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Pourquoi les chimpanzés ne parlent pas ?

Publié en ligne le 26 octobre 2009
Pourquoi les chimpanzés ne parlent pas ?
Et 30 autres questions sur le cerveau de l’homme

Laurent Cohen
Éditions Odile Jacob, 2009, 255 pages, 25 €

Aujourd’hui, notre ignorance est encore immense dans tous ces domaines, mais au moins sommes-nous certains qu’ils sont accessibles à une approche scientifique classique, celle-là même qui a fait ses preuves dans la compréhension du monde physique, la chimie ou la biologie moléculaire. Aucune question n’est désormais interdite.

Extrait, page 243.

Le cerveau humain a toujours fasciné : centre de la conscience, de nos pensées, mais aussi de toutes nos capacités physiques et cognitives, sa complexité semble incommensurable : des milliards de neurones organisés et interconnectés pilotent toutes sortes de prouesses, de la vision au raisonnement, du langage aux pensées et aux rêves. Pourtant, depuis plus d’un siècle, mais particulièrement depuis quelques dizaines d’années, la connaissance progresse rapidement. Les chercheurs mettent en œuvre simultanément diverses approches. L’observation clinique de patients victimes de lésions cérébrales, de malformations ou de déficiences, reste une source irremplaçable : elle nous montre « en creux » l’impact sur nos capacités de la défaillance d’une partie de notre cerveau. Mais aussi, dans certains cas, le bénéfice d’une configuration « anormale ». Les techniques d’IRM (imagerie par résonance magnétique) sont maintenant une source privilégiée de connaissance : elles permettent, de façon très précise, d’identifier les parties du cerveau qui sont activées lors de telle ou telle activité, et on ne compte plus les expériences où le patient doit effectuer des tas de tests, électrodes branchées, dans le cylindre de l’IRM. Enfin, l’expérimentation animale peut venir en complément.

Sous la forme de trente entretiens 1, faciles à lire et très variés, l’auteur aborde des questions aussi diverses que la taille du cerveau (vaut-il mieux en avoir un gros ?), le cerveau des experts (est-il particulier ?), l’oreille absolue et, à l’inverse, l’amusie (dont sont victimes ceux qui sont incapables de reconnaître la hauteur relative de deux notes, et ne distinguent pas le bruit de la mélodie), l’autisme, la formation du langage et les troubles du langage, l’apprentissage de la lecture, le calcul mental et les surdoués des opérations arithmétiques, la reconnaissance des visages, des émotions sur un visage, les « membres fantômes » (l’impression de présence d’un membre amputé) et les hallucinations, la synesthésie (le mélange de différents modes de perception), la mémoire et ses différents troubles, le rôle du sommeil dans les apprentissages, les migraines, le bégaiement, etc.

Certains chapitres développent de façon passionnante des sujets que nous avons commencé à traiter dans notre revue : les différentes formes d’hallucinations et la difficulté pour ceux qui en sont victimes de faire la part des choses avec le réel, les « souvenirs retrouvés », ces faux souvenirs, de viols ou d’inceste souvent, « réveillés » par une psychanalyse (et donnant lieu à des procès où des parents innocents se sont vus traînés dans la boue et parfois condamnés – en particulier aux USA). Un chapitre traite de l’effet placebo, de la véritable activation du cerveau avec la libération d’endorphines ou de dopamines, suite à l’administration d’un médicament sans produit actif, et de son utilisation dans le traitement de certaines affections (douleurs, maladie de Parkinson).

Ce livre remet en place bon nombre d’idées reçues, et est une invitation à découvrir un champ de recherche en pleine expansion, qui concerne à la fois le traitement de certains troubles et de certaines maladies, et la connaissance de l’organe humain le plus fascinant.

1 En réalité, 32. Le titre laisse entendre 31 questions sur le cerveau de l’homme. Mais le 32e entretien cherche à répondre à une autre question : « Qu’est-ce qu’un neurologue ? ». Pourquoi et comment devient-on neurologue, à quoi servent les neurologues, et comment se passe une consultation.


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Publié dans le n° 288 de la revue


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Auteur de la note

Jean-Paul Krivine

Rédacteur en chef de la revue Science et pseudo-sciences

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