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1 bovis = 1 angström ?

Publié en ligne le 24 mars 2016 - Pseudo-sciences -

Le bovis est le nom d’une unité d’énergie, que les lecteurs de Science et pseudo-sciences ne doivent certainement pas connaître mais que les tenants de la bio-énergétique, de la radiesthésie et de la géobiologie utilisent couramment pour désigner le « taux vibratoire » des constituants de l’univers, ou « énergie cosmo-tellurique » d’un lieu ou d’un corps, une notion très mal définie qui varie suivant les auteurs …

Le but de ces quelques lignes n’est pas de discuter du bien-fondé de ces approches mais du bien-fondé de la mesure utilisée.

Tout vient de ce qu’Alfred Bovis, vers 1935, a proposé le « biomètre » qui porte son nom. Cet « instrument » comportait une réglette graduée de 0 à 100 sur 20 cm, la graduation 100 correspondant à 6 500 angströms 1, 2, « longueur d’onde la plus longue du spectre visible pour l’homme ». Bovis déplaçait son pendule le long de la réglette posée à côté de l’objet dont il fallait déterminer l’énergie vibratoire, jusqu’à ce que la réaction du pendule au niveau d’une graduation permette la détermination de cette énergie. Il trouvait, par exemple 120° pour un grain de maïs, 75° pour une pièce de nickel.

Par la suite, les radiesthésistes ont utilisé une réglette de 30 cm directement graduée en angström, de 0 à 10 000 (donc 6 666 angströms à 20 cm et non plus 6 500). Par référence à Alfred Bovis, ils ont remplacé les degrés utilisés par celui-ci par les « bovis », équivalents aux angströms. Ils trouvent des valeurs de l’ordre de 10 000 pour l’homme mais une augmentation impressionnante, en quelques années, des « taux vibratoires » de l’univers est décrite par beaucoup, ceux de l’homme étant passé de 6 500 à 15 000 bovis … Certains mesurent 4×106 bovis au centre de la cathédrale de Chartes (4×106 Å = infrarouge), jusqu’à 6×1012 bovis pour la pyramide de Louxor (6×1012 Å = ondes radio).

Comment peut-on mesurer des valeurs aussi élevées alors que la réglette de 30 cm est limitée à 10 000 bovis ? Pour un radiesthésiste ce n’est pas difficile : il suffit de changer les graduations de la réglette de 30 cm, de passer par exemple d’une échelle de 0 à 10 000 à une échelle de 0 à 1 000 000 et le tour est joué : le pendule s’adaptera tout seul !

Récemment, toutes ces approximations ont quand même amené certains radiesthésistes à se poser des questions sur le bien-fondé de cette échelle et à faire remarquer que si l’énergie des ondes électro-magnétiques peut bien être reliée à leur longueur d’onde 3, le « taux vibratoire », lui, étant d’une nature inconnue, ne peut être estimé que selon ses propres lois, qui ne sont pas physiques. Autrement dit, ils ne voient pas bien le rapport entre la couleur d’un objet, d’un lieu, d’un être vivant, avec son « taux vibratoire ». Finalement, selon eux, le bovis ne peut qu’être arbitraire et relatif. Ces dernières remarques les amènent à se demander s’il ne vaudrait pas mieux abandonner le bovis… Mais alors que valent tous les résultats décrits antérieurement ? Si l’accessoire principal des radiesthésistes, le pendule, donne des mesures fantaisistes qui ont été, et sont encore, aveuglément considérées comme fiables pendant une cinquantaine d’années, cela est propre à jeter un discrédit certain sur la méthode elle-même et les conclusions qu’elle a développées à partir de ces données. On ne peut pas accepter les fondements d’une approche qui donne des résultats dépendant du ressenti de l’opérateur.

1 L’angström (symbole : Å) est une unité de longueur valant 10–10 m. Il est utilisé comme unité de mesure du rayon atomique (0,25 à 3 Å) et des longueurs d’onde de la lumière (4 000 et 7 500 Å, approximativement, pour le visible).

2 http://www.zetetique.fr/index.php/blog/435-article-bovis-radiesthesie

3 L’énergie E d’un photon lumineux s’exprime en fonction de la longueur d’onde λ par la relation de Planck : E={h*c\over \lambda} , où les constantes h et c sont respectivement la constante de Planck et la vitesse de la lumière dans le vide.