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Des ouragans plus violents, mais pourquoi ?

Publié en ligne le 12 janvier 2006 -

Cette fois ça y est, on peut le dire : les ouragans et autres débordements de la nature sont plus violents et plus dévastateurs qu’auparavant. Mais personne ne semble s’entendre sur la raison.

Les environnementalistes le prédisent depuis longtemps : l’une des premières conséquences concrètes du réchauffement de la planète, ce sera la formation d’ouragans plus violents, donc plus destructeurs. Or, on vient d’en obtenir la confirmation, sous la forme d’une analyse des observations satellites accumulées au cours des 35 dernières années : depuis 1970, et tout particulièrement depuis 10 ans, il y a moins d’ouragans, mais ils sont plus violents.

Le problème, c’est qu’aucun scientifique n’est prêt à accuser les gaz à effet de serre, parce que 10 ans, c’est une période de temps beaucoup trop courte : il pourrait tout bonnement s’agir d’une fluctuation naturelle.

En attendant, les chiffres sont là :
 au début des années 1970, le nombre d’ouragans atteignant les catégories 4 (comme Katrina qui vient de dévaster le Sud des États-Unis) ou 5 - soit des vents de plus de 200 kilomètres à l’heure - était d’une dizaine par année ;
 aujourd’hui, le nombre de tels ouragans est de 18, lit-on dans cette analyse des données publiée en septembre dans la revue américaine Science, sous la plume d’une équipe dirigée par Peter Webster, de l’Institut de technologie de Georgie à Atlanta ;
 Kerrry Emanuel, météorologue spécialiste des ouragans au Massachusetts Institute of Technology, n’a rien à voir avec cette étude mais était arrivé un mois et demi plus tôt, dans la revue Nature, à la même conclusion : la « puissance » totale relâchée par un ouragan (calcul complexe fondé sur les vents les plus violents) a augmenté de près de 50% depuis 1960 ;
 la diminution du nombre d’ouragans (ou de typhons, comme on les appelle dans le Pacifique) se traduit aussi par une diminution du nombre de jours de tempêtes.

Pourtant, il y a une étrange exception. Le nombre d’ouragans et de typhons a diminué dans toutes les mers chaudes, sauf dans l’Atlantique Nord. Or, si le réchauffement de la planète est à accuser, alors la montée en puissance des ouragans devrait être uniforme, partout sur la planète.

Rappelons que c’est la température à la surface des eaux qui constitue le facteur déterminant dans la formation d’un ouragan. Or, la planète se réchauffe un peu partout : Webster et son équipe parlent d’une hausse moyenne de 0,5 degrés Celsius entre 1970 et 2004, à la surface des océans. « Il doit y avoir un mécanisme naturel complexe en jeu, que nous ne comprenons pas encore complètement », résume Judy Curry, elle aussi spécialiste des ouragans à l’Institut de technologie de Georgie. C’est pourquoi les tentatives d’associer l’ouragan Katrina aux dégâts causés par l’homme sont prématurées.


Mots-clés : Écologie


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