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Juste un embryon, pas deux ou trois

Publié en ligne le 11 septembre 2005 -

Lors des futures fécondations in vitro, les médecins devraient mettre fin à cette désagréable habitude qui consiste à implanter plus d’un embryon à la fois. Cela réduirait les risques pour la mère et les enfants.

Cette pratique des années 80 n’est plus justifiée, ont affirmé plusieurs experts lors du dernier congrès de la Société américaine de médecine de la reproduction.

Rappel : depuis les premiers pas de la fécondation in vitro, en 1978, les médecins fécondent chaque fois plus d’un ovule en éprouvette, puis implantent les résultats dans l’utérus : soit plus d’un embryon potentiel. Ils agissent ainsi parce que le taux d’échec est très élevé (plus de 75% jadis, à peine moins aujourd’hui), de sorte que même en implantant trois ou quatre embryons, il est possible que pas un seul ne "s’accroche" à l’utérus. Mais à l’inverse, lorsque ça marche, les cas de jumeaux, voire de triplets ou de quadruplets, sont beaucoup plus élevés que la moyenne.

Or, les naissances multiples sont fréquemment associées à des problèmes de santé pour la mère, en plus d’augmenter les risques pour le bébé de naître prématurément ou avec un trop petit poids.

Et il est faux de continuer à prétendre que le fait d’implanter plus d’un embryon augmente les chances de réussite, lancent Pia Saldeen et ses collègues de la Clinique IVF CURA à Malmö, en Suède. Il se trouve qu’en Suède, depuis janvier 2003, le transfert de plus d’un embryon à la fois est interdit, sauf circonstances exceptionnelles. Le taux de grossesses réussies (c’est-à-dire les cas où l’embryon s’est logé avec succès sur la paroi de l’utérus) est aussi élevé qu’avant (environ un tiers), tandis que le taux de grossesses conduisant à des jumeaux a diminué radicalement : de 23% à 6%.

Deux autres études, provenant celles-là de cliniques de fertilité américaines, disent la même chose : là où des femmes pleine santé se sont fait offrir le choix d’avoir un seul embryon implanté, le taux de grossesses est demeuré le même. Et si on leur a offert ce choix, c’est parce que l’idée fait son chemin : en septembre, la Société américaine de médecine de la reproduction a recommandé aux cliniques américaines de ne jamais transférer plus de deux embryons à la fois chez les femmes de moins de 35 ans.

Parallèlement à cela, la plus grande revue de la littérature jamais réalisée en 25 ans sur la santé des enfants nés d’une fertilisation en éprouvette, démontre que leur santé n’est en rien affectée. Aucun problème de santé particulier ne ressort du lot, rien qui puisse les distinguer des autres enfants ; sauf à la naissance, où on confirme que le taux de prématurés est plus élevé que la normale.

Resterait à suivre ces enfants sur une plus longue période (l’étude ne s’est attardée qu’aux enfants de 10 ans et moins) afin de s’assurer que des problèmes n’apparaissent pas à l’âge adulte.


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