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Le surpoids, c’est dans la tête ou dans l’assiette ?

Publié en ligne le 13 janvier 2020
Le surpoids, c’est dans la tête ou dans l’assiette ?
S’en sortir, c’est possible

Dr Jean-Michel Lecerf
Éditions Quæ, 2019, 151 pages, 19 €


D’après l’Organisation mondiale de la santé, le nombre de cas d’obésité dans le monde a presque triplé depuis 1975. En 2016, plus de 1,9 milliard d’adultes étaient en surpoids 1, et sur ce total, plus de 650 millions étaient obèses. En 2016, 41 millions d’enfants de moins de 5 ans étaient en surpoids ou obèses, de même que plus de 340 millions d’enfants et d’adolescents âgés de 5 à 19 ans. Le surpoids et l’obésité font davantage de morts que la malnutrition.

En France, bien que l’obésité et le surpoids se soient stabilisés entre 2006 et 2015, plus d’un homme adulte sur deux est concerné (54 %), contre 44 % des femmes. L’obésité seule touche 17 % des adultes français. Chacun croit donc connaître le surpoids et l’obésité et a son opinion sur ce problème de santé publique. Selon l’auteur, trop souvent l’équation simple « poids = calories = trop manger » fait partie de notre schéma mental avec comme solution miracle un régime hypocalorique.

L’ambition de ce livre est de démontrer que ce genre de raccourci n’est d’une part pas avéré, et est d’autre part contre-productif, voire dangereux. L’obésité est parfois génétique, parfois socio-culturelle, parfois les deux. L’expérience clinique de l’auteur et son écoute des patients montrent une réalité dans laquelle il n’y a pas « une » obésité mais « des personnes en situation d’obésité » tant la maladie est hétérogène dans son expression. L’obésité n’est pas une maladie exclusivement nutritionnelle mais une maladie dans laquelle la nutrition joue un rôle plus ou moins important, le plus souvent mêlé à de très nombreux facteurs plus ou moins modifiables (par exemple génétiques).

Après un panorama des raisons conduisant à la prise de poids, l’auteur passe en revue de façon accessible les mécanismes physiologiques et biochimiques qui prouvent que l’obésité est une maladie liée au dérèglement du tissu adipeux. Les conséquences psychologiques de la prise de poids ainsi que les conséquences mécaniques du surpoids sur différents organes et tissus (veines, articulations, troubles respiratoires, apnée du sommeil) sont également discutées.

La seconde partie du livre traite des moyens thérapeutiques mis en œuvre pour lutter contre l’obésité et des stratégies de prévention de la maladie, notamment par le sport, le contrôle de son alimentation et de son poids, mais aussi par la limitation de la publicité alimentaire. Les pistes de recherche clinique sont également abordées avec en particulier l’accent mis sur le rôle du microbiote intestinal.

Avoir un regard bienveillant, ne pas désigner de boucs émissaires, ne pas stigmatiser mais chercher à analyser et comprendre pour à la fois prévenir l’apparition de cette maladie et mieux aider les patients, telle est l’ambition affichée de ce livre clair, didactique et accessible. Sa lecture devrait permettre à tout un chacun de mieux comprendre que l’obésité est multifactorielle et donc de ne pas juger les obèses en pensant simplement qu’ils mangent de façon désordonnée.

1 Chez l’adulte, l’indice de masse corporelle (IMC) se calcule en divisant le poids (en kg) par le carré de la taille (m). Un IMC normal se situe entre 18,5 et 25. Le surpoids est défini par un IMC compris entre 25 et 30 kg/m2. L’obésité correspond à un IMC supérieur à 30 kg/m2. Chez l’enfant ou l’adolescent, la corpulence est déterminée en comparaison avec des courbes de courbes d’IMC de référence en fonction de l’âge et du sexe.


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