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Les OGM en douze questions

Publié en ligne le 28 juillet 2006 - OGM et biotechnologies -

En quoi les OGM diffèrent-ils des méthodes antérieures de sélection ?

La sélection génétique des micro-organismes, des plantes et des animaux, qui a commencé il y a 10 000 ans avec le passage de la cueillette et de la chasse à l’agriculture et à l’élevage, a procuré à l’espèce humaine une quantité de nourriture sans précédent qui lui vaut une part de son succès sur la planète Terre.

L’apport technique des OGM est que le sélectionneur peut s’affranchir en grande partie de cette manière des limitations de la sélection classique. Cette dernière repose en effet sur les mutations qui se font lentement, en nombre limité et de manière fortuite, ne répondant pas toujours aux attentes du sélectionneur. Celui-ci ne sait par ailleurs pas ce qu’il sélectionne. Il examine les produits de sa sélection et ne garde que ce qui lui convient, en se trompant de temps à autre. Ainsi a-t-on, par exemple, à plusieurs reprises et sans le savoir, sélectionné des pommes de terre toxiques pour les consommateurs 1.

Les carottes, les vers à soie, tout comme certaines races de chiens et bien d’autres organismes vivants qui font partie de notre environnement, sont tellement génétiquement modifiés qu’ils sont devenus incapables de survivre sans l’assistance de l’homme.

De tels organismes ne se disséminent donc pas et ils ne se croisent plus avec leurs homologues sauvages devenus trop éloignés. Plus impressionnants encore sont, par exemple, le mulet, qui est le mélange du cheval et de l’âne, mais aussi le triticale qui est une nouvelle espèce de céréale, un mélange de blé et de seigle, et qui est cultivée à grande échelle depuis plusieurs décennies. Force est de constater que l’espèce humaine a plutôt tiré un bon parti de ces opérations totalement empiriques.

Les OGM sont eux aussi des organismes génétiquement modifiés, mais par une méthode raisonnée, plus précise et apportant une plus grande diversité. Cette approche est devenue possible à partir du moment où on a su ce qu’étaient les gènes et où on a appris à les manipuler.

Ainsi sont nés logiquement, il y a 25 ans, les premiers OGM, dont la carrière ne fait que commencer. À ce sujet, il n’est pas exagéré de dire que les biologistes ne sont pas près de pouvoir refaire aux agriculteurs, et à travers eux aux consommateurs, un cadeau aussi beau que la possibilité d’obtenir de nouvelles variétés par la création d’OGM.

À quoi servent les OGM en pratique aujourd’hui ?

Environ 90 % des OGM sont préparés par et pour les chercheurs qui s’en servent pour leur recherche fondamentale, y compris pour créer de nouveaux modèles d’étude des maladies humaines. Des animaux transgéniques (donc génétiquement modifiés) sont préparés pour obtenir des protéines médicaments, dans leur lait par exemple, ou pour adapter des organes de porc, comme le cœur et le rein, afin de pouvoir les transplanter sans induire de rejet chez les patients. Un certain nombre de protéines thérapeutiques ont commencé à être préparées à l’échelle industrielle depuis bientôt deux décennies à partir de bactéries ou de levures génétiquement modifiées. C’est le cas pour l’insuline, l’hormone de croissance, le vaccin contre l’hépatite B etc.

Mais l’application des OGM la plus visible actuellement est sans aucun doute la préparation de variétés de plantes à vocation alimentaire que l’on appelle de préférence les PGM (plantes génétiquement modifiées). Actuellement, 15 % des terres cultivables (soit l’équivalent de la moitié de la surface cultivable des États-Unis) sont utilisées pour cultiver des OGM. Les OGM sont cultivés dans 21 pays dont 11 pays en développement. Les premiers cultivent 62 % des OGM et les seconds 38 %. L’augmentation des surfaces ensemencées avec des OGM est actuellement de 15 à 20 % par an. Cette augmentation a été en 2005 de 5 % dans les pays développés et de 23 % dans les pays en développement. La culture des OGM a réduit l’utilisation de pesticides de 14 % et permis aux agriculteurs d’augmenter leurs revenus de 6,4 milliards de dollars. Ces chiffres publiés par l’ISAAA (International Service for the Acquisition of Agro-biotech Applications) 2 parlent d’eux-mêmes.

Quatre plantes seulement se partagent actuellement la quasi totalité du marché. Il s’agit du soja, du coton, du maïs et du colza. Il est clair que le choix des semenciers s’est tout d’abord porté vers des plantes de grande culture et que les modifications qui leur ont été apportées ne visaient qu’à améliorer les conditions de culture et pas du tout à modifier les plantes en tant que telles.

Qu’est-ce que les consommateurs ont à gagner ?

Les consommateurs se posent de leur côté la question légitime de savoir en quoi les OGM peuvent leur être bénéfiques. Rappelons qu’une bonne partie des améliorations des techniques agronomiques ne sont pas destinées à leur profiter directement, et le plus souvent, ils ignorent même ces progrès appréciés des seuls utilisateurs. Le consommateur peut donc logiquement considérer que les OGM n’apportent rien et que leur utilisation peut comporter des risques qui apparaissent dès lors inutiles. Cependant, les agriculteurs ont eux aussi droit à bénéficier du progrès et les consommateurs, de leur côté, doivent comprendre que l’aventure en question ne se résumera pas aux quelques OGM actuellement sur le devant de la scène, que les futurs OGM en cours de préparation ont aussi pour objectif d’apporter un avantage pour la santé, ou d’être plus sapides, et qu’il s’agit bien d’une acquisition importante de l’humanité.

Il est par ailleurs important de ne pas limiter son horizon aux pays développés. Il fait de moins en moins de doute que les pays en développement ont commencé à bénéficier de cette technologie 3.

Pourquoi les OGM seraient-ils nécessairement un saut technologique profitable pour l’humanité ?

La question fondamentale de savoir si le saut technique que représente l’utilisation des OGM est pertinent à moyen et long terme pour l’humanité demeure posée. Bien peu de gens continuent à croire qu’une amélioration technique est automatiquement un progrès pour l’humanité. Il est en même temps navrant de constater que certains esprits se complaisent à nier sans nuance qu’une nouvelle technique puisse être bénéfique pour l’humanité. La réponse est là, comme ailleurs, ni blanche ni noire. L’approche OGM offre des possibilités d’application si diverses qu’il est difficilement imaginable que rien ne puisse en sortir de bon. Comme toute technique puissante, l’exploitation des OGM doit être sous surveillance, tant en ce qui concerne le choix des applications que sur le plan sécuritaire. Le principal problème ne concerne pas tant les éventuels effets des OGM sur la santé humaine que leur impact environnemental.

Les OGM vont-ils envahir la planète de manière incontrôlée et irréversible ?

Ce problème est délicat, comme l’est le transfert des espèces d’un continent à l’autre. La plupart des plantes cultivées ne se disséminent pas car elles ont perdu leur autonomie tant elles ont été génétiquement modifiées par la sélection. On ne trouve dans les jachères ni carotte, ni blé, ni maïs, ni soja etc. L’addition d’un ou de quelques gènes comme le gène Bt ayant des propriétés insecticides dans le maïs, le coton ou même le riz ne confère pas à ces plantes un pouvoir de dissémination supérieur. Un organisme placé dans un biotope donné ne va se répandre et s’imposer que s’il a un avantage sélectif nouveau 4. Ce n’est pas le cas pour la plupart des plantes et des animaux domestiqués. Pour certaines espèces, la situation est moins claire. L’Europe n’a toujours pas autorisé, pour cette raison, la culture sur son sol de colza et de betterave résistantes à des herbicides. Un rapport européen récent indique toutefois que la culture de maïs, de coton et de betterave sucrière peut se faire sans risque de contaminer les champs voisins au delà des 0,9 % réglementaires, en ne changeant pas les méthodes de culture 5. La culture de maïs génétiquement modifié tant redoutée au Mexique d’où provient le maïs sauvage, n’a pas laissé de trace 6. Par contre, les poissons qui, pour la plupart, n’ont été domestiqués que récemment, peuvent survivre s’ils s’échappent des zones d’élevage et se croiser avec leurs congénères sauvages. C’est pour cette raison que les poissons transgéniques à croissance accélérée qui peuvent apporter des aliments recherchés par les consommateurs, n’ont toujours pas reçu d’agrément pour leur mise sur le marché. Les OGM ne peuvent donc être traités comme un tout mais doivent au contraire être examinés au cas par cas.

Il est important de noter, de plus, que la culture de plusieurs des OGM actuels fait baisser l’utilisation de pesticides et d’herbicides toxiques en étant, de ce fait, moins agressive pour la faune du sol que la culture par les méthodes conventionnelles 7. Un autre problème est celui de l’acquisition d’une résistance des insectes aux OGM. Ce problème agronomique qui n’est pas spécifique des OGM, est bien réel mais pas incontrôlable. Le maïs résistant aux insectes est ainsi bien maîtrisé 8.

Les contrôles des aliments OGM sont-ils adaptés ?

L’opinion publique, largement désinformée, a des doutes à ce sujet. Ceci provient de la profonde méconnaissance des mesures de sécurité effectivement mises en œuvre à toutes les étapes de l’utilisation des OGM. Il faut savoir que tous les projets impliquant la manipulation d’OGM dans des lieux confinés sont soumis à une évaluation par la Commission de Génie Génétique. Les essais en plein champ ainsi que les cultures à grande échelle d’OGM ne se font qu’après un accord, au cas par cas, de la Commission de Génie Biomoléculaire. Rappelons qu’un OGM ne peut être cultivé en plein champ que s’il a été classé comme présentant un risque de niveau 1. Le confinement de niveau 1 est celui de la cuisine de tout un chacun, c’est-à-dire rien de particulier.

Les niveaux de risque

Les organismes vivants dangereux sont manipulés selon les niveaux de risque. Quatre classes ont été définies et à ces classes correspondent des mesures de confinements précis. Les organismes de classe 1 ne comportent aucun risque pour les manipulateurs ni pour l’environnement. En conséquence, la manipulation de ces organismes peut se faire sans précaution particulière. Les niveaux 2, 3 et 4 comportent des risques croissants qui imposent des confinements et des pratiques de plus en plus contraignants. Le niveau 2 correspond au confinement classiquement mis en œuvre pour la culture de cellules et le niveau 4 très contraignant n’est que très rarement nécessaire. Tout ceci s’applique aux OGM. Ceux qui sont de classe 1 peuvent être manipulés sans précaution particulière au laboratoire et donc être cultivés en pleins champs à titre expérimental.

L’autorisation de la mise sur le marché d’un nouvel aliment, comme un OGM, n’est possible que s’il a reçu au cas par cas un agrément de l’AFSSA (Agence Française de Santé et de Sécurité Alimentaire) et de son homologue européenne l’EFSA. Le tout est sous le contrôle d’un Comité de Surveillance qui fait également des observations a posteriori (c’est-à-dire qui effectue des contrôles après les autorisations et observe les évolutions). Les OGM sont soumis à des tests de toxicité et d’allergénicité qui s’inspirent de très près de ceux qui sont appliqués aux médicaments. On ne peut donc pas prétendre que le principe de précaution n’est pas appliqué. Les OGM, qui n’ont en principe aucune raison d’être plus dangereux pour les consommateurs, sont les aliments les plus contrôlés de l’histoire de l’humanité et par voie de conséquence les plus sûrs. Il est important de rappeler par ailleurs que l’agence française responsable de la sécurité alimentaire, l’AFSSA, rend publics ses rapports d’évaluation des dossiers OGM.

Peut on avoir des filières totalement exemptes d’OGM ?

Difficilement. Tout champ cultivé dans des conditions normales contamine plus ou moins les champs voisins et est contaminé par eux. On peut isoler des cultures au point d’éviter toute présence d’OGM mais cela requiert des dispositifs contraignants, donc coûteux. Ces dispositifs sont classiquement utilisés par les semenciers qui sont tenus de vendre des variétés pures. Il est admis qu’une variété est pure lorsque la contamination par d’autres variétés ne dépasse pas 3 à 5 %.

Les agriculteurs doivent donc périodiquement renouveler leurs semences dont la pureté baisse au fur et à mesure qu’elles sont réutilisées. Il est logique d’utiliser les mêmes règles pour les OGM. Le législateur européen a fixé le seuil de présence fortuite d’un OGM dans des produits qui ne le sont pas à 0,9 %. Cette valeur est un compromis arbitraire qui ne repose pas sur des considérations sécuritaires. Cela ne vaut que pour des OGM dont la consommation à l’état pur a été autorisée.

N’allons-nous pas devenir résistants aux antibiotiques et être nous-mêmes génétiquement transformés par les OGM ?

Les réponses à ces questions sont simples : c’est non. Nous sommes naturellement résistants aux antibiotiques, sinon ces molécules seraient pour nous des poisons et non des médicaments. Le risque théorique est que des bactéries pathogènes deviennent résistantes à des antibiotiques. Ceci est devenu une réalité dans le domaine médical. Les gènes de résistance qui se trouvent dans certains OGM sont répandus très largement dans notre environnement et nous avons beaucoup plus de chance qu’ils soient transmis à des bactéries directement plutôt que par des OGM. Quoi qu’il en soit, la tendance actuelle va vers l’absence de gènes de résistance aux antibiotiques dans les OGM. Les réglementations européennes et internationales convergent pour interdire l’utilisation de gènes de résistance aux antibiotiques utilisés en médecine humaine ou vétérinaire. Cette mesure réduit encore les risques déjà négligeables.

Nous mangeons chaque jour jusqu’à un million de gènes qui ne sont pas les nôtres (à moins d’être anthropophage). Une feuille de salade contient 25 000 gènes qui nous sont étrangers et cela est vrai pour chaque plante. Il en est de même pour la viande et le poisson. Une cuillerée de yaourt contient des milliards de bactéries lactiques vivantes qui possèdent chacune environ 3000 gènes. Notre système digestif dégrade les gènes et les protéines, sinon l’intégrité des espèces ne pourrait être préservée. Il n’est donc pas surprenant de ne retrouver aucune trace d’OGM dans la viande, le lait et les œufs des animaux nourris avec des OGM, quels qu’ils soient. De toute façon, les gènes ajoutés aux OGM sont souvent très présents dans notre environnement. C’est le cas des gènes Bt qui permettent au maïs et au coton de résister à des insectes. Ces gènes sont tirés de la bactérie Bacillus thuringiensis qui se trouve dans le sol.

Les chercheurs ne jouent-ils pas aux apprentis sorciers ou ne se prennent ils pas pour Dieu lorsqu’ils manipulent les espèces vivantes ?

Les chercheurs ne sont ni des apprentis, ni des sorciers. Ce sont des professionnels qui mettent, autant que possible, le rationnel au service de leurs recherches. Cela ne signifie pas pour autant que les chercheurs et les industriels ont une totale maîtrise de ce qu’ils font. Il est difficilement imaginable qu’il en soit un jour autrement en ce qui concerne le vivant, qui est probablement une des choses les plus complexes de l’univers. La crainte que nous n’ayons pas assez de recul avec les OGM n’est pas vraiment fondée. Rappelons tout d’abord que pour avoir du recul, il faut avancer, et si possible prudemment, bien entendu. La formidable manipulation du vivant que l’espèce humaine s’est autorisée depuis 10 000 ans lui a plutôt bien réussi. La transgénèse se pratique depuis 1980 chez les animaux et depuis 1983 chez les végétaux. Les OGM sont sur le marché depuis 1996 et aucune des catastrophes annoncées ne s’est produite.

Cela ne nous autorise pas à affirmer que les OGM ne peuvent être à l’origine de problèmes environnementaux. Les risques sont très faibles lorsqu’on s’adresse à des plantes domestiquées depuis longtemps et n’ayant pas reçu de gènes destinés à modifier la physiologie des organismes pour les adapter aux besoins humains. L’utilisation d’herbes résistantes à un herbicide et propres à améliorer la qualité des aires de golf et des gazons ne peut être considérée comme dépourvue de risque tant qu’il n’aura pas été soigneusement démontré que les herbes en question ne se disséminent pas sous quelque latitude que ce soit. Des événements incontrôlés auront probablement lieu un jour avec un OGM. Il n’est pas certain que la conséquence de ces événements soit aussi grave que celle qui a résulté de l’importation des lapins en Australie par exemple.

Quoi qu’il en soit, un risque ne s’évalue pas dans l’absolu. Il convient donc de comparer les bénéfices et les risques de l’utilisation des OGM. Il doit être rappelé que la sélection classique admise par tous pour son efficacité et par certains parce qu’elle est « naturelle » (alors qu’elle est par définition le résultat d’une action volontaire de l’homme) n’est pas sans risque et qu’il faut évaluer les conséquences d’une non-utilisation des OGM.

Les OGM ne risquent-ils pas de permettre à des entreprises multinationales de gagner plus d’argent ?

En premier lieu, il convient de mentionner qu’aucune des entreprises semencières n’appartient à la classe des géants. En second lieu, il ne faudrait pas oublier qu’une entreprise qui ne gagne pas d’argent est condamnée à disparaître et avec elle les produits qu’elle fabriquait et les emplois. Il faut cesser de condamner indifféremment ceux qui gagnent de l’argent de manière équitable en travaillant et ceux qui trichent ostensiblement et systématiquement

Les entreprises qui ont investi pendant 15 ans pour produire des semences génétiquement modifiées ont le droit de recevoir des dividendes de leurs travaux. Il faut par ailleurs ne pas oublier que les bénéfices d’une entreprise sont un des moteurs essentiels de l’innovation.

Les OGM, n’est-ce pas le début d’un brevetage du vivant ?

Les brevets sur le vivant ne sont pas par essence malsains. Certains seulement le sont et cela doit mobiliser notre vigilance. Certaines entreprises ont ainsi essayé de s’emparer de variétés de plantes qui appartiennent au patrimoine de l’humanité, sous prétexte qu’elles les avaient génétiquement modifiées. Ces manœuvres sont parfaitement inacceptables et elles n’ont pour cette raison pas été couronnées de succès. Le brevetage d’un gène doit, par exemple, se limiter à des applications précisément décrites, ce qui n’empêche personne de breveter ultérieurement le même gène pour d’autres applications elles-mêmes bien précisées. En fait, ce n’est ni le gène, ni le vivant qui est breveté dans la très grande majorité des cas, mais une technologie ou une méthode d’utilisation d’un gène pour une application, un but.

Les agriculteurs ne vont-ils pas se retrouver sous une dépendance insupportable vis-à-vis des semenciers ?

Il y a, semble t-il, dans cette question une bonne part de nostalgie, particulièrement vivace en France, d’un pastoralisme d’un autre temps. Les agriculteurs modernes sont dépendants de la société comme tout le monde. Ils achètent une bonne partie de leur nourriture au supermarché et ils ne feraient pas grand-chose sans tracteur, sans fioul et sans les semenciers. Les agriculteurs achètent de plus en plus fréquemment leurs semences classiques plutôt que de les préparer eux-mêmes parce que c’est leur intérêt.

La situation n’est, tout compte fait, pas si différente pour les agriculteurs des pays en développement. Les opposants affirment que ces agriculteurs ne peuvent bénéficier des OGM qui sont trop chers pour eux. Les chiffres démentent ces affirmations et certains agriculteurs des pays pauvres ainsi que certains chercheurs et décideurs sont inquiets à l’idée de rester en dehors de l’aventure OGM dont ils attendent beaucoup.

Les semences génétiquement modifiées sont effectivement plus chères, mais si elles rencontrent un tel succès, c’est que les agriculteurs, certains d’entre eux en tout cas, voient leur revenu augmenter de manière spectaculaire. L’importance du marché noir des semences génétiquement modifiées dans les pays en développement est là pour le confirmer.

L’interdiction de semer les graines provenant des OGM plus qu’un certain nombre de fois est un moyen pas forcément inéquitable pour le semencier, de s’assurer un retour financier. Elle protège aussi les agriculteurs qui ont acheté les semences OGM contre le vol de ces semences par des collègues indélicats. La stérilisation des OGM est un autre moyen pour le semencier de ne pas être spolié par les trafiquants de semences. Ce procédé, (connu sous le nom polémique de « Terminator ») non utilisé actuellement, mais qui le deviendra, est de plus un excellent moyen pour éviter la dissémination intempestive des plantes.

Dans toutes ces affaires, ce n’est pas à des opposants plus ou moins bien intentionnés de décider, mais aux agriculteurs eux-mêmes. Il convient par ailleurs de savoir ce qui est le plus insupportable : la dépendance des agriculteurs pauvres vis-à-vis des semenciers ou vis-à-vis de la pénurie alimentaire.

1 Zitnak et al., “Glycoalkaloid content of B5141-6 potatoes”, Am Potato J, 47, 256-260 ( 1970)
Hellenas et al., “High levels of glycoalkaloids in the established swedish potato variety magnum bonus”, J Sci Food Agri, 23, 520-523 (1995).

2 http://www.isaaa.org/ Brief 34. État mondial des plantes biotechnologiques/GM commercialisées : 2005.

3 Delmer D.P., “Agriculture in the developing world : Connecting innovations in plant research to downstream applications”, PNAS, 2005,102:15739-15746
Cohen, “Poorer nations turn to publicly developed GM crops”, Nature Biotechnol, 2005, 23 :27-33
Houdebine L.M., « Plantes génétiquement modifiées (PGM) et pays en développement », Cahiers/Agricultures 2006 : 15:227-231.

4 Bradford et al., “Regulating transgenic crops sensibly : lessons from plant breeding, biotechnology and genomics”, Nature Biotechnologie, 23, 439-443 (2005)

5 http://europa.eu.int/rapid/pressReleasesAction.do ?reference=IP/06/230&format=HTML&aged=0&language=FR&guiLanguage=fr[page indisponible — 1er août 2019]

6 Raven, “Transgenes in Mexican maize : Desirability or inevitability ?”, PNAS, 102, 13003-13004 (2005).

7 Ammann K., “Effects of biotechnology on biodiversity : herbicide-tolerant and insect-resistant GM crops”, Trends Biotech, 23, 388-394 (2005)
Romeis et al., “Transgenic crops expressing Bacillus thuringiensis toxins and biological control”, Nature Biotechnol, 24, 63-71 (2006).