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L’œstrogène pour garder la mémoire

Publié en ligne le 1er juin 2006 -
par Mélody Enguix

L’œstrogène, pris au moment de la ménopause, prévient le déclin de la mémoire chez les femmes, selon les recherches de Barbara Sherwin, de l’Université McGill.

Barbara Sherwin étudie la psychoneuroendocrinologie. Comme elle l’explique, ce mot un peu effrayant désigne l’étude des effets possibles des hormones sur le cerveau. Et parmi toutes les hormones, celle qui a retenu son attention ces dernières années, c’est l’œstrogène. Elle est produite à 90 % par les ovaires. Lorsque, à partir de 60 ans, les ovaires d’une femme s’atrophient, le taux d’œstrogène devient aussi faible que pendant l’enfance. « Les ovaires semblent génétiquement programmés pour vivre une cinquantaine d’année, explique la chercheuse. Si bien qu’en dépit de l’allongement de l’espérance de vie, l’âge de la ménopause reste stable et le temps de vie post-ménopause augmente. »

Or, cette baisse du taux d’œstrogène jouerait un rôle-clé dans le vieillissement de la mémoire. Mais qu’on se rassure, pas toutes les formes de mémoire : « le vieillissement normal ne menace ni la mémoire immédiate, ni la mémoire des événements passés. Seul l’apprentissage de nouveaux éléments devient plus difficile avec l’âge. »

Contradiction

Au début, tout allait bien : les différentes études montraient clairement le lien entre œstrogène et mémoire. Une étude américaine à long terme, la Women’s Health Initiative Memory Study, portant sur plus de 4500 femmes de plus de 65 ans, aurait dû confirmer ces résultats. Mais au contraire, au terme de l’étude, la mémoire de celles qui, pendant quatre ans, avaient pris de l’œstrogène et la mémoire de celles qui n’avaient eu qu’un placebo, montraient le même déclin.

C’est en comparant les femmes étudiées que Barbara Sherwin a pu proposer une explication : et le facteur-clef, c’est l’âge. Si l’œstrogène peut protéger une femme jeune de futures pertes de mémoire, il est inutile une fois le processus de dégradation enclenché. De nouvelles études, sur des animaux et des humains, le confirment : la mémoire de rattes à qui on a enlevé les ovaires retrouve sa vivacité d’avant l’ablation si on leur donne de l’œstrogène dans les trois mois suivant l’opération, tandis qu’après 10 mois, le même traitement n’a plus d’effets.

D’où l’hypothèse d’une période critique : pour Barbara Sherwin, c’est dans une période de deux ou trois ans autour de la ménopause, soit vers 50-53 ans, que la prise d’œstrogène aurait des effets bénéfiques durables sur la mémoire d’une femme.


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