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La guerre est une chose trop sérieuse pour la confier à des gens qui ont confiance en eux

Publié en ligne le 26 septembre 2006 -

S’agit-il d’une déclaration politique ou d’une recherche scientifique ? Qu’on en juge : les gens qui sont trop sûrs d’eux sont prompts à déclarer la guerre, mais peu doués pour gérer les batailles qui s’ensuivent. Cette affirmation ne sort pas d’un éditorial, mais d’une étude menée à l’Université du Connecticut... sur des participants à un jeu de guerre sur ordinateur.

Que signifie, en temps de guerre, être trop sûr de soi ? C’est s’illusionner, prendre ses rêves pour de la réalité, faire du renforcement positif : toutes des choses qui ont belle allure en psychologie mais peuvent être affreusement dévastatrices dans une guerre.

Dominic Johnson et ses collègues de l’Université Princeton ont recruté 200 volontaires pour jouer le rôle du chef d’un État fictif qui entre en conflit avec un autre pays pour cause de ressources naturelles – du diamant. Avant que ne commence le jeu, on a demandé aux volontaires de prédire où se situerait leur performance par rapport à celle des 199 autres – ce qui a permis de détecter ceux qui avaient la plus grande confiance en soi.

Chacun disposait de 100 millions $ qu’il pouvait investir dans son armée ou l’industrie ; il pouvait négocier avec les opposants, ou déclarer la guerre quand il le jugeait bon. Ceux qui avaient davantage confiance en eux étaient aussi les plus susceptibles de déclarer la guerre, voire une guerre-surprise... mais à la fin de la partie, ils étaient généralement parmi ceux qui avaient le moins bien réussi. « Ceux qui s’attendaient à faire mieux que les autres tendaient à faire pire que les autres », résument les chercheurs dans le journal Proceedings of the Royal Society B.

Il est impossible de ne pas tracer de parallèle avec une vraie guerre en cours : « on aimerait que le gouvernement Bush ait connu cette étude avant de lancer l’invasion de l’Iraq », déclare dans le New Scientist un politologue de l’Université du Connecticut invité à commenter.

Mais au-delà de ce simple constat, il y en a un autre, souligné également par le New Scientist : les chefs d’État actuels sont, en général, au-dessus de la moyenne pour ce qui est de la confiance en soi. C’est un trait de personnalité qui plaît beaucoup aux électeurs...


Mots-clés : Sociologie


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