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DES COMMANDOS DE « L’INSPECTION CITOYENNE » (ANGERS, France) AUX MILICES DE DESTRUCTEURS VOLONTAIRES (WETTEREN, Belgique)

Publié en ligne le 19 septembre 2011 -

Association Française pour l’Information Scientifique

Communiqué du 19 septembre 2011

En 2001, il y a dix ans, José Bové était condamné à six mois de prison ferme pour le saccage de la serre de confinement du Centre de Coopération internationale en Recherche agronomique pour le Développement (CIRAD) à La Valette, près de Montpellier. Les contrevenants prétendaient que leur action « visait à dénoncer les dérives de la recherche publique française en matière d’OGM ». Dans les motivations du jugement condamnant José Bové le tribunal notait que “les prévenus persistent à légitimer l’action qui leur est reprochée par un discours infondé et ne manifestent pas l’intention de recourir à tous autres moyens d’expression”.

En 2011, ce double constat judiciaire peut être renouvelé. Le discours anti-OGM reste inchangé alors que ses fondations scientifiques restent inexistantes : aucun programme de recherche destiné à évaluer la sécurité sanitaire et environnementale des OGM n’a pu porter un quelconque crédit aux craintes véhiculées par les professionnels de la communication catastrophiste ; plusieurs OGM agréés et commercialisés sont consommés massivement par un nombre considérable d’animaux depuis plus de dix ans sans aucun effet néfaste ; aucun problème sanitaire, pas même un mal de tête, n’a toujours pu être imputé à la production et à la consommation croissante d’aliments issus de l’agriculture biotechnologique à l’échelle planétaire.

Le sabotage de la recherche continue : on ne compte plus les actes de destructions, de menaces voire de violences contre des personnes qui sont perpétrés à l’encontre de la recherche publique comme privée sur les plantes génétiquement modifiées en Allemagne, au Royaume-Uni, en France, en Belgique et en Suisse quand bien même les conditions de réalisation de tous ces essais aient recueilli un avis favorable des instances scientifiques chargées d’évaluer les risques et les autorisations des autorités publiques concernées. Contrairement au discours officiel répété à l’envi suivant lequel « nous sommes pour la recherche mais contre les OGM commercialisés » les destructeurs volontaires traquent sans relâche tous les plans de recherche tant publique que privée. C’est ainsi qu’à la suite d’un énième saccage, le 2 juillet 2008, José Bové félicitait encore publiquement « les faucheurs qui ont été capables de neutraliser quatre parcelles d’essais » et ajoutait : « Il reste quelques essais à travers le territoire. On va s’en occuper, le travail devrait être fait ». Du saccage des plants de vignes du plan d’essai de l’INRA contre la maladie du court-noué (15 août 2010, Colmar) à celui du champ expérimental de pommes de terre contre la maladie du mildiou (29 mai 2001, Wetteren, Belgique), les groupes de destructeurs volontaires continuent leur traque sans relâche.

Dernière en date : « l’inspection citoyenne » : le concept d’inspection citoyenne a été développé dans le cadre de la mobilisation contre les armes de destruction massive. Le manuel de l’inspection citoyenne que l’on trouve en ligne explique que ceux qui y ont recours doivent expliquer, notamment aux médias, qu’ils ont délibérément « commis ce qui serait normalement un délit mineur dans le but d’empêcher un délit bien plus important ou une énorme catastrophe » 1. Des arracheurs d’OGM sont venus demander des comptes aux chercheurs d’un laboratoire de l’INRA à Angers. Les instituts de recherche ont des missions définies précisément par leur tutelle. Les projets de recherche sont étroitement encadrés et évalués. Ils n’ont aucunement besoin d’être contrôlés par des inspecteurs autoproclamés qui n’ont pas le moins du monde une vision globale de la recherche. Ces personnes n’ont donc rien à faire dans les laboratoires, sinon, si elles le souhaitent, de venir paisiblement quérir des informations qui ne leur seront pas refusées.

De plus en plus audacieux : des arracheurs s’en sont récemment pris à des champs de tournesols obtenus par des mutations chimiques destinées à obtenir des variétés résistantes à un herbicide, sans devoir recourir à la sélection classique trop lente ou à la transgenèse. Les plants de tournesol obtenus par ce procédé classique en agriculture, ont été dénommés OGM cachés pour justifier leur destruction 2. Nous sommes là à un niveau de confusion et de démagogie que l’on ne croyait pas possible.

La contamination des esprits : La mission des organismes de recherche publique dans le domaine agronomique consiste à inventer de nouvelles méthodes, à les valider et à permettre leur utilisation pratique en agriculture. Bon nombre de chercheurs sont soumis à de telles pressions qu’ils ont fini par intégrer l’idée que les OGM c’est le mal. Ces chercheurs sont de facto victimes d’une autocensure paralysante qui par rétroaction va jusqu’à dissuader les étudiants de s’engager dans les domaines de biologie et biotechnologie végétale. Il n’y aura bientôt plus d’experts dans ces domaines, ce qui diminuera notre possibilité de faire des choix éclairés. De leur côté, certains agriculteurs, manifestement très intéressés par les OGM, hésitent à s’exprimer de peur de représailles. Il en est de même pour certains magasins britanniques où l’on ne trouve plus la purée de tomates transgéniques pourtant bien appréciée des consommateurs en raison de son prix réduit.

Une minorité d’activistes continuent donc à imposer sa loi. Leurs projets politiques affichés sont flous et tellement basés sur des contrevérités qu’ils ne sont pas crédibles.

Paris, le 19 septembre 2011

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