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Vioxx, Celebrex et compagnie

Publié en ligne le 25 août 2005 -

Un quatrième anti-inflammatoire, le naproxène, est apparu en décembre 2004 sur les écrans radars des médicaments soupçonnés de provoquer des troubles cardiaques. Après le Vioxx, le Celebrex et le Bextra. Mais qu’est-ce qui se passe ?

Cette crise est-elle le résultat d’études bâclées ?

Non. Tout médicament, pour être approuvé par les autorités d’un pays (en l’occurrence, la Food and Drug Administration, ou FDA, aux États-Unis) doit passer par une batterie de tests qui permettent de détecter les effets secondaires à court ou à moyen terme. Mais un changement malsain s’est produit récemment. Les pressions du public -et de l’industrie pharmaceutique- pour qu’un médicament à première vue efficace soit approuvé plus vite ont conduit la FDA, il y a quelques années, à assouplir ses critères. Résultat : les effets secondaires de cette classe de médicaments n’ont pu être détectés à temps.

Quand tout cela a-t-il commencé ?

Cette crise politique a pourtant une origine noble : il y a une quinzaine d’années, quand est apparu pour la première fois un médicament capable de lutter efficacement contre le VIH, le virus responsable du sida, les autorités américaines ont donné leur accord pour qu’il soit rapidement mis en marché, sans passer par les tests habituels (qui auraient alors pu prendre des années). De fil en aiguille, d’autres groupes de pression se sont mis à demander d’autres exceptions, avec le résultat auquel on fait face maintenant.

Qu’ont en commun le Vioxx, le Celebrex, le Bextra et le Naproxène ?

Ils font partie d’une catégorie particulière de médicaments anti-inflammatoires, principalement utilisés pour lutter contre les douleurs causées par l’arthrite. On les appelle inhibiteurs de Cox-2.

Sont-ils utilisés uniquement contre l’arthrite ?

En fait, les scientifiques ont encore beaucoup de choses à expliquer autour des mécanismes de l’anti-inflammation. C’est ce qui a conduit plusieurs d’entre eux sur différentes pistes, dont celle du cancer : sachant qu’un cancer est, en caricaturant, une forme d’inflammation alimentée par de nouveaux vaisseaux sanguins, serait-il possible que ces inhibiteurs de Cox-2 puissent lutter contre le cancer ? Au début des années 2000, des études ont été menées à ce sujet, et c’est là que, pour la première fois, une hausse des troubles cardiaques a été constatée.

Tous ceux qui utilisent ces médicaments sont-ils à risque de développer des troubles cardiaques ?

Non, pour deux raisons.
 1) La première, les doses utilisées dans ces études anti-cancer étaient de loin supérieures aux doses que prennent les arthritiques. Soit dit en passant, dans le cas du Vioxx, l’étude a démontré que ce médicament était véritablement plus efficace que tout autre médicament pour prévenir le cancer du côlon.
 2) La deuxième raison, c’est dans une faible proportion des patients testés qu’on a découvert ce risque accru de problèmes cardiaques. A ce jour, on ignore ce que ces patients-là ont de particulier.


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