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Poltergeists - Maisons hantées et les mystères du téléphone

Publié en ligne le 11 juillet 2004 - Paranormal -
par Michel Rouzé - SPS n° 127-128

Poltergeist, qui a fait son apparition sur nos écrans, inaugure une ingénieuse collaboration entre l’industrie cinématographique de HollyWood et les parapsychologues professionnels américains, eux aussi en quête d’un certain renouvellement. Trois d’entre eux, Charles Tart, William Roll et Scott Rogo, ont conclu un accord avec le cinéaste Steven Spielberg pour aider au succès commercial de cette histoire de maison hantée. lis ont signé des déclarations affirmant l’authenticité des phénomènes paranormaux qui font trembler les spectateurs : apparitions fugitives de visages grimaçants, scènes de suspense avec accompagnement musical mystérieux, meubles et, êtres humains soulevés en l’air. Le lancement publicitaire a fait bon usage de ces textes. Ce n’est que justice si les auteurs ont eu leur part des recettes de l’entreprise.

Le paranormal a déjà inspiré de nombreux films, certains plaisants à voir (Carrie, Les yeux de Laura Mars, etc.) et les histoires de fantômes et de maisons hantées ne datent pas d’aujourd’hui. La littérature en a fait grand usage. Ce qui est nouveau, c’est que des producteurs rémunèrent des cautions soi-disant scientifiques pour donner une apparence de crédibilité à leur marchandise. Quant aux parapsychologues, qui semblent n’avoir pas inventé grand-chose de nouveau au cours de ces dernières années, ils trouvent dans leur collaboration avec le cinéma un bon moyen de se rappeler à l’attention du public.

Aux États-Unis, des termes comme le sigle ESP (extra-sensory perception) ou Poltergeist sont entrés dans l’usage commun. En France, où le marketing du paranormal a été moins bien organisé (peut-être le terrain était-il moins favorable), beaucoup de gens, récemment encore, n’avaient jamais entendu parler de poltergeist. Il est vrai que nous disposions d’une expression ancienne à peu près synonyme : esprit frappeur. Et que la chose est connue depuis des siècles. Un grand spécialiste en parapsychologie, Robert Amadou, a raconté lui-même comment, vers le milieu du XVIe siècle, un esprit frappeur, durant de nombreuses nuits, troubla le sommeil des moines cordeliers d’Orléans. Il se manifestait dans un coin du dortoir et répondait aux questions qu’on lui posait selon un code semblable à celui des spirites modernes. C’était l’âme de Louise de Mareau, femme du prévôt de la ville, suspecte de sympathiser avec les huguenots. Des enquêteurs se rendirent sur les lieux, et le veuf lui-même, qui ne croyait guère aux apparitions de feu son épouse, soupçonna un moine nommé Alicourt de n’être pas étranger à ces manifestations diaboliques. Il le fit « coucher en un grabat » et surveiller étroitement. Et, cette nuit-là, « ne fut aucune chose ouîe ni aperçue ». Le lendemain, Alicourt avoua sa supercherie, dut faire amende honorable et fut condamné au bannissement perpétuel.

Au long des siècles, dit encore Amadou, la jurisprudence a fait état de hantises et s’est interrogée sur les droits de résiliation de bail par les locataires d’une maison hantée... Si, depuis la Révolution, les tribunaux français n’admettent pas la possibilité de hantises, la loi anglaise la reconnaît encore. Pour ne citer qu’un exemple, le 2 août 1952, le tribunal londonien de Hammersmith accorda une réduction de loyer aux occupants d’une maison importunés par d’étranges bouleversements. Il nous souvient d’avoir vu, il y a quelques années, un charmant dessin animé de Walt Disney dans lequel, sur la pancarte signalant une villa à vendre, les acquéreurs éventuels pouvaient lire cet honnête avertissement : stightly haunted house (« maison légèrement hantée »). C’est évidemment une regrettable lacune de notre législation immobilière et locative que de n’avoir pas prévu ce motif de réduction des prix.

Bien que, de nos jours, les esprits frappeurs se manifestent de préférence dans les pays anglophones, c’est le terme allemand Poitergeist (« lutin », « esprit tapageur ») qui a prévalu dans la littérature parapsychologique.

Les revenants (avec ou sans. drap de lit et cliquetis de chaînes) sont une variété particulière de poltergeists. L’un des plus célèbres est celui qui au siècle dernier troubla en Amérique les nuits de la famille Fox et fut à l’origine du spiritisme. Les lutins sont plus amusants ; leurs farces sont variées. Des meubles se déplacent, des portes ou des fenêtres claquent sans courant d’air apparent, des assiettes se cassent toutes seules dans les buffets, des sonnettes carillonnent même après qu’on a coupé le cordon ou le fil électrique. Des draps sont brutalement arrachés sous des personnes endormies, les lits parfois renversés. Des flammes peuvent jaillir dans le lit. Ou bien il tombe sur la maison des objets étranges : pierres qui s’arrêtent en l’air ou se dirigent vers une cible déterminée, cendres, boue.

Les histoires les plus classiques restent celles où (comme dans le cas de la ferme des Fox) une maison est fréquentée par un fantôme qui de temps à autre se montre aux habitants. Ces visites peuvent s’accompagner de phénomènes physiques, comme dans l’observation publiée par les Annales des sciences psychiques -. « Dès que M. Proctor eut habité la maison, des bruits de pas se firent entendre, que les autres locataires purent aussi percevoir. Deux mois après, une figure apparut à la fenêtre. Un autre soir, le gardien, sa femme et sa fille virent un prêtre avec son étole qui leur apparut pendant dix minutes. Puis des coups furent frappés et pendant six mois se reproduisirent. Une nuit, un ami de M. Proctor qui était venu se loger là dut se lever, effrayé par la vue d’un fantôme et par des bruits épouvantables. Des êtres invisibles appelaient par leur nom les personnes qui habitaient la maison... »

Pour les spirites, les fantômes sont des morts qui rendent visite aux vivants. Ce qui rejoint une croyance traditionnelle bien ancrée dans le folklore et dans la littérature, comme l’attestent le Banco de Shakespeare ou la statue du Commandeur dans le Dom Juan de Molière. Pour quelques parapsychologues actuels, le fantôme est une hallucination individuelle ou collective, souvent liée à une communication télépathique, ce qui explique qu’il puisse être porteur d’un message véridique, comme dans les cas d’annonces de mort ou de prémonitions. Quant aux coups dans les murs, aux danses de mobilier et charivaris de pierres ou de vaisselle, ils s’apparentent aux autres phénomènes de télékinésie (ou télékinèse) engendrés par les médiums. Il se trouve que les maisons hantées sont toujours habitées par des vivants, presque jamais des maisons vides : parmi les occupants, il peut y avoir un médium qui s’ignore.

Ici intervient une objection d’ordre statistique. Les histoires de hantise sont très fréquentes. C’est même leur abondance, et le désir de tirer au clair le problème de leur possible relation avec les esprits de l’au-delà, qui fut un des motifs de la fondation de la Société britannique pour la recherche psychique (le mot anglais psychic est l’équivalent de notre « métapsychique » ou « parapsychologique »). Un des dirigeants de cette société, Podmore, a analysé des milliers d’observations. Une de ses conclusions les plus frappantes (confirmée en France et dans d’autres pays) est que dans presque tous les cas se trouve impliqué un adolescent ou une adolescente, à un âge voisin de la puberté, et plus souvent une fille qu’un garçon. Souvent aussi c’est un arriéré mental ou un enfant physiquement handicapé. Cette situation peut avoir suscité en lui des sentiments d’hostilité à l’égard d’un entourage familial dont il se juge incompris. Psychologiquement, il est quelque peu mythomane et exhibitionniste, désireux de se rendre intéressant ou de dominer les adultes en les effrayant. On se rappelle l’affaire des « feux spontanés » de Séron qui terrorisa une famille et attira dans ce petit village pyrénéen une foule de journalistes, de voyantes et de, parapsychologues (dont le « professeur » toulousain Lignon) jusqu’à ce que les gendarmes, qui menaient tranquillement leur enquête, démasquent les coupables : le fils de la famille et une adolescente qui y était employée. Ils utilisaient des substances chimiques que les illusionnistes se procurent dans les boutiques spécialisées.

 Au terme de son enquête sur la masse de rapports enregistrés par la S.P.R., Frank Podmore affirma que les manifestations de Poltergeist étaient fabriquées par des jeunes, surtout du sexe féminin, et n’avaient rien de paranormal. Sa théorie, plaisamment baptisée « théorie de la vilaine petite fille » (naughty iittie girl theory), fut combattue à boulets rouges, mais sans grand succès, par quelques membres de la S.P.R., qui lui opposèrent des récits anciens mal vérifiables. De la mystification délibérée à la frayeur enfantine communiquée aux adultes par suggestion, tous les cas intermédiaires sont possibles, selon la personnalité plus ou moins hystérique ou caractérielle des enfants concernés. Un enfant peut percevoir le premier un bruit sans réalité objective ou un quelconque craquement qu’il interprète de façon délirante, et communiquer son hallucination à l’entourage.

Un métapychiste allemand, Rudolf Tischner, raconte qu’il a lui-même observé plusieurs soirs de suite les phénomènes de hantise qui se déroulaient dans la maison d’une Mme Bruno : « Des graffiti apparaissaient sur le mur blanchi à la chaux de la maison, comme si on y avait écrit avec un doigt trempé dans l’eau ; des apparitions lumineuses s’étaient aussi produites. Je n’assistai qu’une fois à des projections d’eau, un des phénomènes habituels, alors que j’étais assis le dos tourné à la porte et que Mme Bruno entrait dans la pièce ; tout indiquait qu’elle en était l’auteur. De plus, je fus atteint deux fois par des projectiles au moment où je venais d’éteindre la lumière et n’étais pas encore habitué à l’obscurité ; la première fois c’était un morceau de charbon, la seconde des ciseaux à broder, qui fort heureusement ne m’atteignirent pas au visage mais dans le cou ; ces ciseaux étaient un instant auparavant sur la table devant laquelle se tenaient Mme Bruno et sa fille. » Et Tischner précise qu’une réunion de « soi-disant occultistes » s’était prononcée pour l’authenticité de cette hantise.

Les parapsychologues excellent à interpréter en faveur de leurs thèses des faits qui, pour le simple bon sens, jetteraient le doute sur l’authenticité du paranormal. Le parapsychologue français Robert Tocquet raconte comment il fut sollicité de se rendre dans un village proche de Chartres pour désenvoûter les habitants d’une ferme hantée où l’on entendait des bruits effrayants et où les portes et les fenêtres se refermaient d’elles-mêmes : « J’acquis rapidement la conviction, après une enquête sur les lieux (où je trouvai l’adolescent habituel, au surplus infirme et psychiquement déficient), que ces manifestations étaient réelles. Les voisins, les gendarmes, le curé du ;village en avaient été maintes fois les témoins. Ce dernier bénit même la maison et déposa des médailles de saint Benoît dans les tiroirs des meubles afin de faire cesser les phénomènes, mais sans résultats. » N’ayant lui-même rien observé, le professeur s’apprête à quitter la ferme, quand survient le gendre de la fermière, qui avait assisté à la plupart des manifestations, lesquelles « avaient manifestement provoqué en lui un certain état névropathique ». L’homme convie Tocquet à venir chez lui, car il y entendra à coup sûr des bruits inexplicables, moins forts que ceux qu’on entend chez sa belle-mère, mais sûrement de même nature. « Rendu à sa maison, rapporte Tocquet, j’entendis effectivement des bruits, mais ils étaient incontestablement produits par des rats qui avaient élu domicile entre le plancher et le plafond de la chambre et qui tantôt déambulaient ou se livraient à de véritables galopades, tantôt grignotaient quelques noix. Le doute n’était pas permis. »

Interprétation de Tocquet : « Une hantise, que je considère comme vraie, avait conduit à une interprétation incorrecte. » Mais qui nous dit qu’il n’y avait pas aussi des rats chez la belle-mère, entre des cloisons plus sonores, ou quelque autre cause naturelle de bruit ? Notre parapsychologue, qui n’a rien pu entendre dans la première maison, n’en conclut pas moins à l’authenticité de son Poltergeist, sur le témoignage du curé et des gendarmes, qui ont pu eux-mêmes être abusés. C’est vraiment fragile pour une enquête qui se veut scientifique !

En notre seul XXe siècle, les parapsychologues ont recueilli des milliers de témoignages sur des maisons hantées par des poltergeists. Mais, ainsi que le note Robert Amadou lui-même, très rarement une de ces maisons a reçu la visite d’experts compétents, munis d’un appareillage scientifique de contrôle et d’enregistrement. Pendant les quatre années où il dirigea l’institut métapsychique de Paris, le docteur Geley (célèbre notamment pour ses moulages de mains de fantômes) ne fut alerté qu’une seule fois. En compagnie du professeur Charles Richet, il se rendit sur les lieux. Les deux hommes passèrent plusieurs soirées à attendre les phénomènes promis. Ils ne virent rien venir.

Chacun peut, selon son humeur, admirer ou regretter qu’un homme comme Charles Richet, dont les travaux ont compté dans l’histoire de la médecine, ait consacré une part de son existence à observer dans le noir les exploits de la fameuse Eusapia Palladino et d’autres médiums (tous pris un jour en flagrant délit de supercherie) ou à guetter le bon vouloir des esprits frappeurs. Après avoir tenté de mettre sur pied une théorie du « sixième sens », à laquelle il dut renoncer, il en vint, à la fin de sa longue vie, à avouer son désenchantement : « Nous n’avons aucune hypothèse sérieuse à présenter. Je crois à l’hypothèse inconnue qui sera celle de demain, hypothèse que je ne peux formuler, car je ne la connais pas... À l’heure actuelle, tout est ténèbres encore. »

Pour un scientifique qui s’est laissé abuser et qui confesse son désarroi, combien de charlatans ? Mais le cas le plus curieux est celui de quelques chercheurs qui, s’étant lancés dans l’étude des phénomènes paranormaux, ont vite démasqué les fraudes puis se sont rendu compte qu’il serait plus rentable d’utiliser d’une autre manière leurs compétences acquises.

William Roll dirige la Fondation pour la recherche psychique de Durham, en Caroline du Nord. Il a été le collaborateur du célèbre Joseph Rhine, le fondateur de la parapsychologie contemporaine. Il a raconté lui-même comment il se donna le luxe, en 1964, de démasquer à Mexico un médium nommé Luis Martinez, qui pratiquait son métier depuis une trentaine d’années et attirait de nombreux clients. Parmi eux figurait le général José Alvarez y Alvarez, ancien chef d’état-major de l’armée mexicaine lequel jurait avoir vu un jour Martinez s’élever par lévitation dans un, lourd fauteuil et flotter en l’air.

Martinez était surtout connu pour les formes humaines entièrement matérialisées qui se manifestaient au cours des séances. W. Roll put assister à trois d’entre elles, dans un appartement de Mexico. Son compte rendu est rédigé dans le style objectif des rapports scientifiques ; il parle de lui-même à la troisième personne. Au cours des séances, quatorze assistants environ étaient entassés dans une petite pièce, assis le long des murs. « La pièce était plongée dans le noir pendant la séance et les assistants étaient priés de se tenir par la main afin de créer une force psychique, Le médium fut hypnotisé par M. Lopez, propriétaire de l’appartement. Peu après, de faibles lumières apparurent et circulèrent autour de la pièce. L’une d’elles se transforma d’abord en visage, puis en une forme entièrement matérialisée. Il y en eut environ six à chaque séance, qui apparaissaient une par une. Quelquefois, les participants reconnaissaient dans les formes des parents morts. Certaines des apparitions administraient un traitement psychique en passant les mains au-dessus des parties malades des spectateurs. Elles étaient recouvertes d’une sorte de drap. Certaines portaient la barbe mais, cela mis à part, elles se ressemblaient toutes et mesuraient toutes environ 5 pieds 3 pouces (1, 60 m). »

C’est alors que Roll s’avise de la présence, en bout de rang du public, de la femme du propriétaire, Mme Lopez, dont la taille est celle des apparitions. À la place quelle occupe, elle n’a qu’une main à tenir. C’est celle de sa belle-sœur. Roll suppose qu’elle lâche cette main pour se déguiser en apparition. Roll avait apporté avec lui un appareil photographique et un matériel équipé à l’infrarouge permettant de prendre des photos dans le noir, mais on ne lui permit pas de s’en servir, Il ne pouvait opérer en cachette, puisqu’on lui tenait les mains. Il ne voulait pas non plus provoquer un scandale qui l’aurait brouillé avec la personne qui l’avait présenté à Martinez et l’aidait à entrer en contact avec d’autres médiums mexicains. Reprenons directement son récit : « Afin de démasquer la coupable sans perturber la séance, Roll se munit d’un petit couvercle qu’il emplit de pâte dentifrice. Avant le début de la troisième séance, il le plaça dans sa chaussure gauche, sous la cambrure du pied. Lorsque la forme fut assez près, il tendit le pied pour tenter de laisser une marque sur celui de l’apparition. Son pied heurta quelque chose de dur. La séance terminée, Roll aperçut une tache blanche sur l’une des chaussures de Mme Lopez. »

Aujourd’hui, William Roll est devenu l’un des trois conseillers techniques et garants « scientifiques » du film Poltergeist. En France, le professeur Rémy Chauvin et le soi-disant professeur Lignon en sont réduits à figurer de temps en temps à la télévision. Quel producteur français de films à grand spectacle comprendra enfin tout le parti qu’il pourrait tirer de leur compétence ?

À ce propos, on se souvient que les deux parapsychologues français que nous venons de citer ont occupé le petit écran, il n’y a pas longtemps, en compagnie de leur confrère allemand Hans Bender. (Voir AFIS n’11 8-1 19, La Parapsychologie à l’Université ou les charlatans à la télévision ?) Depuis, cet éminent spécialiste du paranormal s’est encore manifesté à propos d’une histoire incroyable qui s’est déroulée à Neutraubling, en Allemagne fédérale, et qui a été largement répercutée dans la presse et à la radio. Tout a commencé quand un dentiste nommé Kurt Bachseitz, qui parlait au téléphone avec une de ses clientes, entendit une voix inconnue se mêler brusquement à l’entretien en proférant : « Ne vous faites donc pas de souci. Ça n’ira pas mieux pour autant. » Le mystérieux correspondant se manifesta à plusieurs reprises, notamment en adressant de brûlantes déclarations d’amour à la jeune assistante du dentiste. L’administration des téléphones, avisée, installa une surveillance. Rien d’anormal ne fut détecté sur la ligne. Les ingénieurs se piquèrent au jeu : la voix inconnue les insultait si fort qu’ils l’entendaient en approchant de la maison, puis se taisait dès qu’ils entraient. Les clients du dentiste étaient interpellés, souvent en termes très gênants pour les femmes. On coupa complètement la ligne. Rien n’y fit. La radio de Munich diffusa un enregistrement de la voix : « Où êtes-vous allés et qu’avez-vous fait, bande d’imbéciles ? » Le parapsychologue Hans Bender, consulté, diagnostiqua un phénomène paranormal et relata une histoire du même genre qui s’était déjà produite en 1967. Un autre parapsychologue, Wolfgang Buchel, expliqua que l’étrange correspondant, qui se présentait lui-même sous le nom de « Chopper », était le produit de l’inconscient des habitants de la maison, qu’ils étaient incapables de contrôler. La vérité n’était pas tellement loin. Elle éclata lorsque la jeune assistante, cuisinée par le procureur de Munich, avoua que toute l’histoire avait été montée par le dentiste et par elle-même. S’étant exercés à la ventriloque, ils faisaient partir la voix de tous les coins de la maison. Sur sa demande, le dentiste est entré dans une maison de santé. Il évite ainsi des poursuites pour outrage à magistrat. Mais l’administration des postes lui réclame 60 000 deutschmarks pour les frais causés par l’enquête. « Chopper » ne dit plus rien. Les parapsychologues parlent toujours, mais d’autre chose.