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Une influence de l’horoscope sur la santé des Blancs et des Chinois en Californie

Publié en ligne le 19 novembre 2009 - Astrologie -

Extrait d’un article paru dans le n° 206, novembre 1993.

Des chercheurs de l’université de San Diego, en Californie, ont mis ces faits en évidence dans une étude des plus sérieuses, publiée par le prestigieux journal médical Lancet du 6 novembre 1993, et citée en France par Le Quotidien du médecin.

L’étude a porté sur les registres de décès de 28 169 Sino-Américains et 412 632 Blancs entre 1969 et 1990. Le premier groupe est représentatif de la population chinoise de Californie, qui vit souvent dans des communautés relativement fermées, et très attachées à ses croyances. Précisément, l’astrologie chinoise affirme que le destin d’un individu est marqué par son année de naissance, chaque année étant associée à un élément (feu, terre, métal, eau et bois). Certains éléments prédisposeraient à certaines maladies (par exemple, 1907, année de la terre, favoriserait les tumeurs, alors que 1908, année du feu, favoriserait les maladies cardiaques).

Les auteurs de l’article du Lancet ont soigneusement étudié la corrélation de l’année de naissance avec la longévité des patients atteints de la pathologie correspondante. Ils ont mis en évidence que les Chinois atteints d’un cancer du poumon et des bronches sont morts en moyenne à 66,35 ans quand ils étaient nés dans les années « terre » (prédisposant aux tumeurs), et à 67,46 ans pour les natifs d’autres années. De même, les années « feu » sont négatives pour les malades cardiaques, dont l’espérance de vie est inférieure de 1,22 années, en conformité avec les affirmations de l’astrologie chinoise.

Troublant ! Mais que nos adeptes de l’astrologie n’y voient pas une confirmation de leur foi. La même étude faite sur l’échantillon des 412 632 Blancs nés dans des conditions analogues à l’échantillon chinois, ne montre aucun effet de l’année de naissance. À moins de prétendre que l’influence des astres s’exerce seulement sur ceux qui y croient, ces résultats confirment bien que c’est la croyance qui est responsable des variations de longévité. Elle souligne la complexité de l’action des facteurs psychologiques sur la maladie, et plus généralement, sur les comportements humains.

Le commentaire accompagnant l’étude publiée par le Lancet s’interroge : « une thérapie dirigée contre le système de croyance aurait-elle pu augmenter la longévité des Chinois ? » Nous ne nous étions pas posé la question, mais peut-être notre modeste revue contribue-t-elle à augmenter l’espérance de vie de ses lecteurs… Une raison supplémentaire pour ne pas oublier de vous réabonner.

Quelle importance ?


En réalité, je dois avouer que je suis légèrement déconcerté par une société dans laquelle 50 % de la population adulte croit à la perception extrasensorielle, 42 % aux maisons hantées, 41 % à la possession par le diable, 36 % à la télépathie, 32 % à la voyance, 28 % à l’astrologie, 15 % au channeling (la possibilité de laisser un esprit prendre le contrôle du corps d’un individu en état de transe), et 45 % à l’exactitude littérale du récit de la Création dans la Genèse (sondage Gallup, 2001). Cependant, c’est une inquiétude bien plus profonde que j’éprouve devant une société où 21 % à 32 % de la population pense que le gouvernement iraquien de Saddam Hussein était directement impliqué dans les attaques terroristes du 11 septembre 2001, 43 % à 52 % que les troupes américaines en Irak ont trouvé des preuves incontestables d’une proche collaboration entre Saddam Hussein et Al-Qaida, et 15 % à 34 % que les troupes américaines ont découvert des armes de destruction massive en Irak (sondage PIPA/Knowledge 2003).

Si la croyance du grand public à la voyance et autres phénomènes du même type me préoccupe, c’est principalement parce que je soupçonne la crédulité dans des domaines mineurs de préparer l’esprit à la crédulité dans des domaines plus graves. À l’inverse, je me demande si le type d’esprit critique qui aide à distinguer la science de la pseudoscience pourrait aussi s’avérer utile lorsqu’il s’agit de distinguer la vérité du mensonge dans les affaires publiques – je ne dis pas qu’il s’agit d’une panacée, absolument pas, mais simplement que cela pourrait être utile.

Alan Sokal, Pseudosciences et postmodernisme, Odile Jacob, 2005. Page 144.

Démonstration de l’efficacité de la pizzalogie

Je ne vous l’avais pas dit ? Je m’adonne à cette technique divinatoire depuis environ deux ans et demi. Bien sûr, je n’en tire aucun profit, car je le fais pour moi et mes amis. Cette discipline, somme toute assez récente – elle a environ deux ans et demi d’existence – s’inscrit dans la tradition d’autres techniques de voyance alimentaire, plus connues comme la lecture dans le marc de thé. Il serait trop long de la décrire en détail. Disons, en gros, que l’on divise la pizza. Le positionnement du pepperonni dans les portions, la concentration de champignons, l’angle que font entre eux les morceaux de piments verts permettent de tirer des conclusions que deux ans et demi de statistiques n’ont pas démenties. Tous ces calculs demandent un travail énorme où l’intuition n’est cependant pas exclue : en ce sens, la pizzalogie n’est pas seulement une science, mais un art. Évidemment, j’entends les sceptiques me demander : « comment la position du pepperonni sur ma pizza peut-elle influencer le destin de l’humanité ? »

Je dirai à ces incrédules que critiquer la pizzalogie sans la pratiquer n’est pas une attitude très scientifique. « Pourquoi les piments verts auraient-ils une influence déterminante puisqu’on ne les retrouve pas dans toutes les pizzas ? » J’avoue que ce point n’a pas été résolu, mais doit-on rejeter la pizzalogie en bloc à cause d’un détail ? Ce que je sais par contre, c’est l’incroyable efficacité des prédictions que permet la pizzalogie.

Je mets au défi les astrologues de produire des prédictions aussi justes que les miennes.
 La fin du mandat d’un président américain coïncidera avec la fin de son couple.
 La famine accentue les tensions entre deux pays africains.
 La côte ouest américaine est secouée par un tremblement de terre, qui pourrait être meurtrier.
 Une percée dans la lutte contre le sida est envisageable.

Cours et consultations personnelles disponibles. Évidemment, tout cela n’est pas gratuit, car il faut énormément de travail... et ça creuse l’appétit.

Michel Bellemare
dans Y croyez-vous ? , Pour en finir avec le paranormal, sous la direction de Pascal Forget (Les sceptiques du Québec), Stanké éditions, 1999.

Publié dans le n° 206 de la revue

Publié dans le n° 287 - Hors-série de la revue


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L' auteur

Jean-Paul Krivine

Rédacteur en chef de la revue Science et pseudo-sciences (depuis 2001). Président de l’Afis en 2019 et 2020. (...)

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