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L’Homme, l’Animal et la Machine

Publié en ligne le 12 octobre 2011
L’Homme, l’Animal et la Machine

Georges Chapouthier, Frédéric Kaplan
CNRS Éditions, 2011, 224 pages, 19 €

Dans tous les cas, animaux et machines ont ceci de commun : nous nous redéfinissons à leur contact.

(p. 217)

Un grand souci de construction semble avoir animé les auteurs, Georges Chapouthier, biologiste et philosophe de la biologie 1 et Frédéric Kaplan, ingénieur spécialiste de l’intelligence artificielle et des interfaces homme-machine. En effet, le rapport de l’homme, respectivement avec l’animal et la machine, fait l’objet d’un aller-retour permanent, d’un effet ping-pong très agréable à la lecture. L’utilisation ingénieuse de deux polices typographiques différentes est d’ailleurs une excellente idée pour aider le lecteur à se repérer. Trois grandes parties structurent l’ouvrage (les aptitudes, les relations avec l’être humain, et jusqu’où la spécificité de l’homme) et chaque chapitre explore un aspect précis de l’existence. « Apprentissage », « curiosité », « douleur », « morale », « culture », « rire » ou encore « âme », telles sont parmi beaucoup d’autres autant de pistes explorées par les auteurs pour mieux cerner la spécificité humaine.

Car c’est bien là l’originalité principale du livre : comme l’indique l’exergue, cette confrontation « homme/animal » et « homme/machine » est surtout une réflexion sur l’homme. Certains chapitres apparaissent parfois un peu tirés pas les cheveux, car les auteurs veulent garder toujours une parfaite symétrie. De ce fait, le chapitre « douleur » ou le chapitre « morale » peuvent apparaître un peu saugrenus, parlant des machines 2… Mais la plupart du temps, la pertinence de la démarche ne fait aucun doute.

Cependant, un aspect du livre s’avère surprenant : il arrive fréquemment que les auteurs utilisent la fiction pour élaborer leurs réflexions. Ils parlent volontiers des fables ou d’autres récits pour évoquer les animaux, ou de la science-fiction pour illustrer un propos sur les machines ou les robots. On est donc un peu décontenancé par des prises de position, parfois importantes, qui se baseraient sur l’imaginaire d’un auteur plutôt que sur la réalité ! Comment fonder des notions sur l’imagination ?... C’est que, pour les auteurs, la division du cerveau humain en deux hémisphères aux tâches assez différentes est un aspect fondamental de notre fonctionnement, même s’ils prennent bien soin de rappeler que les choses ne sont pas aussi clairement tranchées. Schématiquement, l’hémisphère gauche est le siège du langage et de la rationalité, et le droit est plutôt dévolu aux images, aux formes et aux émotions (par extension à l’imaginaire et à l’art). Pour les auteurs, cette puissance du cerveau humain, cette double appréhension du monde, sont à l’origine de ses performances exceptionnelles.

Au total, les auteurs offrent un bel ouvrage, un peu technique, mais tout à fait lisible, susceptible d’intéresser tout un chacun, puisqu’il parle de sujets qui nous touchent tous, à commencer par nous-mêmes...

1 Une discipline dont l’existence nous avait échappé jusqu’ici, avouons-le…

2 Quoique les auteurs aient beaucoup à en dire !


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Auteur de la note

Martin Brunschwig

Martin Brunschwig est membre du comité de rédaction de (...)

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