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Exposition des enfants aux radiofréquences : les biais de l’ANSES dans la restitution de son expertise

Publié en ligne le 16 septembre 2016 - Ondes électromagnétiques -

L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) a rendu public (8 juillet 2016) un rapport d’expertise collective intitulé « Exposition aux radiofréquences et santé des enfants » 1.

Les conclusions sont finalement à la fois rassurantes et assez conformes à ce qui était déjà connu. L’expertise de l’ANSES confirme que les données disponibles ne permettent pas de conclure à un effet des radiofréquences chez l’enfant concernant le comportement, les fonctions auditives, les effets tératogènes et le développement, le système reproducteur mâle et femelle, les effets cancérigènes, le système immunitaire ou la toxicité systémique. Malgré toutes les campagnes associatives et les articles de journaux, l’agence écarte les effets cancérigènes ou les malformations.

Ensuite, si des effets sur le bien-être sont constatés, il est souligné que ceux-ci « pourraient cependant être liés à l’usage du téléphone mobile plutôt qu’aux radiofréquences qu’ils émettent ». De façon générale, ce « biais de confusion » est omniprésent (attribuer aux ondes des effets qui sont en fait liés au mauvais usage par les enfants des outils mobiles, « un usage problématique du téléphone mobile »). Dans ce contexte, les experts notent malgré tout « un effet possible » des radiofréquences sur les fonctions cognitives en nuançant cependant par le fait que « dans les études humaines cliniques et épidémiologiques » et « sur des modèles animaux », « les éléments de preuve sont limités » 2. Et, ce n’est pas un mince détail, en notant la « divergence des résultats des études épidémiologiques et expérimentales […] concluant soit à une absence d’effet soit à une amélioration des performances ». Bref, l’effet sur les fonctions cognitives pourrait être… positif.

Comment comprendre, alors, le communiqué de presse de l’ANSES, bien plus alarmiste 3, mettant en avant le lien entre l’exposition aux radiofréquences et le souhaitable « usage modéré et encadré des technologies sans-fil », attirant l’attention, dans les sous-titres, sur « des effets possibles », « des enfants exposés de plus en plus tôt », mais pas sur l’information rassurante relative aux effets cancérigènes ou tératogènes ?

Dès lors, la couverture médiatique n’a rien de surprenant : « Alerte sur les dangers des radiofréquences pour les enfants » (Le Monde), « Portable, tablette : les ondes dangereuses pour le cerveau des enfants » (L’Express), « Les ondes ne sont pas sans effet sur la santé des enfants » (FranceTVinfo).

1 « éléments de preuve […] limités dans les études cliniques et épidémiologiques », qui « ne permettent pas de conclure à l’existence d’un effet chez l’animal de laboratoire ou que l’on ne dispose pas de données de qualité » (rapport ANSES).

2 « Exposition aux radiofréquences et santé des enfants ». Avis de l’Anses, Rapport d’expertise collective, juin 2016. Sur le site ANSES

3 « Exposition des enfants aux radiofréquences : pour un usage modéré et encadré des technologies sans-fil », Communiqué ANSES du 8 juillet. Sur le site ANSES

Publié dans le n° 318 de la revue


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L' auteur

Jean-Paul Krivine

Rédacteur en chef de la revue Science et pseudo-sciences (depuis 2001). Président de l’Afis en 2019 et 2020. (...)

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