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Arrêtons d’avoir peur !

Publié en ligne le 23 janvier 2013
Arrêtons d’avoir peur !

Maurice Tubiana
Michel Lafon, 2012, 251 pages, 18,50 €

Maurice Tubiana, cancérologue, répertorie et réfute dans ce livre les peurs diverses qui se manifestent dans notre société à l’encontre de la plupart des évolutions techniques actuelles.

Le sujet est vaste ! L’auteur examine dans les premiers chapitres les divers domaines où sévit cette peur cultivée par des politiques ou des idéologues. Les points essentiels abordés sont les pesticides, les OGM, l’alimentation, la pollution, le nucléaire, les ondes électromagnétiques. La question des gaz de schistes est brièvement abordée. Un oubli : les nanotechnologies.

Ces sujets Les thèses présentées sont ceux celles que nous défendons. Les arguments de l’auteur sont solides et bien étayés, spécialement dans les domaines de sa compétence, par exemple la radioprotection et plus généralement tout ce qui touche à la santé et à la médecine. On peut relever quelques approximations dans sa description des techniques nucléaires mais cela n’entache en rien la pertinence de ses conclusions.

Les trois derniers chapitres sont consacrés à une approche synthétique de ces questions

Le chapitre 9, « Les marchands de peur », analyse l’omniprésence de la peur dans nos sociétés, peur exploitée et attisée pour des raisons politiques ou mercantiles, peur qui plaît aux médias car le catastrophisme augmente leur audience. L’auteur n’hésite pas à critiquer les excès des conséquences attribuées au réchauffement climatique anthropique, dont il ne nie du reste pas la réalité. Il aborde d’autres craintes, par exemple la surpopulation, dont il récuse les dangers. Il critique aussi le mythe, largement répandu et contredit par les faits, de la « nature » bienfaisante, opposée aux artefacts humains, présentés comme dangereux et malfaisants. Il regrette le silence, face à ces attaques, des scientifiques compétents et la lâcheté des pouvoirs publics, intoxiqués et apeurés par une propagande omniprésente.

Le chapitre 10 est consacré au principe de précaution. Dans sa version dure, celle maintenant inscrite dans notre Constitution, ce principe est jugé excessif par l’auteur, car opposé à une analyse rationnelle des risques. L’auteur donne de nombreux exemples : la grippe A, les dangers exagérés des cendres du volcan islandais, le veau aux hormones.

Le chapitre 11 présente une analyse sociale des peurs, des rejets aveugles de tout progrès. Manipulations, défenses d’intérêts, conséquences de choix politiques, catastrophisme des médias visant à accroître leur audience ? L’auteur s’interroge. L’analyse qu’il fait de l’action de diverses ONG opposées aux progrès est sans complaisance. Il va jusqu’à se demander quelle est l’origine des fonds utilisés pour leur propagande et les vraies finalités de ces véritables religions anti-science. La réaction des autorités et des organisations compétentes est molle, incertaine. L’auteur appelle à réagir, en particulier en améliorant l’éducation scientifique.

Même s’il est parfois excessif, ce livre apportera des éléments de qualité à ceux qui souhaitent lutter contre la désinformation qui sévit dans les domaines qu’il aborde.