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La critique de la science depuis 1968

Publié en ligne le 8 juin 2016
La critique de la science depuis 1968

Critique des sciences et études des sciences en France après Mai 68

Renaud Debailly

Hermann Éditeurs, Coll. Société et Pensées, 2015, 208 pages, 25 €

La quatrième de couverture du livre annonce que « les catastrophes sanitaires et écologiques (OGM, vache folle, Tchernobyl, etc.) ont contribué à affaiblir leurs perceptions distinctes… ». Mettre les OGM en tête de liste de catastrophes bien connues est sans doute vendeur mais ce livre mérite beaucoup mieux que cette annonce trompeuse.

L’auteur fait le constat que la position de la science dans la société a été profondément modifiée au cours des cinquante dernières années. Les mouvements sociaux de mai 68 et les décennies qui ont suivi, ont fait passer la perception et l’organisation de la science du statut de « science et société » à celui de « science en société ». Ces transformations ont eu tout d’abord comme cible l’abolition de la hiérarchie au niveau des laboratoires et des universités en faveur d’une cogestion allant jusqu’au choix des projets de recherche et d’enseignement. La science a alors bénéficié d’une vulgarisation souvent accompagnée d’une étude critique des projets et des résultats obtenus. Elle a progressivement perdu sa position privilégiée d’institution isolée de la société. Ceci a été possible grâce à sa démythification et à sa désacralisation.

Dans le même temps, le scientisme, bien établi, a été soigneusement combattu. Les liens évidents entre la science source de connaissance et ses applications sont stigmatisés et sont regroupés sous le nom de technosciences. Les laboratoires sont considérés comme soumis aux exigences des entreprises privées capitalistes. Les opposants les plus radicaux accusent le progrès d’être souvent inutile et donc nuisible car portant en lui des effets destructeurs pour la Terre. La science devient participative, ce qui implique une concertation approfondie entre les chercheurs et les citoyens pour le choix des projets à développer. Le principe de science participative comprend l’ouverture de laboratoires pour offrir à des citoyens la possibilité de contribuer effectivement à la recherche.

Le livre, bien documenté, relate de manière claire les différentes étapes qui ont conduit la science à se réformer profondément. Ce livre mérite d’être lu par les chercheurs et les enseignants qui ne se préoccupent pas ou trop peu de la science en société.


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