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De Tchernobyl en tchernobyls

Publié en ligne le 31 janvier 2006
De Tchernobyl en tchernobyls

Charpak G., Garwin R.-L., Journé V.
Éditions Odile Jacob, 2005, 25,90 €

Ce livre va beaucoup plus loin que ne le laisse supposer son titre et déploie en fait un vaste panorama de tous les problèmes techniques et politiques que pose l’énergie nucléaire. On y aborde largement les applications civiles, mais l’accent est surtout mis sur les usages militaires, le démantèlement des arsenaux, les risques de prolifération ou de détournement à des fins terroristes. Sur ces derniers points, il peut apprendre beaucoup même aux spécialistes du cycle nucléaire civil.

Très sensibilisés aux risques de prolifération, les auteurs privilégient l’entreposage en l’état des combustibles irradiés, comme le font les Américains (quitte à les exploiter plus tard comme mines de plutonium), par rapport au retraitement pratiqué en France. Il n’ont pas de mal à dénoncer, outre les risques de détournement, l’absurdité économique qui consiste à recycler le plutonium dans les combustibles MOX. Mais ils oublient un peu vite que la solution française permet un confinement plus sûr des produits de fission et actinides.

Notons que les auteurs prennent position sans équivoque en faveur d’une relation de proportionnalité entre doses de rayonnements ionisants reçues et risque de cancer. Ils se séparent donc de ce que propose le récent rapport des Académies qui avance des arguments en faveur de l’existence d’un seuil ou même d’un effet protecteur des faibles doses.

Concernant les détournements à des fins terroristes, on est un peu surpris de lire que certaines méthodes d’obtention illégale de matières fissiles sont impraticables en raison des rayonnements que subiraient les opérateurs : c’est vrai si l’on respecte les normes, mais que se passe-t-il si l’on a affaire à des kamikazes ?

Toutes ces questions restent d’actualité, et le livre apporte d’utiles éléments de réflexion.

Dans la forme, le livre souffre d’avoir été écrit par trois auteurs : il y a des redites et les textes de l’auteur américain (Garwin) sont des traductions assez maladroites.