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Cinq réponses à un amateur d’astrologie

Publié en ligne le 12 juillet 2004 - Astrologie -

Que valent les horoscopes ?

On nous offre régulièrement des horoscopes... Pierre est Taureau, Paul est Scorpion... Cela indiquerait des traits de caractère de l’un ou de l’autre. Cela orienterait même son avenir... Or, qu’est-ce que cela veut dire : « Pierre est Taureau » ? Cela veut dire que quand Pierre est né, le Soleil, qui parcourt le ciel constellé en une année, se trouvait dans la région du ciel qu’occupe le signe du Taureau. Le caractère de Pierre, selon l’horoscope, est calqué sur ceux qu’on prête à l’imaginaire mythique brodé autour de l’image de la constellation astronomique du Taureau... Or le Taureau, constellation, était dans le signe du Taureau il y a deux mille ans il n’y est plus maintenant... Maintenant c’est le Bélier qui s’y trouve ! Cet horoscope simpliste est donc une mystification. Que valent les horoscopes dans de telles conditions ? Rien !

Certains astrologues ne tiennent-ils pas compte des données de l’astronomie ?

Les astrologues les plus savants en astronomie tiennent compte du glissement des constellations par rapport aux signes du Zodiaque, un glissement qui se continue, depuis 2000 ans que l’on a défini l’astrologie sous sa forme actuelle. Mais tiennent-ils compte de ce qu’il y a treize, et non douze, constellations traversées par le Soleil en un an ? La treizième, entre Scorpion et Sagittaire, c’est Ophiucus, le Serpentaire... Savent-ils, ces savants astrologues, que le Soleil reste près de deux mois dans la constellation de la Vierge, à peine 10 jours dans celle du Scorpion, et le reste à l’avenant ? Que veulent donc dire ces horoscopes qui classent les gens en tranches d’un mois, chaque mois en trois décans ? Rien... Encore une mystification ! L’horoscope, même celui qui tient compte du glissement des constellations, n’a aucun sens.

Les astres ont-ils une action sur les hommes ?

L’astrologie suppose une action des astres sur les hommes. Ceci était raisonnable au moyen âge, quand on croyait que les étoiles étaient des lampes fixées sur une voûte cristalline mobile. La hauteur de cette voûte était assez faible pour qu’on pût loger les dieux au delà. Aujourd’hui, on sait que les distances sont considérables. La lumière parcourt, en une seconde, 300 000 km, le Soleil est à 150 millions de km de nous, - huit minutes de lumière ! Les plus proches des étoiles sont à des années de lumière, 10 000 100 000 fois plus loin que le Soleil et les planètes. Le ciel constellé, loin de nous, est aussi profond. Les constellations ne sont qu’apparences, effets de perspective. Deux étoiles du Taureau, par exemple, sont à des distances de nous très différentes bien qu’elles appa-raissent proches sur le ciel. Les dessins qui ont donné leur nom aux constellations sont artificiels. Vues d’un autre point de l’Univers, aucune de ces représentations pittoresques ne se maintiendrait... Par ailleurs, les Chinois donnent d’autres noms aux constellations. Le destin des Chinois obéirait-il aux astres d’une façon différente du nôtre ?

Y aurait-il des correspondances entre les signes du Zodiaque et les parties du corps humain ?

On justifie souvent l’astrologie en invoquant les correspondances mystérieuses entre les signes du Zodiaque et les parties du corps humain... Le cœur serait gouverné par le Lion, le sexe par le Scorpion, les pieds par les Poissons... La médecine du moyen âge a largement utilisé (à tort !) ces correspondances, et elle ne soignait pas grand-chose. Cela avait un sens il y a mille ans. Ciel et Terre étaient complémentaires, mais essentiellement différents : le monde des hommes est périssable, fragile ; il est dominé par le monde du ciel, éternel et puissant... Ce genre d’idées ne tient plus dés lors que nous savons que la nature physico-chimique des astres est la même que celle des êtres vivants : hydrogène, oxygène, carbone..., tout cela constitue la matière des étoiles, celle du Soleil celle des hommes. Il n’y a pas de correspondance ou d’analogie mystérieuse. L’unité de la nature est profonde, réelle et non fantastique. Et cela élimine ces analogies sans signification, sous-jacentes pourtant à toute astrologie...

Et le rôle des planètes ?

Les planètes jouent dans l’astrologie qui se dit « savante » un grand rôle... Mais quelles planètes ? Quand l’astrologie s’est codifiée... il y a plus de deux mille ans, on connaissait 5 planètes, Mercure, Vénus, Mars, Jupiter et Saturne... Uranus, Neptune ou Pluton n’avaient donc pas d’influence avant leur découverte récente ? Aujourd’hui, on connaît autour du Soleil 8 grosses planètes, des milliers de petites, quelques satellites de même nature et de même taille que Mercure ou Vénus, et beaucoup de plus petits. Il y a dans le ciel des milliards de soleil comparables au nôtre, des milliards de planètes comparables aux nôtres... Et pensez que Mars, par exemple, est à une distance de nous qui varie d’un facteur 5 d’une année à l’autre ! Toutes ces planètes, à toutes ces distances de nous, ont-elles une influence ? Pourquoi pas, si l’on croit à l’influence de certaines d’entre elles ? La vérité est que l’astrologie planétaire n’a pas plus de valeur que l’astrologie zodiacale et qu’elles ne sont que de la poudre aux yeux...

Publié dans le n° 258 de la revue

Publié dans le n° 287 - Hors-série de la revue


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L' auteur

Jean-Claude Pecker

Jean-Claude Pecker (1923-2020) a été astrophysicien, professeur au Collège de France et membre de l’Académie des (...)

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