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Oxygénothérapie ambulatoire : Match nul

Publié en ligne le 2 mai 2006 -
par Marc Ouellet

Deux pugilistes, un combat à la loyale et aucun vainqueur. C’est ainsi qu’on peut décrire le débat contradictoire sur l’oxygénothérapie ambulatoire. Comme au hockey, les deux arbitres n’ont même pas eu à intervenir.

Dans le coin gauche, Christian Préfaut, pneumologue et physiologiste, responsable des services centraux de physiologie clinique du CHU de Montpellier, en France. Dans le coin droit, Yves Lacasse, pneumologue au département de pneumologie de l’Hôpital Laval.

L’utilité de l’oxygénothérapie n’est pourtant plus à démontrer. Depuis 25 ans, de nombreuses études prouvent qu’elle prolonge et améliore la vie des personnes atteintes de la maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC). Il s’agit plutôt de déterminer si les patients tirent vraiment profit de la source d’oxygène mobile qui les accompagne dans leurs déplacements.

Le professeur Préfaut croit que oui. Selon lui, l’oxygénothérapie mobile est indiquée chez les personnes souffrant d’une capacité pulmonaire réduite dont le niveau d’oxygène dans le sang tombe sous un seuil critique pendant un exercice physique. Ce qui est le cas pour la moitié d’entre elles. Les conséquences funestes : augmentation des risques d’accidents cardiovasculaires et de lésions corticales.

Le docteur Lacasse quant à lui, n’est pas convaincu que l’oxygénothérapie ambulatoire augmente véritablement la qualité de vie des malades. On lui accorderait trop de bienfaits sous l’influence d’études démontrant une augmentation de l’efficacité de ce traitement en fonction du nombre d’heures d’utilisation quotidienne. Mais, fait-il remarquer, ses propres recherches indiquent que les patients passent très peu de temps à l’extérieur même quand des moyens d’oxygénothérapie ambulatoire sont mis à leur disposition, ce qui n’augmente pas de manière significative leur autonomie ni leur condition physique.

Les deux chercheurs, qui débattaient en mai lors du 4e Symposium de Québec sur la prévention cardiorespiratoire, conviennent que la question est loin d’être résolue et qu’un des principaux problèmes réside dans le fait que certains patients réagissent bien à l’oxygénothérapie dans un contexte d’entraînement tandis qu’elle est sans effet chez d’autres. Enfin, ils s’accordent à reconnaître la nécessité de poursuivre les recherches pour identifier les malades qui bénéficieraient le plus de l’oxygénothérapie ambulatoire.


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