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L’énigme des crânes de cristal

Publié en ligne le 20 décembre 2012
L’énigme des crânes de cristal
Un mythe moderne ?

Denis Biette
Book-e-book, 2012, 89 pages, 11 €

« Lorsque beaucoup de personnes se persuadent qu’un objet est magique, peut-être celui-ci le devient-il effectivement » 1.

Nous vous avons déjà entretenu des nouvelles sur la fin du monde annoncée pour le 21 décembre 2012 2. Une version de cette prédiction, en lien, parait-il, avec une légende maya, fait référence à la réunion, à cette date, de treize crânes de cristal de roche. Ils délivreront, alors, dit-on dans certains milieux, des informations essentielles à la survie de l’homme

C’est l’histoire de ces fameux crânes, popularisés en 2008 par le quatrième épisode des aventures cinématographiques d’un célèbre archéologue-aventurier, Indiana Jones et le Royaume du crâne de cristal, que Denis Biette présente dans ce 19e opus de la collection Une chandelle dans les ténèbres dirigée par Henri Broch. Zététicien, lui aussi, et spécialiste d’archéologie, l’auteur remonte la trace de quatre des principaux crânes en quartz : ceux conservés dans de prestigieuses institutions (le musée du Quai Branly, le British Museum, la Smithsonian Institution) et surtout celui que son propriétaire, l’aventurier britannique Frederick Albert Mitchell-Hedges (1882-1959), puis la fille adoptive de celui-ci, Anna Mitchell-Hedges (1907-2007), ont entouré de mystérieux pouvoirs surnaturels.

En mobilisant les études scientifiques récentes réalisées sur certains crânes, D. Biette montre que leur origine est plutôt à rechercher du côté d’artisans mexicains voire européens, du XIXe ou même du XXe siècle, que dans les traditions lapidaires précolombiennes. L’enquête nous plonge, alors, dans le milieu des antiquaires, pourvoyeurs de pièces pour les musées mais aussi dans les publications des américanistes de la première moitié du XXe siècle. Car, d’emblée, aucune propriété fabuleuse n’est attribuée à ces crânes.

À travers l’histoire de ce « mythe moderne », on aborde, donc, d’une part, le caractère protéiforme du mystérieux et sa faculté à s’adapter aux circonstances, aux informations et aux découvertes nouvelles et, d’autre part, l’élaboration, peu à peu, d’une légende contemporaine ancrée sur de prétendus pouvoirs extraordinaires venus des temps anciens.

On trouvera dans ce livret une très bonne mise au point sur ces crânes, somme tout, d’actualité.

1 Propos attribués à l’enquêteur du paranormal, Christopher O’Brien, qui s’était beaucoup investi dans l’ « étude » du crâne de Crestone avant que son origine ne soit établie : un rebut de fabrication d’une série de crânes en verre réalisée par un artisan de Denver (p. 80-81) !

2 Jean Günther en juillet 2009 dans SPS n° 286, 2012, la fin du monde ? puis Brigitte Axelrad en avril 2011 dans SPS n° 295, La fin du monde en 2012 ? .