Accueil / Communiqués / Boiron propose au Ministère de la Santé un « contrat de progrès »

Boiron propose au Ministère de la Santé un « contrat de progrès »

Publié en ligne le 2 juin 2004 -

L’AFIS dénonce une nouvelle opération marketing et réclame la levée du statut d’exception dont bénéficient les médicaments homéopathiques

Les laboratoires Boiron, le principal fabricant de granules homéopathiques en France et dans le monde, mènent une campagne, désintéressée bien sûr, pour la défense et la promotion de la médecine de Hahnemann. Des pages entières de grands journaux ont été achetées dans lesquelles Christian Boiron appelle à rejoindre les « 670 000 français qui ont déjà manifesté leur soutien à l’homéopathie ». Est-il proposé une nouvelle évaluation de la pharmacopée des hautes dilutions ? Ce contrat de progrès viserait-il à ce que l’homéopathie soit enfin traitée à égalité avec les autres prétendants à des résultats thérapeutiques, à savoir une évaluation scientifique selon des protocoles reconnus ? Sans aucun doute alors pourrions nous parler de progrès.

Mais en réalité, d’évaluation, il n’en est toujours pas question. Ce que revendique cet appel est tout simplement le maintien et l’extension d’un statut d’exception particulièrement avantageux pour l’industrie homéopathique. En effet, dans sa quête d’économies, le gouvernement a procédé au déremboursement partiel ou total de certains médicaments (voir le n° 260 de Science et pseudo-sciences, la revue de notre association), l’homéopathie passant ainsi d’un taux de 65% à 35% (décret du 18 décembre 2003), faute d’efficacité thérapeutique établie. Les Laboratoires Boiron voyant une perte potentielle de gain (et aussi de crédibilité) revendique, et on les comprend, le rétablissement du taux de 65%. Mais ce n’est pas tout. Du fait que son efficacité thérapeutique n’est pas prouvée selon les méthodes en vigueur pour les médicaments, la prescription homéopathique n’est pas autorisée à l’hôpital, un marché important que convoite le Laboratoire. C’est pourquoi l’appel lancé par Christian Boiron souhaite voir levée cette interdiction. Au nom de quels arguments ? Faute d’évaluation positive, et évitant de réclamer de nouvelles études, Boiron met en avant « l’excellence de la formation médicale homéopathique française », le « leadership de la recherche fondamentale française », « le dynamisme des laboratoires homéopathiques français ». Et pour cause, l’homéopathie reste encore bien un phénomène franco-français, (bien que ces dernières années, l’attrait du « naturel non intrusif » ait commencé à séduire outre-Atlantique). Quant à la recherche menée dans les Laboratoires Boiron, la seule vraiment efficace semble être celle en marketing avec l’organisation, fait très rare pour une industrie, d’un courant d’opinion pour défendre les intérêts de leurs actionnaires.

Mais au nom de l’excellence française, nous pourrions proposer d’autres spécialités exportables où la France est à la pointe : la graphologie, l’astrologie !

La sécurité sociale mérite vraiment mieux que ces soi-disant défenseurs. Il y a même une certaine absence de pudeur à affirmer « Douce, économique, l’Homéopathie est un allié pour la Santé, une chance pour la Médecine et un atout pour la Sécurité Sociale », au moment où de vrais traitements, de vraies structures médicales éprouvées se voient parfois remises en cause, en tout cas menacées.
L’AFIS rappelle que l’homéopathie n’a jamais pu faire la preuve d’une efficacité thérapeutique autre que celle de l’effet placebo. Elle estime en outre que c’est une pratique qui peut présenter des dangers, notamment quand elle retarde le recours à des traitements aux effets curatifs reconnus et que l’idée qu’elle contribuerait aux économies sur les dépenses de santé est très contestable, voire fallacieuse. Le premier acte d’un « contrat de progrès » serait que les laboratoires homéopathiques se plient aux contraintes de l’évaluation scientifique. C’est pourquoi l’AFIS réclame de nouveau que soit levé le statut d’exception qui dispense les médicaments homéopathiques de la procédure d’AMM (autorisation de mise sur le marché) prouvant le bénéfice thérapeutique avant toute commercialisation.


Partager cet article