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Regards sur la science

Homéopathie et portable

Publié en ligne le 1er février 2013 - Homéopathie -

Au XIIe siècle, hérésie et mauvais choix étaient, conformément à l’étymologie, synonymes. L’erreur, décrétée par l’Église, ne pouvait plus être réexaminée et toute tentative d’argumentation était déclarée schismatique, vouée à l’opprobre et punie. Il n’en est pas autrement aujourd’hui. Voyons cela, ami lecteur.

Aucune expérience n’a démontré la nocivité des ondes émises par les portables ou les antennes. Pourtant, en vertu d’un vague principe de précaution, des voix s’élèvent pour en déconseiller l’emploi au nom de dangers éventuels (et de la science qui ne sait pas tout).

Parallèlement, les différents essais thérapeutiques portant sur les « médicaments » homéopathiques n’ont dénoté aucun résultat supérieur au placebo, c’est-à-dire aucun bénéfice résultant de leur administration. Cependant, d’aucuns en préconisent l’emploi, évoquant de possibles effets bénéfiques encore invisibles (au nom de la science qui ne sait pas tout).

Nous pouvons nous étonner du paradoxe qui consiste à examiner et à juger de ce qui est inconnu (la science ne traite que de ce qui est patent). Pour aller plus loin, essayons de juger rationnellement de cette position irrationnelle.

Le jugement dénote un rejet de la science. La médecine « naturelle » qui prône les bienfaits des simples, même à des dilutions infinitésimales (homéopathiques) est un dogme soutenu par un motto : « Les semblables sont guéris par les semblables ». Est, par conséquent, hérétique celui qui s’oppose à une doxa vague, mais qui frappe les esprits par sa généralité. « L’erreur qui s’exprime par sentences émet des affirmations aussi péremptoires que trompeuses » affirmait le philosophe Joseph Joubert (1754-1824) en d’autres temps.

Là réside l’antagonisme. La science procède à l’étude de ce qui peut être considéré comme une vérité par un examen du détail (par l’expérience ou par le calcul) qui confirme ou infirme la théorie : une contradiction amène le progrès de la connaissance. Ainsi, une infirmation de la théorie fait la force de la science, mais pour les opposants au raisonnement, c’est un aveu de faiblesse : si la science se trompe une fois, ne se tromperait-elle pas toujours ? Pourquoi croirions-nous, disent ses opposants, en une discipline dont le moteur est l’erreur ?

Le dogme est, au contraire, par définition, irréfutable. Voilà qui est plus simple, plus reposant. Sur ces bases, le choix est fait : les hommes aiment se soumettre à une métaphysique irréfutable et c’est le sentiment qui les guide. Aussi, vous reprendrez bien un peu d’homéopathie ? Cela ne peut pas faire de mal ! Sauf peut-être si l’injonction est faite sur un téléphone portable.

Publié dans le n° 301 de la revue


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L' auteur

Philippe Boulanger

Philippe Boulanger est physicien et fondateur de la revue Pour la Science. Il est membre du comité de parrainage (...)

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