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Deux co-auteurs du rapport de l’Afsset sur les radiofréquences s’expriment

Publié en ligne le 2 juin 2010 - Ondes électromagnétiques -
par Anne Perrin et Catherine Yardin - SPS n° 290, avril 2010

La présentation du rapport d’expertise collective de l’Afsset sur les radiofréquences, le 15 octobre 2009, a suscité stupéfaction et incompréhension dans le milieu scientifique concerné.

Ce document a été rédigé par le « Groupe de travail Radiofréquences » composé conjointement d’experts des aspects biologiques, sanitaires et techniques liés aux radiofréquences, et de spécialistes des aspects psychologiques et sociétaux liés au risque. Il conclut à une absence de risque sanitaire avéré des radiofréquences, mais ces conclusions rassurantes n’ont guère été mises en avant lors de la présentation du rapport et de sa diffusion à la presse. Notamment, des conclusions sans ambiguïté ont été dégagées à partir d’un travail d’analyse systématique de tous les articles de recherche sur les effets biologiques des radiofréquences parus depuis Janvier 2005 : « Les conclusions du groupe de travail sont donc fondées sur des travaux rigoureux et sur des résultats concordants obtenus par plusieurs études différentes. Au vu de l’analyse détaillée et critique des travaux effectuée par le groupe de travail, et compte tenu par ailleurs de l’état antérieur des connaissances, aucune preuve convaincante d’un effet biologique particulier des radiofréquences n’est apportée pour des niveaux d’exposition non thermiques, dans les conditions expérimentales testées. »

Parmi les 226 études biologiques analysées, il est étonnant que seules les 11 études méthodologiquement correctes faisant état d’un effet biologique soient évoquées de manière récurrente, alors que les 86 autres études – également rigoureuses – ne montrant pas d’effet sont marginalisées. Or, ces 11 études, après analyse détaillée, ne constituent pas un « signal d’alerte », elles ne convergent pas vers un effet cohérent et elles n’ont pas été répliquées. Toute suspicion d’un effet biologique potentiellement néfaste pour la santé à des niveaux d’expositions rencontrés au quotidien aurait évidemment donné lieu à des recommandations spécifiques de précaution, même en l’attente de réplication. Tel n’est pas le cas, et un discours alarmiste s’appuyant sur ces études pour justifier des actions est infondé.

Personne ne conteste les recommandations de l’Afsset de réduire les expositions aux radiofréquences dans la mesure où cela est technologiquement possible. Elles apparaissent comme des mesures de bon sens qu’il n’est pas nécessaire de faire endosser par les scientifiques en surévaluant arbitrairement l’incertitude scientifique. Ces recommandations peuvent se justifier par ailleurs : sobriété énergétique, limitation des expositions inutiles, prise en compte des préoccupations de la population, compromis avec les opposants... Une restitution claire et transparente de l’expertise scientifique aux citoyens est indispensable, séparée de la présentation des choix de gouvernance de la société. Il est déplorable d’effectuer un tel travail d’expertise pour évaluer un risque si c’est pour ensuite ne pas en tenir compte au profit de discours équivoques. Nous souscrivons à l’avis des trois académies de médecine, sciences et technologies qui pointent du doigt le hiatus entre le contenu même du rapport, ses conclusions et la communication dont il a fait l’objet.


Publié dans le n° 290 de la revue


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L' auteur

Anne Perrin

Titulaire d’un doctorat en biologie et d’un master en philosophie, expert-conseil scientifique sur le thème « (...)

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