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Conférence du 9 octobre à Nantes sur les OGM : compte rendu

Publié en ligne le 11 octobre 2007 -
Communiqué de l’Association Nantes-Atlantique pour l’Information Scientifique (ANAIS), 10 octobre 2007.

La preuve par le Muséum

A l’issue de la semaine de la science 2006, l’Association Nantes Atlantique pour l’Information Scientifique (ANAIS) décidait de faire des OGM le thème central de sa participation 2007. Comme chaque année, rendez-vous était donné pour une conférence suivie d’un débat au Muséum d’Histoire Naturelle à Nantes. Elle invitait pour cela le biologiste Louis-Marie Houdebine membre du conseil scientifique de l’Association Française pour l’Information Scientifique (AFIS) dont l’association ligérienne forme un comité départemental.

Directeur de recherche à l’INRA, Louis-Marie Houdebine est un spécialiste de la transgénèse animale qu’il pratique dans son laboratoire depuis 1986. Il siége en tant qu’expert dans de multiples commissions de biosécurité à échelle nationale et internationale. Il est notamment membre de la commission biotechnologies de l’Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments (AFSSA) pour laquelle il est l’un des auteurs du rapport « OGM et alimentation : peut-on identifier et évaluer des bénéfices pour la santé ? ».

Un voyage au cœur des plantes

C’est devant une assistance nombreuse pour une conférence scientifique que Louis-Marie Houdebine s’excusait de ne pouvoir éviter une introduction un peu didactique. Cette présentation débouchait sur la caractérisation tant attendue par le public de ce qu’est une plante génétiquement modifiée : alors que la sélection classique se réalise en partant du constat des effets sur les plantes de mutations inconnues qui se produisent de façon aléatoire lors de la reproduction, une plante transgénique est une nouvelle variété de plante obtenue par l’ajout d’un gène connu à une variété plus ancienne pour obtenir un effet désiré ; par de nombreux exemples, végétaux et animaux, le conférencier illustrait que ces deux techniques non seulement ne s’opposent pas mais se complètent.

Ces bases données, Louis-Marie Houdebine dressait alors un rapide un état des lieux : plus de 10 millions d’agriculteurs dans 22 pays ont cultivé, en 2006, plus de 100 millions d’hectares plantés en semences transgéniques. Le soja est la plante génétiquement modifiée la plus cultivée dans le monde, suivie du maïs, du coton et du colza. En France les seules variétés cultivées sont celles de maïs assurant leur autodéfense contre la chenille de la pyrale : la plante produit par elle-même une protéine qui s’attaque au système digestif de l’insecte ravageur, rendant inutile l’épandage de la même toxine produite par le Bacille de Thuringe (Bt), bactérie très commune des sols, comme pratiqué en agriculture conventionnelle ou biologique.

Après un examen critique des procédures en vigueur, Louis-Marie Houdebine abordait enfin les différentes questions sanitaires et environnementales portées au centre des controverses et polémiques actuelles. Rejetant la problématique du « bien » et du « mal », l’expert s’en tenait délibérément à démêler le vrai du faux. C’est ainsi qu’il récusait ce qu’il caractérisait comme rumeurs voire comme mensonges (par exemple l’histoire souvent propagée de rats affectés par la consommation de maïs Mon863) mais qu’il dénonçait pareillement ce qu’il décrivait comme de mauvaises pratiques environnementales ou agronomiques acceptées par quelques pays : la culture intensive du colza au Canada (le colza , contrairement au maïs, est une plante disséminante) ; la commercialisation d’une variété de gazon résistant au Roundup aux Etats-Unis ; la croissance non maîtrisée de la monoculture du soja en Argentine.

Grenelle au Muséum

Lorsque le thème « OGM » avait été retenu pour 2007 il n’était alors nullement question ni d’un éventuel Grenelle de l’environnement, ni de la forte demande par les agriculteurs français de maïs Bt, ni du revers électoral de la Confédération Paysanne, ni encore d’une radicalisation dans la campagne anti-OGM. Par contre dès que le débat au Muséum s’est engagé il était clair que l’actualité de ces derniers mois avait rattrapé les organisateurs.

La discussion se structurait tout d’abord autour des arguments sanitaires et environnementaux des quelques militants anti-OGM présents mais il apparaissait rapidement que la salle ne leur était guère acquise et la perception d’un rapport des forces équilibré contribua probablement à une confrontation ferme mais correcte. Moins prolixes que leurs détracteurs quelques agriculteurs et acteurs de la filière biotechnologique montraient en effet dans la discussion qu’ils étaient bien, eux aussi, présents au Museum. Majoritairement l’assemblée se montrait fort curieuse et attentive, posait des questions qui sortaient des sentiers battus des credo militants, et cherchait à se faire une idée par elle-même. La posture de Louis-Marie Houdebine dans le débat contribuait à sa réussite : c’était celle d’un chercheur de la recherche publique ; « moi, je n’ai rien à vendre », affichait-il de façon ostensible tout en considérant qu’il faisait partie de ses obligations tant citoyennes que contractuelles de faire partager ses connaissances et expériences à la collectivité nationale qui l’emploie.

L’Association Nantes-Atlantique pour l’Information Scientifique se félicite, en réunissant dans un amphi des convictions partant opposées, d’avoir fait la preuve que « les OGM, on peut aussi en parler calmement » dès lors que l’on emploie « la science comme méthode et la raison comme outil ».

La conférence au muséum avait été précédée plus tôt dans la journée d’un forum à la FNAC de Nantes autour du livre « OGM, le vrai et le faux », lui aussi de bonne tenue, ainsi que d’une conférence de presse permettant de présenter le numéro spécial de la revue Science et pseudo-sciences éditée par l’Association Française pour l’Information Scientifique, numéro intégralement consacré aux OGM et intitulé « OGM : menace, fléau ou source de progrès ? ». Ce numéro (72 pages, 5,00 euros) est en vente chez les marchands de journaux ou, par correspondance, au siège de l’association, 14, rue de l’École Polytechnique, 75005 Paris.


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