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Le livre noir de la psychanalyse. Le « débat » commence bien

Publié en ligne le 15 janvier 2006 - Psychanalyse -

Le Nouvel Observateur a courageusement choisi de présenter le Livre noir avec honnêteté, laissant une large place à des extraits de l’ouvrage, et organisant une discussion entre l’un des auteurs (Jacques van Rillaer), et un psychanalyste (Alain de Mijolla). Dossier équilibré, honnête. Il n’en aura pas fallu plus pour déchaîner la colère des psychanalystes lacaniens, les mêmes qui avaient obtenu du ministère de la Santé le retrait d’un rapport de l’INSERM défavorable à leurs thèses (voir SPS n° 267). Revenant sur les critiques dont son journal a été l’objet, Laurent Joffrin nous révèle les pressions subies durant l’été pour que l’hebdomadaire passe sous silence la sortie du Livre noir (Le Nouvel Obs, 16 septembre 2005) :
« Pour équilibrer notre dossier, nous avons d’abord fait appel à l’historienne de la psychanalyse la plus connue en France, Elisabeth Roudinesco, femme de grande capacité. C’est là que nos surprises ont commencé. Elisabeth Roudinesco a d’abord refusé de débattre avec un quelconque auteur du Livre noir. Elle nous a ensuite encouragés à passer sous silence purement et simplement l’ouvrage et à remplacer les extraits prévus par un long entretien avec elle. Le livre, disait-elle en substance, est politiquement louche, à la limite de l’antisémitisme. Accusation aussi grave que ridicule quand on connaît les auteurs du livre.

Il nous est vite apparu que la réaction d’Elisabeth Roudinesco était en fait partagée par un petit groupe de psychanalystes qui ont déployé toutes sortes d’efforts rhétoriques et électroniques pour discréditer à l’avance le Livre noir et accessoirement le journal qui s’en faisait l’écho. Alors même que l’immense majorité des psychanalystes, confiants dans la solidité de leurs thèses et de leur pratique, convaincus que les règles de la délibération rationnelle suffiront à démontrer la fausseté des théories adverses, acceptent évidemment le débat, serait-il tendu [...]. Pendant ce temps-là, le petit groupe en question, tout en mettant en doute les capacités intellectuelles de la direction de l’Obs [...], continue de qualifier de “fascistes”, “d’ultra-libéraux”, “d’agents des trust pharmaceutiques”, “de rouages d’une machine destinée à fournir au capital des individus formatés”, les tenants de la psychothérapie sans Freud. Toutes expressions pittoresques qui nous ramènent à des temps très anciens mais qui ne font guère progresser la discussion ».

Elisabeth Roudinesco aurait dû demander directement à Philippe Douste-Blazy, le ministre de la Santé qui a retiré le rapport dérangeant de l’INSERM, l’interdiction pure et simple du Nouvel Obs, et de tous les journaux (peu nombreux) qui rendent compte de façon honnête et sans passion de la sortie du Livre noir.