelle n’est pas efficace à 100 % car elle s’attache aux manifestations et non pas aux causes de la maladie. La souffrance est un correctif qui met en lumière les leçons que nous n’aurions pas comprises par d’autres moyens ; la maladie ne peut être éliminée tant que cette leçon n’est pas apprise » 38. Son objectif était d’offrir gratuitement au peuple sa méthode, afin qu’il se l’approprie. S’il se l’est effectivement approprié - un certain nombre de familles françaises possèdent un ou plusieurs EFB chez elles, y ayant recours par automédication - les EFB ne sont pas gratuits, loin de là. Par ailleurs, pour administrer, recommander ou prescrire des EFB, aucune connaissance médicale ou pharmaceutique préalable n’est nécessaire, ce qui est confirmé par la méconnaissance quasi-générale des procédés de fabrication y compris chez une bonne partie des prescripteurs.

Mixtion avec la sphère « paranormale »

Mancies, phénomènes psi et pseudomédecines empruntant les mêmes voies argumentatives, rhétoriques, épistémologiques et sociétales, il existe une sphère culturelle commune mais diffuse à laquelle se greffent facilement les EFB. Preuve en est sa compatibilité quasi-totale avec la sphère des pratiques pseudo-médicales existantes (Feng Shui, radiesthésie, médecine chinoise, ReiKi, Dar’Shem médecine aurique et astrologie, etc.) mais aussi la récurrence de sa présence dans la panoplie de certaines sectes (Fraternité Blanche Universelle, Initiation à la Vie Intense).

Rejet de la médecine « officielle »

Conséquence directe de la posture naturaliste on relèvera l’effet zététique appelé bi-standard, typique des pseudomédecines, qui consiste à modifier les règles de l’expérience ou du contrat implicite en fonction des réponses pendant le déroulement de la séquence. Si la méthode scientifique prouve la thèse discutée, on en fait un argument. Au contraire, si elle l’infirme, alors la science est rejetée comme méthode trop rigide, fermée ou obsolète. La preuve scientifique ne devient intéressante que dans la mesure où elle corrobore la vision défendue.

Publications recevables

Une revue précise et systématique des études portant sur les EFB ayant déjà été réalisée par Ernst 39, nous avons procédé à une revue des rares expérimentations cliniques menées sur les EFB ne présentant aucun biais protocolaire, c’est-à-dire qui remplissent les critères méthodologiques suivants, empruntés à l’échelle de Jadad 40 : validité de l’échantillon de l’étude, présence d’un groupe de contrôle, adaptation à la variable recherchée, double aveugle, répartition aléatoire et tri des résultats. Seules deux études présentent les critères requis pour une recevabilité scientifique : celles d’Armstrong & Ernst 41 et de Walach, Rilling & Engelke 42.

Armstrong N., Ernst E.

L’expérience fut réalisée en 1998 au département de Médecine Complémentaire de l’Université d’Exeter, Grande-Bretagne, en vue de tester l’efficacité du mélange RR sur l’anxiété d’étudiants à l’approche d’examen. Cent participants, choisis aléatoirement et en double aveugle, prirent une à quatre doses soit de RR, soit de placebo durant sept jours consécutifs. Les taux d’anxiété furent mesurés sur le Spielberger State-Trait Anxiety Inventory 43 et 45 % des réponses furent exploitables. Aucune différence significative entre les deux groupes ne put être relevée. Armstrong et Ernst conclurent que « Cette étude ne fournit aucune preuve de l’efficacité du [RR] sous les conditions expérimentales données ». Soulignons qu’Ullman, puis Mittman, du Southwest College of Naturopathic Medicine à Tempa, Arizona, États-Unis, objectèrent que l’étude était basée sur une prémisse fausse : jamais Bach n’aurait administré le RR pour le stress dû aux examens. La réponse de Ernst fut : « Le fait est que [le RR] est prescrit et utilisé à cet effet  » 44.

Walach H., Rilling C., Engelke U.

L’expérience fut menée à Freiburg, en Allemagne, à l’Institut für Umweltmedizin und Krankenhaushygiene, sur 66 personnes. Chez les 55 sujets traités, d’une moyenne d’âge de vingt-huit ans, fut administré en double-aveugle et de façon randomisée soit un placebo, soit une combinaison de dix remèdes floraux à raison de quatre gouttes par jour, soit l’un puis l’autre, ce durant deux semaines ponctuées de deux bilans. Le test d’anxiété fut cette fois la version allemande du Test Anxiety Inventory (TAI-G) 45. Après analyse, les résultats montrent une baisse significative du taux d’anxiété dans tous les groupes. La conclusion de cette étude, remplissant tous les critères de scientificité requis, fut : « Les Fleurs de Bach sont un réel placebo pour les tests d’anxiété et n’ont pas d’effet spécifique. »

Conclusion

La promotion des EFB soulève à notre sens un triple problème, cognitif, social et de santé publique.

Sur le plan cognitif : la théorie des EFB remplit les conditions décrites par Langmuir comme symptomatiques d’une science pathologique 46. L’adhésion relativement massive à ses concepts pseudoscientifiques est inquiétante : elle semble être la conséquence d’un manque d’outils critiques disponibles pour le patient. Nous pensons qu’il est urgent que l’éducation intègre des approches didactiques critiques de type zététique dans les cursus afin de former des citoyens en mesure de choisir leur thérapie avec le maximum de connaissance de cause.

Dans le domaine social : les pharmacopées à tendance magique promeuvent les raisonnements et les sophismes dont se servent les vendeurs d’Orviétan, mais aussi les mouvements sectaires. Occulter le problème revient à fermer les yeux sur le terreau magico-mystique sur lequel les sectes s’enracinent, terreau qu’à l’évidence les pseudomédecines alimentent.

Enfin, en ce qui concerne la santé publique : les pseudomédecines créent un flou ambigu chez les patients. Rejet de la pharmacie et de la médecine scientifiques, substitution de thérapie, contre-culture. Les termes de médecines alternatives (qui ne sont pas des alternatives), parallèles (qui ne sont pas équivalentes en terme d’efficacité) ou douces (qui ne le sont pas toujours) prolongent ces croyances et fragilisent l’entreprise de santé publique. D’autant plus que les dépositaires du savoir thérapeutique reconnu, médecins et pharmaciens, d’une part ne reçoivent que rarement de formation universitaire sur ce type de produit, d’autre part subissent une concurrence croissante exercée par le marché du bien-être ou de l’harmonie, dont les salons promotionnels fleurissent de plus en plus, en générant des dividendes considérables.

Nous pensons que la formation aux outils critiques zététiques, tant aux praticiens qu’aux patients, permettrait de circonscrire ces trois grands problèmes, et surtout d’empêcher la prééminence de modes intuitifs de pensée rendant les patients dépendants, moralement et financièrement, des EFB et de leur cadre pseudo-philosophique, et les laissant, en outre, démunis face aux dérives sectaires de ce genre de médication.

Abréviations
EFB : Elixirs Floraux de Bach
RR : Rescue Remedy

Adaptation d’un texte initialement publié dans la revue Annales pharmaceutiques, Masson, Paris, 2005. Cette version pour Internet contient les détails et références qui, faute de place, n’ont pu être publiés dans la revue.

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