Accueil / En direct de l’ASP / Donner pour donner

Donner pour donner

Publié en ligne le 11 août 2006 -
par Isabelle Burgun

Donner son sang n’est pas un geste anodin. Une étude réalisée pour Héma-Québec le confirme : ceux qui n’ont jamais donné se disent moins tentés de donner cette partie d’eux-mêmes.

Ce qui pousse une personne à donner est dicté par sa norme morale. Lorsqu’elle donne du sang, elle fait alors une bonne action. « Si une personne ne donne pas du sang, c’est que ce comportement n’est pas associé à sa norme morale. Elle ne se sentira pas interpellée par les appels au don de sang », résume Gaston Godin, titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les comportements et la santé à la Faculté des sciences infirmières de l’Université Laval, l’auteur principal de cette étude.

Il existe aussi certains freins organisationnels : par exemple les centres de collectes sont surtout implantés dans les grandes villes. Mais ceux qui ont l’expérience du don de sang « sont plus à même de surmonter les barrières », affirme Gaston Godin.

L’étude publiée par la revue scientifique Vox Sanguinis se base sur un sondage réalisé par courrier en mai 2003 auprès de 4000 individus sélectionnés dans le fichier de l’assurance-maladie. Parmi eux, 1116 répondants ont été retenus, 489 donneurs et 627 non-donneurs.

Près de 3 % de la population québécoise donne son sang régulièrement. Conjugué aux campagnes ponctuelles, cela suffit à alimenter les banques de sang. Mais la population est vieillissante et les jeunes se sentent moins concernés. Les deux tiers des donneurs se retrouvent chez les 40-70 ans 1.

De fait, si 15 à 17 % de la population a déjà donné du sang, cette proportion va diminuant.

En plus de l’inquiétude de manquer de sang, il y a des raisons plus prosaïques de chercher à comprendre les motivations des gens. Héma-Québec fabrique des produits dérivés (plasma, plaquettes sanguines, etc.) : lorsque le sang ne coule pas à flot, ces produits sont importés - « payés en dollars américains », précise Gaston Godin - et pour assurer la sécurité de ce précieux approvisionnement, les contrôles sont augmentés, ce qui entraîne des coûts additionnels.

L’équipe du Pr Godin poursuit actuellement une autre étude pour cerner la motivation des donneurs à redonner du sang au cours des six mois suivants. Depuis un an, elle suit ainsi 2231 donneurs. L’objectif est de les retenir comme donneurs réguliers (ceux qui donnent quatre fois par an, ou plus). En matière de don de sang, le premier geste appelle les suivants. Donner amène à donner !

Site du Dr Godin :
http://www.godin.fsi.ulaval.ca/

1 Donneurs de sang

18-29 ans : 17, 3 %

30-39 ans : 15, 1 %

40-49 ans : 30 %

50-59 ans : 26, 6 %

60-69 ans : 10, 9 %

Source : Héma-Québec, 2004-2005


Partager cet article