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La promotion des pseudo-médecines par le ministère des Armées

Publié en ligne le 25 août 2019 - Médecines alternatives -

Sur le compte YouTube officiel du ministère français des Armées est apparue le 25 juin 2019 une vidéo de deux minutes intitulée « Référentiel des pratiques de santé alternatives et complémentaires » [1].
Tout un ensemble de pratiques non conventionnelles est cité : yoga, hypnose, méditation, acupuncture, ostéopathie, naturopathie, sophrologie, chiropraxie, shiatsu, qi gong, auriculothérapie, cohérence cardiaque. Les commentaires mettent en avant leur contribution au bien-être : la pratique doit permettre de « rétablir l’équilibre entre le physique et le psychique, [de] remettre du mouvement dans le corps et l’esprit ». Pour chacune, une liste d’indications médicales est précisée. Par exemple, l’acupuncture permettrait de traiter l’anxiété, les douleurs, le syndrome de stress post-traumatique et les troubles de l’alimentation.

Sous la vidéo, le commentaire indiquait que les « pratiques se rapportent à un vaste ensemble de soins qui n’appartiennent pas à la tradition du pays et ne sont pas intégrés dans le système de santé dominant ». En effet, si ces pratiques ne font pas partie de la médecine, c’est parce qu’elles n’ont toujours pas apporté les preuves de leur efficacité pour améliorer la santé !

Des internautes ont protesté et la vidéo a été retirée début juillet, sans explication. L’Agence de l’innovation de défense n’a pas donné suite à notre demande d’explication quant au retrait de cette page de son site. Nous aurions pourtant été intéressés de savoir s’il s’agissait d’un simple dérapage, maintenant corrigé, ou d’une action bien plus profonde qui se poursuit de façon plus confidentielle.

Dans la vidéo, outre les logos d’une mutuelle de santé réservée aux militaires et d’un site Web de promotion des médecines non conventionnelles, on peut voir le logo de l’Agence de l’innovation de défense. Créée en 2018, cette agence du ministère des Armées a pour mission de « coordonner et piloter la mise en œuvre des travaux d’innovation et de recherche scientifique et technique » [2].

Pourquoi l’Agence de l’innovation de défense a-t-elle assuré la promotion des pseudo-médecines, en contradiction flagrante avec ses missions ? Car, outre la vidéo mise en ligne, sur le compte Twitter de l’agence, on peut voir que le « référentiel des pratiques complémentaires et alternatives » a été présenté et distribué au public sous la forme d’un petit livret bleu ! C’était à l’occasion de la journée nationale des blessés de l’armée de Terre le 22 juin au parc André Citroën à Paris [3].

Une recherche sur le site Web de l’Agence de l’innovation de défense avec les mots clefs « 3e journée nationale des blessés » renvoie maintenant la mention « Erreur »... La version en cache de la page, datée du 2 juillet 2019, est néanmoins accessible : elle permet de retrouver la première page de couverture du petit livret promotionnel et de constater que la promotion de ces pseudo-médecines est portée par un médecin en chef de l’Institut de recherche biomédicale des Armées (IRBA).

Références

 1 | Nous disposons d’une capture de la vidéo qui, retirée début juillet du site, n’est plus accessible.
 2 | Ministère des Armées. Agence d’innovation de défense.
 3 | Tweet du 22 juin 2019, sous le compte Twitter « Agence_ID ».


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L' auteur

Kévin Moris

Kévin Moris est ancien élève de l’École normale supérieure de Cachan et diplômé de l’École nationale supérieure de (...)

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Médecines alternatives

Médecines douces, médecines alternatives, médecines parallèles… différents termes désignent ces pratiques de soins non conventionnels qui ne sont ni reconnues sur le plan scientifique ni enseignées au cours de la formation initiale des professionnels de santé.

Voir aussi les thèmes : homéopathie, acupuncture, effet placebo.