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Sauvez les OGM

Publié en ligne le 22 mai 2009
Sauvez les OGM

Jean-Claude Jaillette
Hachette Littératures, 2009, 245 pages, 16,50 €

Si seuls les imbéciles ne changent pas d’avis, alors Jean-Claude Jaillette n’en est pas un. En effet, l’auteur du livre Sauvez les OGM (Hachette littératures, 2009) fut responsable en novembre 1996 de l’article de Libération intitulé « Alerte au soja fou », que d’aucuns considèrent comme le lancement en France du lynchage médiatique des OGM.

Pour J.-C. Jaillette, les OGM sont « minés par l’idéologie », on oublie le lien étroit entre recherche scientifique et principe de précaution (on invoque ce principe alors que « des milliers d’études menés par des scientifiques tendent à prouver que [cette technologie] est sans danger [sanitaire] »). Pour l’auteur, il faut sauver les OGM car ils sont indispensables pour relever les défis qui ont pour noms : avenir de l’agriculture française, pauvreté, nourrir la planète. L’auteur rappelle cruellement (Première Partie, Chapitre VIII) qu’« autour de la France barricadée », la recherche continue : Monsanto investit 2 millions de dollars par jour dans ses programmes, alors que Madame Pécresse annonce un hypothétique et imprécis plan de 45 millions d’euros... sur 3 ans ! La première partie du livre se termine sur la dénonciation d’une « imposture » : pourquoi l’activisme contre les OGM de Greenpeace est-il quasi absent aux États-Unis (là où se concentrent 50 % des cultures OGM) et si virulent en Europe (où la culture des OGM est marginale) ? Réponse de l’auteur : une affaire de gros sous pour l’organisation « toujours à la recherche des meilleurs créneaux pour drainer des contributions financières ».

La seconde partie dissèque l’accord passé entre Alain Juppé et les écologistes, pour les amener au Grenelle de l’environnement (les OGM contre le nucléaire), les manœuvres du gouvernement et du Sénateur Le Grand (pour aboutir à l’activation de la clause de sauvegarde contre le maïs MON810) et rappelle les insultes de Nicolas Hulot à l’encontre des scientifiques (« nervis des lobbies pro-OGM ») opposés à cette interdiction.

J.-C. Jaillette n’est pas plus tendre avec ses confrères journalistes, notamment Paul Moreira, implicitement accusé d’« intox » (au sujet du reportage « OGM : l’étude qui accuse » diffusé par Canal+), et dans la troisième partie, la « grande prêtresse » Marie-Monique Robin, dont il rappelle le passé controversé (son reportage « les Voleurs d’yeux » sur un soi-disant trafic d’organes) et la similitude de méthode utilisée contre Monsanto : une « lecture partielle et partiale [pour] accréditer la thèse ».

« La religion anti-OGM a besoin de martyrs », mais J.-C. Jaillette refuse de manière étayée la béatification de l’agriculteur Percy Schmeiser (attaqué en justice par Monsanto) et des chercheurs privés de crédits, dont Arpad Pusztai et Manuela Malastesta, pour cause de résultats soi-disant dérangeants mais en fait simplement de mauvaise qualité.

On pardonnera à l’auteur quelques approximations (exemple : la transgenèse végétale utilise une bactérie passeuse naturelle de gènes dans les plantes, et non un virus) pour retenir ce fait historique : « le mensonge a changé de camp. Du pouvoir politique et des industriels, il a gagné [...] le contre-pouvoir »...


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