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11 septembre : dialogue avec Bruno Courcelle

Publié en ligne le 10 octobre 2011 - Attentats du 11 septembre -
SPS n° 299, janvier 2012
Nous publions ici notre réponse à la lettre que nous a adressé Bruno Courcelle suite à notre numéro hors-série dédié au 11 septembre (voir SPS n°296). La lettre complète suit la réponse ci-dessous.

Merci pour l’intérêt que vous portez à notre action. En réponse à votre lettre à propos de notre numéro spécial de Science et pseudo-sciences consacré aux attentats du 11 septembre, et avant de rentrer dans le détail de chacun des arguments, permettez-nous tout d’abord de préciser quelques éléments fondamentaux de notre démarche.

Science ou politique ?

Dans votre conclusion, vous regrettez que nous ne tenions « aucun compte des interrogations de nature politique et administrative » et que nous nous attachions à « démontrer la faiblesse des arguments scientifiques et techniques ».

En réalité, c’est bien là notre point de départ. L’objectif de ce numéro spécial était principalement d’examiner les allégations scientifiques et techniques, indépendamment des « interrogations de nature politique et administrative ». Notre dossier s’est placé sur un plan technique et scientifique, et la géopolitique n’a jamais influé sur la mécanique des structures, la métallurgie, la dynamique des fluides, la chimie ou les statistiques.

C’est d’ailleurs une constance de notre action de toujours séparer la question de la véracité scientifique de celle de l’idéologie. Cette dernière n’a rien à dire sur la connaissance scientifique. C’est même un leitmotiv pour nous (OGM, ondes électromagnétiques pour ne prendre que deux exemples récents dans l’actualité). En d’autres termes, ce n’est pas parce que l’on serait convaincu que l’administration Bush a mené une politique de tromperie sur le plan politique, qu’elle a utilisé les attentats pour envahir l’Irak, qu’elle a menti sur les armes de destruction massive, qu’il faudrait en déduire quoique ce soit sur les causes de l’effondrement des tours, ou l’analyse des débris retrouvés autour du Pentagone. Inversement, rejeter les « théories du complot de l’intérieur » ne légitime pas d’avantage la politique de Bush en Irak ou ailleurs.

Vous terminez votre lettre par cette remarque : « Devant des discussions d’experts qu’il est difficile d’arbitrer, le lecteur est incité à s’écarter avec un mépris hautain des mouvements de recherche de vérité, assimilés à des propagateurs de rumeurs ». Si, comme vous le dites, il est « difficile d’arbitrer » sur le plan scientifique, alors, que pensez-vous que les lecteurs doivent aller chercher sur les sites de « recherche de la vérité » ? Si ce ne sont pas des éléments pour comprendre le côté scientifique, c’est bien de l’idéologie ? Nous pensons de notre côté qu’il est possible aux lecteurs qui le souhaitent, non pas d’arbitrer des « discussions d’experts », mais comprendre par eux-mêmes la réalité scientifique des choses. En tout cas, tel était l’objectif de notre numéro.

Rumeurs et présentation « équilibrée »

Vous regrettez que nous n’ayons pas réalisé « une présentation équilibrée des thèses en présence [qui] aurait pu remplacer ce terme [rumeurs] par “opinion assez largement partagée”, ce qui est objectivement vrai et neutre quant à la validité. »

Il est exact que nous n’avons pas la vision « équilibrée » des choses que vous évoquez. L’objectivité n’est pas de mettre à égalité toutes les thèses, celle de la création et celle de l’évolution de Darwin, celle des partisans de l’astrologie et celle des astrophysiciens, celles des homéopathes et celles des partisans de la médecine scientifique. La thèse d’un écroulement des tours par la pose d’explosif, et l’absence d’un avion sur le Pentagone ont, pour nous, le statut de rumeur. Et c’est ce que nous avons montré dans notre numéro spécial.

Pour nous, aucun mépris pour ceux qui croient en l’homéopathie, à l’astrologie, ou pensent que Dieu a créé la Terre il y a 6000 ans. Nous ne sommes pas sur le terrain moral, mais simplement sur celui de la réalité et de la connaissance scientifique.

Il est vrai que bon nombre de partisans de l’homéopathie, de la Création ou de l’astrologie nous estiment méprisant dès lors que nous argumentons contre leurs croyances (et pas contre eux ou leur engagement). Il en est de même sur les attentats du 11 septembre. Oui, certains scénarios relèvent du paranormal. Le penser et le dire n’a rien de méprisant.

Le « mouvement pour la vérité »

« Réclamer l’ouverture d’une nouvelle enquête plus approfondie que celle du rapport officiel de 2004, ce n’est pas la même chose que défendre tel ou tel scénario particulier affirmant telle ou telle complicité d’officiels ou d’institutions des Etats-Unis. »

Comme vous le relevez vous-mêmes, notre introduction précise bien les choses, « les mouvements contestant la “version officielle” des événements du 11 septembre 2001 se déclinent en trois versions principales ». Nous ajoutons bien que « ces trois postures ne sont pas identiques, mais la subtilité des mouvements “conspirationnistes” est de jouer sur l’ensemble des trois tableaux, utilisant les interrogations légitimes (par exemple, celles relatives à la défaillance des services secrets), les questions qui ne sont a priori pas iconoclastes (l’enquête a-t-elle été parfaite ?) pour laisser entendre que toutes les carences réelles ou imaginées sont révélatrices d’une volonté de cacher “une vérité qui dérange”, c’est-à-dire un complot venant de l’intérieur, un inside job. »

Notre numéro ne se prononce pas sur la réouverture d’une enquête, sur l’attitude de l’administration Bush, sur la défaillance des services secrets. Mais simplement sur ce que la science peut dire par rapport à des scénarios qui affirment l’impossibilité de la destruction des tours par le seul impact d’un avion de ligne, ou l’incompatibilité d’un avion de ligne sur le Pentagone avec les éléments recueillis ou observés.

Il nous semble que les choses sont sans ambigüité de notre côté. Ce qui n’est pas souvent le cas du côté des partisans de la « vérité ». Derrière des revendications qui peuvent rencontrer une large adhésion (« l’administration Bush ne nous a pas tout dit, il faut reprendre l’enquête, les services secrets savaient des choses », etc.), la plupart des promoteurs de ces affirmations se gardent de donner leur avis sur certaines questions précises, comme celle de l’absence supposée d’un avion sur le Pentagone.

Reprenant l’analogie avec les opposants à la théorie de l’évolution, on constate qu’une partie des militants actifs sur ce sujet se contentent des questions qui semblent « de bon sens » au néophyte, sans dévoiler leurs propres opinions sur le Créationnisme ou l’évolution (« comment avec votre théorie de l’évolution basée sur le hasard expliquez-vous la complexité des yeux », « pourquoi ne prenez-vous pas en compte telle ou telle “découverte” », etc.).

Quel « rapport officiel » ?

Apparemment, tout au long de votre lettre, vous faites référence à « l’enquête officielle » en désignant le rapport de 2004 (de la « commission 911 »), destinée à établir la chaîne de responsabilité dans la survenue des attentats, et vous nous reprochez de « défendre » ce rapport.

Tout d’abord, nous ne défendons pas un « rapport », ou une « version officielle », mais confrontons des affirmations précises à la réalité des enquêtes techniques et l’état des connaissances dans différents domaines scientifiques. Par ailleurs, le rapport officiel de la « commission 911 » (les enquêteurs étaient des parlementaires et des juristes) n’est quasiment jamais évoqué dans le dossier, mais surtout jamais défendu ou critiqué puisqu’il ne relève nullement du domaine de la science.

Sur le plan scientifique donc, le seul qui nous intéresse, les investigations en matière d’ingénierie forensique ont été menées par beaucoup d’entités différentes, qu’elles soient issues des personnes chargées des situations d’urgence aux Etats-Unis (FEMA), de celles établissant les normes en vigueur dans la construction (NIST), mais aussi toute une série d’études indépendantes provenant de scientifiques d’autres pays et tout aussi intéressés par les attentats sur le plan technique. Plus de 70 articles ont été recensés par notre collaborateur Jérôme Quirant sur son site jusqu’en 2009, et il en sort encore en 2011, preuve que quiconque ayant des choses intéressantes à publier sur le sujet peut le faire sans souci.

Les questions techniques précises que vous soulevez

Votre lettre affirme qu’« il est faux que les articles de SPS296 invalident scientifiquement les explications alternatives ». Mais malheureusement, vous ne donnez que très peu d’éléments précis à l’encontre des articles détaillés que nous avons publiés. Sauf oubli, nous reprenons l’exhaustivité des arguments techniques de votre lettre.

Pourquoi l’acier des tours a-t-il été évacué si vite sans permettre une étude qui aurait peut-être expliqué son comportement au feu ?

Sur quoi repose cette affirmation de votre part ? Tout un chapitre dans le rapport du NIST (chapitre 3 référencé NIST NCSTAR 1-3, 1630 pages) est dédié à la caractérisation du comportement de cet acier, de ses faciès de rupture sur les différents éléments, de la détermination de sa température de transition (limite entre le comportement ductile et fragile), de l’étude métallographique de la structure… Il serait trop long ici d’en faire la liste complète, tant les études ont été précises et exhaustives, sur plusieurs centaines de pages. Il est vrai que ce n’est pas l’intégralité des 200 000 tonnes environ d’acier présent dans les tours qui a été conservé pour études. Pourquoi ? Tout simplement parce que l’acier est le matériau qui a sûrement été le plus étudié au monde, et qui, c’est un de ses gros avantages par rapport à d’autres matériaux (béton, bois, etc.), voit ses propriétés conserver une constance remarquable d’un échantillon à l’autre. Il n’y avait donc pas besoin de conserver tout cet amas de ferraille pendant des années pour faire des milliers de fois les mêmes tests donnant les mêmes résultats. La caractérisation des propriétés, pour chacune des nuances d’acier utilisées (poteaux, poutres, structure treillis, etc.), suffisait pour mener à bien ensuite des simulations fidèles à la réalité sur l’ensemble de la tour.

Par ailleurs, contrairement à ce que vous dites, les témoignages n’ont pas été omis, ils ont même fait l’objet d’un chapitre entier du NIST, où ils ont été minutieusement comptabilisés et analysés (chapitre 7 référencé NIST NCSTAR 1-7).

Concernant le Pentagone, J. Quirant (pp. 54-57) ne fournit aucune photo qui indiquerait que c’est bien un avion de 36 mètres d’envergure qui s’est encastré dans le bâtiment. Il en donne une qui donne à penser le contraire.

Bien évidemment, vous n’obtiendrez pas l’empreinte d’un avion comme dans les dessins animés de Tex Avery. Sur les tours jumelles, non plus, le bout des ailes n’a pas sectionné la structure. C’était pire au Pentagone puisque la façade était renforcée pour résister à des attaques à la voiture piégée. Mais une brèche a été créée sur plus de 25 mètres au rez-de-chaussée, causant l’effondrement ultérieur du bâtiment sur cette zone. Cela montre bien la grande envergure de l’astronef ayant percuté le Pentagone. Par ailleurs, des débris de l’avion ont été trouvés et dûment répertoriés lors de l’enquête judiciaire. Des photos sont publiques.

Et il écrit sans sourciller que « des traces ADN de chacun des passagers » ont été retrouvées, alors que l’avion se serait « volatilisé » ! [Pentagone]

Bien sûr, aucun des enquêteurs de l’ASCE ayant rédigé le rapport technique sur le Pentagone n’a pu dire, et encore moins écrire, que l’avion s’était « volatilisé », un terme qui n’a strictement aucune signification sur le plan scientifique. L’avion a juste été déchiqueté et retrouvé éparpillé en milliers de morceaux (voir photos), de taille plus ou moins importante. Vous vous étonnez qu’on ait pu retrouver des traces ADN, mais, contrairement aux tours jumelles, l’incendie a été rapidement maîtrisé et la combustion des corps est un processus long et délicat (La combustion spontanée du corps humain : mythe ou réalité ?).

Sur l’effondrement des trois tours (pp. 17-49) [...] les paramètres des simulations du NIST restent secrets. Pourquoi ?

Le rapport final du NIST qui contient près de douze mille pages au total a été rendu public. En particulier le chapitre 5 (2650 pages avec les annexes) donne le détail du modèle utilisé pour calculer l’élévation des températures dans les étages. La première partie du chapitre 6 (1750 pages en tout) explicite chacun des modèles et paramètres utilisés dans les simulations numériques pour les matériaux (en corrélation avec le chapitre 3 qui procède justement à une étude détaillée de ces matériaux, et décrit l’ensemble des tests permettant de caractériser leur comportement, y compris lors de l’élévation de température). On peut voir comment 29 types d’aciers différents sont pris en compte : évolution en fonction de la température des modules d’élasticité, de la limite élastique et de la limite à rupture, du coefficient de dilatation, du fluage, etc.

Les revêtements anti-feu ont bien pu être détruits aux niveaux touchés par les avions, mais pas dans les étages inférieurs. Comme l’acier conduit bien la chaleur, on peut admettre que tous les piliers aient été « ramollis ». Mais qu’ils s’écroulent simultanément devrait être expliqué. Et les projections horizontales de matériaux sur plus de 100 mètres enflammant (comment ?) la tour 7 (mais pas la 6 ?) ne sont pas expliquées.

Les intervenants de ce numéro, qui sont des experts scientifiques dans ce domaine, n’ont trouvé rien de choquant là dedans, et pour tout dire, un enchaînement de faits somme toute assez logique. La raison principale aux effondrements brutaux, est que la coiffe supérieure des tours (hat-truss) a permis de redistribuer les charges des éléments défaillants vers les autres, évitant ainsi un effondrement partiel. C’est ce qui a maintenu l’intégrité des étages supérieurs aux incendies, jusqu’à leur chute finale, quasiment d’un bloc. Les témoignages étaient cependant nombreux de mouvements inquiétants de la structure, précurseurs de la catastrophe finale.

Quant au fait que des projections se soient produites jusqu’à 100 mètres, compte tenu du fait que les tours faisaient plus de 400 mètres de haut, cela n’a rien de bien surprenant par rapport au chaos généré.

Le scénario exact et définitif est-il établi ?

Le scénario reconstitué explique bien l’enchaînement des événements, de façon cohérente avec les connaissances scientifiques. Pour autant, comme de tels événements sont singuliers (ce n’est pas tous les jours que des avions percutent des tours), il est possible que les scénarios s’affinent avec les recherches sur la structure des matériaux, leur comportement dans les conditions extrêmes, etc. Mais ceci ne rendra pas pour autant vraisemblable ou possible des explications qui sont contradictoires avec la connaissance scientifique.

Bien cordialement, et au plaisir de vous lire.

La rédaction
Le 23 septembre 2011

Lettre de Bruno Courcelle

Je viens de lire le numéro 296 de la revue Science et pseudo-sciences (SPS n° 296, juillet 2011) consacré à réfuter les critiques formulées par le Mouvement pour la Vérité sur le 11 Septembre 2001 contre le rapport officiel de 2004 (j’entends par « Mouvement pour la Vérité » l’ensemble des associations qui réclament l’ouverture d’une nouvelle enquête). Je pense que ce numéro n’est pas à la hauteur de ce qu’on aurait pu attendre de votre revue(*).

Au risque d’être un peu long, voici mes observations. Pour bien séparer les questions, je ferai d’abord quelques observations générales :

  1. Réclamer l’ouverture d’une nouvelle enquête plus approfondie que celle du rapport officiel de 2004, ce n’est pas la même chose que défendre tel ou tel scénario particulier affirmant telle ou telle complicité d’officiels ou d’institutions des États-Unis. Malheureusement, SPS296 confond les deux malgré la précaution oratoire de la page 2 qui est tout de suite oubliée. Page 83, l’article tente de ridiculiser les demandes sérieuses en remarquant que des farfelus proposent des « explications » de type « paranormal » de l’effondrement des tours. Il met « dans le même sac » tous ceux qui contestent le rapport officiel.
  2. Les critiques du rapport officiel qui justifient l’exigence d’ouverture d’une enquête sérieuse mettent en avant deux types d’incohérences et de points obscurs dans ce rapport :
  • Des impossibilités (ou des interrogations) scientifiques et techniques ; SPS296 conteste celles qui concernent les 3 tours et le Pentagone.
  • Des incohérences, des obscurités et des négligences de nature différente : omissions de témoignages, incohérences politiques ou administratives. Quelques exemples : pourquoi l’acier des tours a-t-il été évacué si vite sans permettre une étude qui aurait peut-être expliqué son comportement au feu ? (C’est une dissimulation de preuves. D’autres sont rapportées par Griffin). Des exercices militaires étaient programmés le 11 Septembre. Les terroristes en ont-ils été informés ? Pourquoi le FBI refuse-t-il toujours de montrer les 85 vidéos du Pentagone prises par des caméras automatiques ? (Même si elles ne montrent rien, les divulguer lèverait les suspicions que le FBI cache quelque chose). La plupart des arguments présentés à l’appui des demandes de nouvelle enquête sont de ce type. C’est carrément faux que « tout le mouvement pour la vérité se concentre sur les impossibilités techniques » (p.6, milieu). P.D. Scott dans son excellent livre « La route vers le nouveau désordre mondial » ne discute pas les questions scientifiques et techniques. Mais son livre n’en est pas moins convaincant sur la nécessité d’une enquête sérieuse.

D’un point de vue logique SPS296 est construit ainsi :

 les scénarios pour le WTC et le Pentagone décrits dans le rapport officiel de 2004 sont techniquement possibles ;

 « donc » (principe d’Ockham) les hypothèses alternatives (« inside job ») ne méritent pas d’être discutées des points de vue scientifiques et techniques ; l’objection unique à l’hypothèse de démolitions contrôlées est qu’elles sont difficiles à mettre en œuvre (c’est clair), mais pas qu’elles contredisent les documents. Sont passés sous silence les nombreux témoignages relatifs à des explosions et beaucoup d’autres interrogations non scientifiques (cf. mon point B.2) ;

 « donc » les hypothèses alternatives confondues avec les questions légitimes sur un rapport bâclé relèvent de la « rumeur ».

La faiblesse logique de l’argumentation est évidente. Il est faux que les articles de SPS296 invalident scientifiquement les explications alternatives (comme écrit page 5, avant dernier paragraphe).

Le parti pris de SPS296 est clair dès la couverture : « La rumeur confrontée à la science » au lieu de, par exemple, « les doutes sur le rapport officiel sont-ils justifiés ? » Le terme « rumeur » est péjoratif. Une présentation équilibrée des thèses en présence aurait pu remplacer ce terme par « opinion assez largement partagée », ce qui est objectivement vrai et neutre quant à la validité.

Concernant les aspects scientifiques et techniques, la situation est de mon point de vue délicate : il m’est difficile d’arbitrer entre des points de vue d’experts opposés. Je suis « scientifique » mais ni en génie civil, ni en physique ou en chimie. Un exemple : dans SPS296, J. Belotti juge possible que des pilotes entraînés sur simulateur aient pu atteindre leurs cibles (notamment le Pentagone), alors que M. Charpentier, tout aussi qualifié, juge le contraire (voir site de ReOpen911). Qui croire ?

L’article sur la chimie qui conteste l’article de S. Jones et N. Harrit est très documenté, mais sauf à être chimiste, on ne peut guère le comprendre complètement et apprécier sa pertinence. J’admets que la revue où Jones et Harrit ont publié n’est pas de premier plan. Je ne défendrai pas la nano-thermite, mais je pense néanmoins que des explosifs ont été utilisés. Cet article ne critique qu’un aspect secondaire.

[Sur le passage qui suit, à propos du Pentagone, Bruno Courcelle nous fait savoir qu’il a révisé sa position, qu’il était convaincu que c’était bien l’avion AA77 qui s’était écrasé]

Concernant le Pentagone, J. Quirant (pp. 54-57) ne fournit aucune photo qui indiquerait que c’est bien un avion de 36 mètres d’envergure qui s’est encastré dans le bâtiment. Il en donne une qui donne à penser le contraire. Et il écrit sans sourciller que « des traces ADN de chacun des passagers » ont été retrouvées, alors que l’avion se serait « volatilisé » ! On trouve au contraire sur http://www.911studies.com/ une démonstration que beaucoup de photos « officielles » sont truquées (les pelouses du Pentagone y sont toujours vert-pomme !).

Sur l’effondrement des trois tours (pp. 17-49) : les exposés de base sont instructifs mais les discussions sur le cas des tours sont plutôt vagues. Certaines font référence à des simulations informatiques par le NIST et par M. Levy. Mais les paramètres des simulations du NIST restent secrets. Pourquoi ? On doit croire les résultats sur parole. On relève au passage des arguments un peu rapides (p.34) : les revêtements anti-feu ont bien pu être détruits aux niveaux touchés par les avions, mais pas dans les étages inférieurs. Comme l’acier conduit bien la chaleur, on peut admettre que tous les piliers aient été « ramollis ». Mais qu’ils s’écroulent simultanément devrait être expliqué. Et les projections horizontales de matériaux sur plus de 100 mètres enflammant (comment ?) la tour 7 (mais pas la 6 ?) ne sont pas expliquées. Les questions techniques non abordées sont nombreuses.
Les pages 81 à 95 visent « la propagation des rumeurs » et les aspects politiques des revendications de vérité. Elles éclairent l’ensemble du numéro : son objectif est de ridiculiser les sceptiques. Admettant même que quelques critiques formulées par le Mouvement pour la Vérité aient été invalidées, les nombreuses questions posées demeurent et ne justifient pas le mépris attaché aux « rumeurs ».

Ma conclusion : Ce numéro spécial de Science et pseudo-sciences ne tient aucun compte des interrogations de nature politique et administrative, ni des témoignages omis par le rapport de 2004, mais il s’attache à démontrer la faiblesse des arguments scientifiques et techniques qui pointent l’insuffisance (pour ne pas dire plus, voir les livres de P.D. Scott et R. Griffin) du rapport officiel de 2004.

Devant des discussions d’experts qu’il est difficile d’arbitrer, le lecteur est incité à s’écarter avec un mépris hautain des mouvements de recherche de vérité, assimilés à des propagateurs de rumeurs.

Le 7 septembre 2011
Bruno Courcelle
Professeur à l’Université Bordeaux 1

* J’approuve l’essentiel des critiques de Yves Ducourneau formulées dans : http://www.iceberg911.net/yvesduc-F.html. J’évite donc de reproduire son argumentation.