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Développons les nanomatériaux !

Publié en ligne le 10 septembre 2014
Développons les nanomatériaux !
Sophie Carenco

Éditions Rue d’Ulm, sciences durables, 2012, 67 pages, 7,50 €

Voilà un petit livre qui se confondrait presque avec son sujet : un « nano-livre », qui réussit, malgré sa petite taille, à être fort instructif ! Il fait partie d’une collection lancée récemment pour, « loin des lieux communs, [offrir au développement durable] des essais originaux ». Six personnalités 1 font office de comité scientifique de cette collection, ce qui est à saluer car il est devenu bien rare que des éditeurs tentent ainsi de crédibiliser leur production 2.

Dans le cas de cet opus, seul le titre pourrait ne pas vraiment convenir, car bien plus que le plaidoyer qu’il semble annoncer, et que le point d’exclamation renforce encore de sa vigueur un peu militante, il s’agit plutôt d’un ouvrage qui pourrait par exemple s’appeler Les nanos pour les nuls.

En effet, Sophie Carenco 3 présente les nanotechnologies ou les nanosciences (prenant d’ailleurs le temps d’expliquer ces termes pas si faciles à manier) dans toutes leurs dimensions, si j’ose dire… Elle expose d’abord les percées scientifiques à l’œuvre dans ces nouveaux domaines difficiles à cerner, car multidisciplinaires : toujours à la croisée de la physique, de la chimie, de la science des matériaux, de biologie ou de la médecine. Elle montre également comment s’est mal engagée la communication sur ces sujets, avec un mélange de science-fiction, de promesses exagérées, mais également de peurs infondées qui ont immédiatement surgi.

Dès lors, les ouvrages de ce genre sont absolument indispensables, car ils remettent les choses à leur place. Les dangers des nanotechnologies sont exposés avec la plus grande rigueur, sans les minimiser, mais en expliquant ce qu’il faut faire pour les contrôler. On est souvent assez inquiet, d’ailleurs, car Sophie Carenco ne cache rien des difficultés, notamment économiques, qui pourraient survenir : certaines précautions nécessaires ou même simplement les études à mener sont extrêmement coûteuses, et un des enjeux est de simplifier les procédures.

Mais au moins, les fantasmes sont évacués, et on peut réfléchir « calmement » à ces problèmes nouveaux. L’auteur nous montre d’ailleurs avec clarté tout l’intérêt qu’il peut y avoir à les affronter sans peur. Un livre un peu pointu, certes, mais tout de même accessible, que l’on peut conseiller à tous ceux que le sujet intéresserait, pour se faire une idée dépassionnée de cette question.

1 Bernard Hubert, écologue, Pierre-Benoit Joly, sociologue et économiste, Claude Kergomard, géographe, Jean-François Le Gaillard, biologiste et écologue, Hervé Le Treut, climatologue, et Florence Weber, sociologue.

2 Ce type de démarche est intéressante, car, comme le souligne Franck Ramus dans l’article « Comprendre le système de publication scientifique » (SPS n°308), le problème de l’édition généraliste, c’est que le seul critère de publication d’un texte, c’est qu’il puisse se vendre. Les critères de méthodologie, de validité scientifique n’entrent pas en ligne de compte. Ce type d’édition ne peut pas répondre aux exigences de la publication scientifique.

3 Sophie Carenco est ancienne élève de l’École polytechnique et docteur de l’UPMC en chimie. Elle a rédigé cet ouvrage au cours de son doctorat au laboratoire de Chimie de la matière condensée de Paris (Collège de France) et au laboratoire Hétéroéléments et Coordination (École polytechnique). Elle poursuit actuellement sa formation dans le domaine des nanosciences au Lawrence Berkeley National Laboratory en Californie.