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L’OMS préconise la pulvérisation de DDT à l’intérieur des maisons pour lutter contre le paludisme

Publié en ligne le 6 août 2009 - Santé et médicament -

Dans un communiqué publié le 15 septembre 2006, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a fait savoir que, près de 30 ans après l’abandon progressif de la pulvérisation à grande échelle de DDT et autre insecticide dans les habitations pour lutter contre le paludisme, cette méthode allait à nouveau jouer un rôle important dans son combat contre la maladie. Elle recommande désormais la pulvérisation de cet insecticide à l’intérieur des habitations non seulement dans les zones d’épidémie palustre, mais aussi dans celles où la transmission de la maladie est constamment élevée notamment dans toute l’Afrique.

L’OMS estime enfin que « l’utilisation de DDT à l’intérieur des habitations est sans danger pour la santé ». Le Dr Anarfi Asamoa-Baah, Sous-Directeur général de l’OMS chargé du VIH/SIDA, de la tuberculose et du paludisme déclare que « les données scientifiques et programmatiques justifient sans conteste cette réévaluation » et il ajoute que « la pulvérisation d’insecticide à effet rémanent dans les maisons est utile pour réduire rapidement le nombre de personnes contaminées par les moustiques porteurs de la maladie. Elle s’est révélée d’un aussi bon rapport coût/efficacité que les autres mesures de prévention du paludisme et le DDT ne présente pas de risque pour la santé s’il est correctement utilisé. »

« Nous devons fonder notre position sur la science et les données objectives », a expliqué le Dr Arata Kochi, Directeur du Programme mondial de lutte antipaludique à l’OMS. « L’une des meilleures armes que nous ayons contre le paludisme est la pulvérisation d’insecticide à effet rémanent dans les habitations. Sur la douzaine d’insecticides que l’OMS juge sans danger pour cet usage, le plus efficace est le DDT. »

La pulvérisation d’insecticide à effet rémanent à l’intérieur des habitations consiste à appliquer des insecticides à effet longue durée sur les murs et le toit des maisons et des abris pour animaux domestiques afin de tuer les moustiques porteurs du paludisme qui se posent sur ces surfaces.

« Pulvériser des insecticides dans les habitations, c’est comme tendre une énorme moustiquaire au-dessus d’une maison pour la protéger 24 heures sur 24 », a expliqué le Sénateur américain Tom Coburn, l’un des principaux avocats de la lutte antipaludique dans le monde. « Grâce à la position claire de l’OMS sur la question, nous pouvons enfin couper court aux mythes et prétendues données scientifiques qui n’ont fait qu’aider les vrais ennemis, les moustiques, qui mettent en danger la vie de plus de 300 millions d’enfants chaque année. »

La pulvérisation d’insecticide à effet rémanent dans les habitations réduit la transmission du paludisme dans une proportion pouvant atteindre 90 %. L’Inde est parvenue autrefois à diminuer considérablement la morbidité et la mortalité palustres en pulvérisant du DDT dans les habitations. L’Afrique du Sud a réinstauré la pulvérisation de DDT pour maintenir la morbidité et la mortalité aux taux les plus bas jamais enregistrés et progresser vers l’élimination de la maladie. Aujourd’hui 14 pays d’Afrique subsaharienne pratiquent la pulvérisation d’insecticide à effet rémanent dans les habitations et dix d’entre eux utilisent du DDT.

L’OMS a également lancé un appel à tous les responsables de programmes de lutte antipaludique dans le monde pour qu’ils énoncent clairement leur position sur la pulvérisation d’insecticides à effet longue durée comme le DDT à l’intérieur des habitations, en indiquant où et quand seront effectuées ces pulvérisations conformément aux directives de l’OMS et quels moyens ils mettront en oeuvre pour accélérer et bien gérer cette intervention.

On ne peut que se féliciter de voir l’OMS retrouver la raison et écouter enfin les appels de tous les scientifiques qui, lors de la Conférence de Johannesburg, en juillet 2000, se sont élevés contre la prétention des organisations écologistes d’interdire définitivement le DDT dans le monde entier – alors qu’il l’était déjà depuis 1972 dans la plupart des pays riches (donc exempts de paludisme). Il est dommage qu’il ait fallu plusieurs décennies pour que l’organisation se range du côté de la science, alors que le communiqué rappelle lui-même qu’on recense chaque année plus de 500 millions de cas de paludisme aigu, dont plus d’un million sont mortels, qu’on estime que 3 000 enfants et nourrissons meurent chaque jour du paludisme dans le monde et que, chaque année, 10 000 femmes enceintes succombent à la maladie en Afrique.

Cet article a été publié pour la première fois en février 2007 sur le site Les pseudo-médecines.


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L' auteur

Jean Brissonnet

Agrégé de physique, a créé et développé le site www.pseudo-medecines.org. Il a été vice-président de l’AFIS de (...)

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