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Était-ce mieux avant ?

Publié en ligne le 4 mai 2017 - Environnement et biodiversité -

À en croire de nombreux articles, reportages et documentaires, nous serions à la veille d’une catastrophe écologique et sanitaire sans précédent. De nombreuses voix prônent un retour en arrière et une décroissance présentée comme indispensable. Le passé acquiert une image idyllique : « c’était mieux avant ». Difficile de savoir exactement ce que nous réserve demain… Mais qu’en est-il de ce passé pas si ancien, celui de nos parents et grands-parents ? Était-ce vraiment mieux avant ?

Le Point du 3 novembre 2016 consacre un dossier très intéressant, à l’occasion de la sortie du livre de Johan Norberg (Progrès : 10 raisons de se réjouir de l’avenir, en anglais et non encore traduit en français), qui s’attaque à quelques idées reçues fréquemment rencontrées. Dans un long entretien, Johan Norberg rappelle que chaque période avait ses craintes, parfois effrayantes, que l’on a tendance à oublier. Dans les années 1950, il y avait la peur d’un conflit nucléaire imminent, les « usines japonaises menaçant les nôtres »… Il y avait également la « bombe démographique » qui, avec des rendements agricoles qui ne sauraient pas suivre, allait entraîner des famines annoncées. La révolution verte a apporté les rendements et la natalité s’est régulée dans de nombreux pays : « on a réduit l’extrême pauvreté de 1,25 milliards depuis 25 ans alors même que la population mondiale a augmenté de 2 milliards de personnes ». Le progrès, malgré les inégalités qui progressent, peut profiter à un grand nombre. S’il est difficile d’inventer un vaccin contre la rougeole, souligne Johan Norberg, une fois créé, « il est facile de l’utiliser à travers le monde ». Et de rappeler qu’« en 1800, pas un seul pays au monde n’avait une espérance de vie supérieure à 40 ans ; aujourd’hui, pas un seul pays n’a une espérance de vie inférieure ». Johan Norberg fait le même constat à propos de l’environnement, même si, selon lui, c’est plus contre-intuitif. Il rappelle bien entendu des problèmes réels auxquels nous sommes aujourd’hui confrontés (comme le réchauffement climatique), mais décrit ceux que nous avons complètement oubliés : « en décembre 1952, le grand smog a tué près de 12 000 personnes à Londres » alors qu’« aujourd’hui, l’air londonien est aussi propre qu’au Moyen-âge », « la forêt européenne croît à un rythme annuel de 0,3 % » et si la déforestation continue en Indonésie et au Brésil, « le taux mondial de déforestation annuel a ralenti passant de 0,18 % à 0,0009 % depuis les années 1990 ». L’entretien se poursuit avec les vues de Johan Norberg sur des sujets économiques, sociétaux et politiques, et sa vision libérale que l’on pourra partager ou non…

Le journal Le Point complète cet entretien par de nombreuses planches illustrées rappelant quelques chiffres-clés sur l’espérance de vie à la naissance, la baisse de 37 % du nombre annuel de nouveaux cas de paludisme entre 2000 et 2015, l’augmentation des dépenses nationales de santé par habitant et par an dans le monde, la régression de l’extrême pauvreté, de la malnutrition enfantine, de la mortalité infantile ou de la scolarisation dans le monde et bien d’autres qui montrent que tout ne va pas forcément au plus mal dans le pire des mondes. Rappeler ces faits, ce n’est pas rendre plus supportables les injustices et souffrances existantes, ce n’est pas minorer les problèmes qui sont devant nous, mais cela permet de mieux préciser ce à quoi l’on s’attaque.

Des points de vue de diverses personnes, philosophes, médecins, essayistes viennent compléter le propos. C’est un dossier où l’on n’adhère pas forcément à tout, mais qui a le mérite de rappeler que le progrès et la science peuvent nous aider, dans le futur, comme ils l’ont fait dans le passé, à résoudre quelques-uns des problèmes majeurs qui se posent à l’humanité.

Publié dans le n° 319 de la revue


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L' auteur

Jean-Paul Krivine

Rédacteur en chef de la revue Science et pseudo-sciences (depuis 2001). Président de l’Afis en 2019 et 2020. (...)

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