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Un peu de science dans votre bière ?

Publié en ligne le 17 août 2005 -
par Erwan Le Fur

Londres, automne 2030. Le paysage audiovisuel britannique s’apprête à accueillir la toute nouvelle émission de télé-réalité. Le concept : un candidat innocent qui voit son profil génétique dévoilé devant des millions de téléspectateurs. Au début flatté, il déchante vite en apprenant qu’il est porteur du gène de la fibrose kystique. Il ira même jusqu’à provoquer une pause publicitaire imprévue, s’offusquant qu’une telle information puisse parvenir aux oreilles de sa compagnie d’assurance ou de son employeur !

Plausible ? Peu importe. En fait, cette « émission », mise en scène sous la forme d’une pièce de théâtre par l’équipe de Frank Burnet, directeur du programme de sciences graphiques à l’University of West England à Bristol, a pour objectif d’amener les spectateurs de la pièce à s’interroger sur les enjeux sociaux qu’impliquent les rapides développements en génétique.

L’équipe de M. Burnet travaille depuis sept ans à développer des outils de communication interactifs (pièces de théâtre dans les écoles, quiz dans les bars ou les supermarchés, animation d’ateliers dans les festivals scientifiques) afin de permettre à M. Tout-le-monde de mieux saisir la complexité des nouvelles technologies et de leurs impacts sur son quotidien. Ce faisant, le chercheur espère « ranimer l’intérêt du citoyen pour les sciences mais aussi le réconcilier avec les scientifiques souvent perçus comme des êtres étranges, éloignés des préoccupations du public ».

Le besoin semble urgent si l’on en croit plusieurs études et notamment un sondage réalisé en 2001 par l’Eurobaromètre, révélant que près des deux tiers des Européens s’estiment mal informés sur la science et la technologie. Or un citoyen mal informé est un citoyen qui se désintéresse et qui en viendra éventuellement à se demander s’il est utile de financer des activités dans lesquelles il ne se sent pas impliqué.

Selon M. Burnet, les journalistes scientifiques ne sont en aucun cas responsables. Cette situation trouve plutôt sa cause dans le décalage entre l’information « inévitablement à sens unique », telle qu’elle est proposée dans les médias et les nouveaux besoins du néophyte face à des sujets de plus en plus complexes.

Ajoutez à ce déficit d’information un petit scandale alimentaire qui viendrait miner la crédibilité des scientifiques, comme ce fut le cas lors de la crise de la vache folle en Angleterre, et vous obtenez une situation intenable. À tel point, s’inquiète M. Burnet, qu’« au Royaume-Uni, il existe une véritable angoisse de la part de la communauté scientifique de voir le public refuser de continuer à la financer ».



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